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Il m’a montré que je devais être fier de faire partie de la communauté et de toujours marcher la tête haute, peu importe ce que raconteront mes détracteurs.
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Associated Press

Le 26 octobre fut une journée émouvante lorsque Matthew Shepard a finalement été enterré à la cathédrale nationale de Washington, 20 ans après sa mort brutale.

Les membres de sa famille peuvent maintenant respirer à pleins poumons, puisque sa présence restera à jamais gravée dans la capitale américaine. Et, pour ma part, c'est un ami inadmissible que j'ai toujours eu l'impression de connaître.

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L'église était bondée et l'émotion était à son comble; ce fut l'occasion idéale pour se remémorer la courte vie de ce jeune homme aux grandes aspirations. Environ 2000 personnes étaient présentes dans le lieu saint. La cérémonie a été organisée par un évêque ouvertement gai, Gene Robinson. Lors des louanges, le chœur gai de Washington DC a offert une performance mémorable. Dès le début, l'évêque a tenu à s'excuser, au nom de la religion catholique, pour les discriminations qu'elle a pu commettre dans le passé envers certains membres de la communauté LGBT.

Les parents de Matthew Shepard voulaient disposer des cendres de leur fils convenablement depuis deux décennies déjà. Ils s'inquiétaient des actes de vandalisme qu'il aurait pu survenir. Sans aucune surprise, le président des États-Unis n'était pas présent lors de la célébration publique. Ses adversaires démocrates l'ont accusé de manquer de compassion envers la communauté.

Les parents de Matthew Shepard
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Les parents de Matthew Shepard

Tout a basculé en 1998

J'avais quatre ans en 1998 et, bien évidemment, je n'avais aucune idée de ce qui venait de se passer à Laramie, au Wyoming. C'est seulement à la fin de mon adolescence que je me suis renseigné sur l'histoire funeste de ce jeune adulte. Tout avait débuté lorsque l'homme de 21 ans avait mis les pieds dans un bar le 7 octobre en soirée. Il s'y est pointé seul, n'ayant pas pu convaincre ses amis de se joindre à lui pour savourer une bière. Deux hommes de son âge ont truqué leur orientation sexuelle et ont dragué avec lui dans l'objectif de pouvoir lui voler de l'argent.

Dans un meurtre purement homophobe, les deux assaillants l'ont attaché à une clôture et frappé jusqu'à ce que mort s'ensuive. Matthew a succombé de ses blessures le 12 octobre 1998. Ce n'était pas une tentative de vol qui avait mal fini, mais bien un crime haineux. Un meurtre qui marquera à jamais les États-Unis. «Les crimes haineux et de violence ne peuvent être tolérés dans notre pays», «la haine et les préjudices ne sont pas des valeurs américaines», avait dit Bill Clinton, dans les heures suivant le meurtre.

Encore aujourd'hui, cinq États américains, dont le Wyoming, n'ont aucune loi faisant référence à un crime haineux.

Deux jours après la mort de l'activiste gai, des politiciens et des personnalités publiques s'étaient rassemblés sur les marches du Capitole à l'occasion d'une veillée en l'honneur de Matthew. Un moment fort en émotion, où les larmes coulaient à foison, en se remémorant une personne partie bien trop tôt. La comédienne Ellen DeGeneres avait entre autres livré un message bien touchant. «Je ne peux pas arrêter de verser des larmes», avait-elle indiqué. Celle-ci avait fait sa sortie du placard un an auparavant, en 1997. Les participants de la veillée en avaient profité pour attaquer certains groupes religieux qui n'acceptaient pas à bras ouverts les membres de la communauté LGBT.

Arrivés à l'hôpital, ses parents ne pouvaient même pas reconnaître leur fils tellement il avait été tabassé par les deux individus crapuleux. Les parasites ont été condamnés pour meurtre au premier degré et ont reçu deux sentences de prisons à vie. La justice n'avait jamais fait référence à la thèse du crime haineux. À rappeler que, encore aujourd'hui, cinq États américains, dont le Wyoming, n'ont aucune loi faisant référence à un crime haineux. Parmi les États qui en ont, 15 ne tiennent pas compte de l'identité de genre et/ou l'orientation sexuelle de la victime. Signe qu'un meurtre comme celui de Matthew Sheppard ne parvient même pas à changer les mentalités archaïques de certains.

À la suite du meurtre sordide, les parents de Matthew ont décidé de consacrer leur existence à la cause LGBT pour que des tragédies de la sorte ne se reproduisent plus. Ils ont voyagé partout dans le monde dans le but de plaider en faveur des droits envers ma communauté. On dit que la vie doit être teintée de gestes qui font une différence pour les plus vulnérables. Le voilà, ce geste bienveillant.

Cet instant tragique a inspiré bien des œuvres. Disponible sur Netflix, le documentaire Matt Shepard is a Friend of Mine est à voir.

Avec la cérémonie du 26 octobre, Matthew a été porté à son dernier repos. Il peut reposer en paix, à l'abri de toutes craintes, et continuer son chemin en toute liberté, peu importe où il se trouve.

Matthew aurait 41 ans. Jadis étudiant en science politique, il rêvait de devenir diplomate pour le département d'État. Il aurait probablement été politicien, fier et tenace à l'endroit de la nouvelle administration. Notre trajet n'est jamais une ligne droite, il est parsemé d'embuches. Nous connaîtrons tous une fin. Sa fin des plus tragiques n'a pas été en vain, elle a permis une plus grande acceptation envers les frères et soeurs de la communauté LGBT. En fait, il m'a montré que je devais être fier de faire partie de la communauté et de toujours marcher la tête haute, peu importe ce que raconteront mes détracteurs.

Il n'a rien de plus beau que d'être soi-même lors de nos quelques décennies passées sur Terre...

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