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Compte tenu que les nouveaux propriétaires des quotidiens régionaux de Gesca reprennent l'argumentaire que j'étais souvent seul à défendre sur la place publique et qui m'a valu d'être congédié, je me demande ce qui m'empêcherait désormais de réintégrer la rédaction du.
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Le 30 mai dernier, la direction du quotidien Le Droit m'a «congédié» comme éditorialiste invité à cause d'un texte de blogue intitulé Le silence assourdissant des salles de rédaction, que j'avais rédigé une dizaine de jours plus tôt en réponse à des propos fort inquiétants du coprésident de Power Corp, André Desmarais, au sujet de la disparition appréhendée des quotidiens régionaux du réseau Gesca (tout au moins de leur version papier), y compris le mien.

Pour résumer, dans ce texte de blogue, j'affirmais, essentiellement:

1. Mon mécontentement du sort du Droit et des autres quotidiens régionaux dans un réseau qui mettait tous ses efforts dans le virage numérique du vaisseau amiral, La Presse +.

2. Ma déception face au silence des salles de rédaction du réseau Gesca, y compris la mienne. Bouche cousue partout.

3. Mon désir de relancer la discussion sur l'avenir de l'imprimé, du «modèle papier» des quotidiens que la direction semble juger mort ou agonisant.

4. L'importance de mieux comprendre les motifs de lecture ou de non-lecture du public, pour assurer la pérennité des journaux.

5. Le caractère essentiel, fondamental de l'information (y compris l'information régionale) comme droit constitutionnel, comme assise de la liberté.

6. Le besoin de respecter les artisans et le lectorat du Droit, quotidien centenaire, tant du côté québécois que du côté ontarien de la rivière des Outaouais.

La semaine dernière, dans les heures et les jours qui ont suivi l'acquisition des quotidiens régionaux de Gesca par le groupe Capitales Médias de Martin Cauchon, on a entendu - de la bouche de Martin Cauchon lui-même, du grand patron de la chaîne Claude Gagnon ou d'éditeurs de journaux y compris Louise Boisvert (La Tribune et La Voix de l'Est) - les affirmations suivantes:

1. La satisfaction de quitter un réseau où tout était trop souvent soumis aux impératifs du vaisseau amiral et de son projet La Presse +...

2. Des échos - souvent critiques - provenant de toutes les salles de rédaction et exprimant une certaine diversité de points de vue.

3. Une réaffirmation du présent et de l'avenir de l'imprimé, particulièrement hors de Montréal.

4. Une intention ferme d'analyser les produits et les besoins de leurs lecteurs, pour mieux les comprendre et y répondre.

5. Des témoignages au sujet de l'importance fondamentale de l'information, et en particulier de l'information régionale.

6. L'engagement (de Martin Cauchon) de respecter la mission traditionnelle du Droit, un quotidien qui, dit-il, est là pour rester!

Alors, compte tenu que les nouveaux propriétaires et leurs représentants reprennent une bonne partie, sinon la totalité de l'argumentaire que j'étais souvent seul à défendre sur la place publique (je ne voudrais surtout pas oublier l'apport de Stéphane Baillargeon du Devoir et du blogueur Steve Fortin), je me demande, et je vous demande, ce qui m'empêcherait désormais de réintégrer la grande famille ex-Gesca...

Guy A. Lepage a bravement lancé cette question à l'émission Tout le monde en parle, dimanche soir, et je suis bien prêt à croire que M. Cauchon a été pris de court et qu'il ne connaissait pas l'histoire. Mais ce mardi, un journaliste lui a posé la question lors de sa visite au Droit et, cette fois, il a refusé de commenter. La question demeure...

Comme on ne peut guère me reprocher le fond de mes propos, que les gens de Capitales Médias ont abondamment repris et endossé depuis la semaine dernière, il ne reste qu'un motif de blâme: celui d'avoir défié l'autorité suprême de l'empire, même si c'était dans le but d'exprimer une loyauté au quotidien local. Et ça, c'est vital. C'est le droit à la liberté d'expression, le droit de contester publiquement, de l'intérieur, quand les enjeux sont d'importance sociétale.

Ce droit, je le réclame toujours. Pour moi. Pour les autres cadres et contractuels à l'emploi des quotidiens régionaux. Pour les syndiqués des salles de rédaction (c'est un droit qu'ils possèdent déjà, mais dont ils se servent peu ou pas). Le choc des idées est essentiel aux solutions que nos journaux devront identifier pour assurer leur avenir.

C'est du moins ma vision des choses...

Oh, avant que j'oublie. Merci Guy A. Lepage. Grâce à votre intervention, d'autres voix se font entendre. Les braises du débat rougissent...

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