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Plusieurs propos tenus lors de la dernière semaine de la campagne n'avaient pas, à mon avis, leur place dans l'espace public.
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C'est à la personne de Madame Massé que l'on s'en prend directement. C'est ce que l'on appelle des attaques «ad hominem», en l'occurrence celles qui ne visent pas les idées d'un individu, mais sa personne.
THE CANADIAN PRESS/Peter McCabe
C'est à la personne de Madame Massé que l'on s'en prend directement. C'est ce que l'on appelle des attaques «ad hominem», en l'occurrence celles qui ne visent pas les idées d'un individu, mais sa personne.

Les campagnes électorales donnent lieu à toutes sortes de phénomènes, pour le meilleur ou pour le pire. En raison des enjeux cruciaux qu'on y discute et de leur intérêt parfois vital pour les sociétés et les individus concernés, ces grands rendez-vous de la démocratie retiennent l'attention du grand nombre.

Ainsi, à l'approche d'une élection, tous regardent dans la même direction pendant quelques semaines, si bien que ce qui pourrait passer inaperçu en temps normal peut rapidement devenir l'objet d'une attention considérable. Les exemples de propos tenus au cours de la campagne électorale qui ont eu un impact sans précédent, amplifiés ensuite par les médias sociaux, ne manquent pas.

Plusieurs propos tenus lors de la dernière semaine de la campagne n'avaient pas, à mon avis, leur place dans l'espace public, en particulier dans le contexte d'un événement aussi important.

En raison de la montée de Québec solidaire aux dépens du Parti québécois d'une part et en réaction à l'affirmation de Manon Massé, voulant qu'elle se réclame de René Lévesque d'autre part, un ancien politicien et une chroniqueuse ont laissé leur critique respective déraper.

En effet, dans une entrevue accordée à la Presse canadienne le 26 septembre 2018, l'ancien chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a déclaré qu'ailleurs dans le monde, la piètre qualité du français de Madame Massé l'empêcherait d'accéder aux plus hautes fonctions. À son tour, dans une chronique publiée deux jours plus tard intitulée Les fourberies de Manon Massé, Denise Bombardier affirmait que cette dernière «a le physique de la mère québécoise toute puissante avec la moustache en prime, cette fantaisie qui lui tient à cœur et qui entend montrer qu'elle a aussi un attribut de père autoritaire».

Dans un cas comme dans l'autre, c'est à la personne de Madame Massé que l'on s'en prend directement. C'est ce que l'on appelle des attaques «ad hominem», qui ne visent pas les idées d'un individu, mais sa personne.

En démolissant la manière dont Mme Massé parle le français, c'est la personne que M. Duceppe a attaquée, et non pas sa fonction. La parole constitue l'un des moyens privilégiés par lesquels une personne s'exprime et, ainsi, se manifeste au monde. Le caractère ad hominem des commentaires de Denise Bombardier est encore plus évident, puisqu'elle s'en prend directement au physique de Manon Massé. Non seulement sa description laisse peu de place à l'imagination («le physique de la mère québécoise toute puissante»), mais elle s'attaque aussi à sa féminité, par le truchement de sa moustache, dont Mme Bombardier se moque et se sert pour affubler cette dernière d'un aspect masculin.

Il faut être dupe pour croire que les attaques ad hominem ne sont pas monnaie courante. En privé, on les entend régulièrement. Les mauvais plaisantins en formulent parfois aussi dans l'espace public, comme dans des spectacles d'humour douteux qui ont déjà fait les manchettes, par exemple. Mais ailleurs?

Même dans les médias sociaux on ne lit pas, à ma connaissance, des remarques sur le physique de politiciens. Sur leur façon de parler, j'en ai vu, comme en témoigne la sortie de M. Duceppe à l'endroit de Mme Massé. Auparavant, non. Que M. Duceppe et Mme Bombardier s'en soient donné autant à cœur joie non seulement surprend, mais détonne aussi.

Il y a là une mesquinerie sans nom, que ne justifie pas la colère évidente des deux figures publiques qui s'en sont rendues coupables, contre Mme Massé. Espérons que le silence gêné des uns et la réprobation des autres nous rappelleront que ce n'est pas une manière de traiter un adversaire politique.

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