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Menace de fermeture: Pauline Marois s'étonne du ton alarmiste de la société Alcoa

Marois s'étonne du ton alarmiste de la société Alcoa
Pauline Marois, premier of Quebec, speaks during an interview in New York, U.S., on Thursday, Dec. 13, 2012. Marois, premier of Canada's second-most populous province, reiterated her aim to move Quebec toward independence and said it values its relationship with the U.S. Photographer: Scott Eells/Bloomberg via Getty Images
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Pauline Marois, premier of Quebec, speaks during an interview in New York, U.S., on Thursday, Dec. 13, 2012. Marois, premier of Canada's second-most populous province, reiterated her aim to move Quebec toward independence and said it values its relationship with the U.S. Photographer: Scott Eells/Bloomberg via Getty Images

QUÉBEC - La multinationale de l'aluminium Alcoa est alarmiste en menaçant de fermer ses usines pour obtenir une réduction de ses tarifs d'électricité, a déclaré mercredi la première ministre Pauline Marois.

Les demandes du secteur de l'aluminium ont animé les débats, à l'Assemblée nationale, alors que l'entreprise américaine a évoqué la possibilité de pertes d'emplois dans ses trois usines au Québec, qui emploient 3500 personnes.

«Je suis un peu étonnée de ce que j'entends ce matin au sujet d'Alcoa, a dit Mme Marois à la presse parlementaire. Je crois que le ton est très alarmiste, inutilement. Nous sommes en discussions avec Alcoa, et ce, au plus haut niveau.»

La première ministre a expliqué que son chef de cabinet adjoint, Dominique Lebel, et le secrétaire général du Conseil exécutif, Jean St-Gelais, ont rencontré les dirigeants d'Alcoa.

Au cours des dernières semaines, le secteur de l'aluminium, dont les activités de transformation nécessitent d'importantes quantités d'électricité, a multiplié les signaux pour que le gouvernement revoie à la baisse des ententes renouvelées par Hydro-Québec il y a cinq ans, qui doivent entrer en vigueur en janvier 2015.

En vertu de ces contrats, les alumineries passeront d'ententes de partage de risque, qui permettaient aux tarifs de fluctuer en fonction des prix de l'aluminium et des cours du dollar, à un tarif fixe de 4,25 cents le kWh destiné aux grandes entreprises.

Le vice-président d'Alcoa au Canada, Nicolas Delmau, a déclaré que ces ententes ont été conclues en mars 2008, à une période où la tonne d'aluminium se transigeait à un cours très élevé, jusqu'au sommet de 3380 $ en juillet 2008, avant une glissade constante à environ 1900 $ actuellement.

M. Delmau a reconnu lors d'une entrevue qu'à ce moment le dollar canadien était moins vigoureux qu'actuellement, comparativement à la devise américaine, et que la transition au tarif fixe (L) procurait un léger avantage à Alcoa.

«Pendant une période assez brève, notre contrat à partage de risque donnait comme résultat un tarif supérieur au tarif L, a-t-il dit. Les marchés boursiers étaient très élevés, tout allait bien, on payait un petit peu plus que le L et on était très heureux, parce que le marché de l'aluminium était prospère et le passage au tarif était permis de façon assez sereine.»

Dans le contexte actuel, où Hydro-Québec réclame d'ailleurs une hausse du tarif L à 4,46 cents, Alcoa soutient que ses coûts augmenteront de 220 millions $ par année et réclame un retour aux ententes à partage de risque, a indiqué M. Delmau.

«Le monde a complètement changé à un point tel que ce qui a été convenu, négocié en 2006, 2007 et signé au début 2008, ne tient absolument plus la route aujourd'hui», a-t-il dit.

Alcoa s'est défendue de faire preuve d'alarmisme avec l'envoi récemment d'un préavis à Hydro-Québec pour signifier qu'elle pourrait réduire son approvisionnement en électricité.

«Il faut aviser Hydro-Québec 12 mois à l'avance s'il y a une possibilité de réduire la consommation dans l'usine, a dit M. Delmau. C'est une disposition légale incontournable, c'est une mesure défensive pour voir ultimement s'il allait y avoir fermeture et de ce fait, en toute transparence, on a avisé les membres de nos différentes communautés, nos employés, nos syndicats et donc c'est devenu public.»

Depuis quelques semaines, le secteur de l'aluminium, aux prises avec des surplus d'inventaire, réclame une renégociation à la baisse des tarifs d'électricité d'Hydro-Québec en faisant valoir qu'ils sont plus élevés que dans certains pays. En septembre, la société Rio Tinto avait réclamé une diminution de 30 pour cent du tarif industriel.

Mercredi, Mme Marois a fait une déclaration à la presse parlementaire pour indiquer que son gouvernement ne négociera pas sur la place publique.

La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, a rappelé que le tarif L d'Hydro-Québec est dans la moyenne des prix exigés du côté de l'aluminium.

«Il est exact que le marché de l'aluminium, actuellement, semble un peu moins pire que ce que c'était en 2009, mais il y a des fluctuations et la situation particulière d'Alcoa est aussi préoccupante», a-t-elle dit.

En Chambre, le chef parlementaire libéral, Jean-Marc Fournier, a accusé le gouvernement de se livrer à un «sabotage économique» par sa fermeture envers les demandes des alumineries.

«Le problème qu’on a, c’est qu’il y a 3300 emplois perdus, a-t-il dit. La première ministre nous dit qu’elle négocie. Sa ministre a dit que les alumineries trompaient la population.»

Mme Marois a accusé les libéraux d'être irresponsables en affirmant que les pertes d'emplois, aux trois usines d'Alcoa à Baie-Comeau, Bécancour et Deschambault, sont effectives.

«Dire qu’il y a 3000 pertes d’emplois, alors que nous sommes en discussion avec les entreprises pour nous assurer de la continuité des opérations, c’est mentir à la population», a-t-elle dit.

Alcoa a déclaré que le dossier du tarif L doit progresser d'ici la fin de l'année sans quoi des investissements pourraient être compromis dans ses installations québécoises.

«À un moment donné, la question va se poser: est-ce qu'on continue à mettre de l'argent dans nos installations sachant qu'on ne sait pas si on a une durée de vie qui dépasse un an», a dit M. Delmau.

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