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Les minorités peu présentes au sein des forces de police canadiennes

Les minorités peu présentes au sein des forces de police canadiennes
PC/GRAHAM HUGHES

Une enquête de CBC démontre que les minorités visibles et les Autochtones sont bien moins représentés au sein des forces de police qu'au sein de la population générale. Seules les polices d'Halifax et d'Hamilton ont un pourcentage d'effectifs provenant des minorités semblables à leur présence dans ces villes.

CBC a obtenu les données sur la composition d'une vingtaine de services de police au pays, dans des municipalités de plus de 100 000 habitants. Ces données ont ensuite été comparées à celle du recensement de 2011 pour déterminer le degré de représentativité des minorités au sein de la police.

À Montréal, par exemple, 7,5 % des policiers appartiennent à des minorités visibles ou sont autochtones, alors que ces groupes forment plus de 32 % de la population de la métropole. Toronto, qui est reconnue pour la diversité de sa population, dont la moitié provient de minorités visibles et autochtones, n'a qu'un policier sur quatre issu de ces groupes.

Une situation semblable est observée à Edmonton et Vancouver, où environ 400 policiers provenant de minorités devraient être embauchés pour atteindre la même proportion que dans la population générale.

Certaines villes québécoises, comme Québec et Sherbrooke, présentent un écart plus petit. Il faut toutefois tenir compte de la faible représentativité des minorités ou des Autochtones dans ces communautés.

Les villes de Gatineau, Sherbrooke, Laval et Montréal sont les quatre villes où les effectifs policiers doivent être le plus modifiés pour représenter la population. À Gatineau, il faudrait ainsi multiplier le nombre de policiers provenant de minorités environ treize fois pour atteindre un bon niveau de représentativité.

Pas d'inquiétudes, dit la police

Le président de l'Association canadienne des chefs de police, Clive Weighill, ne se dit pas inquiet de ces données. Selon lui, les services de police canadiens font face à une certaine courbe d'apprentissage et il faut du temps pour faire augmenter ces proportions.

Clive Weighill reconnaît que la présence de policiers issus de différentes minorités au sein d'un effectif permet aux autres policiers de mieux comprendre celles-ci. Il note toutefois qu'il peut exister un certain manque de confiance envers la police de la part de ces groupes, ce qui rend plus difficile le recrutement de leurs membres.

«Je crois que nous avons fait beaucoup de progrès en comparaison avec le secteur privé ou avec les organisations municipales et civiques. Je crois que vous verriez que nos chiffres sont drastiquement plus élevés que bien d'autres.» - Clive Weighill, président de l'Association canadienne des chefs de police

Akwasi Owusu-Bempah, un professeur adjoint de l'Université de Toronto, souligne les efforts déployés dans la Ville Reine pour diversifier la composition du service de police au cours des dernières années.

Il affirme qu'il reste beaucoup de travail à faire pour que le service de police soit réellement représentatif. Il note toutefois que ces changements se feront lentement, puisqu'il faut attendre que des agents plus âgés quittent les forces pour les remplacer avec des recrues provenant de minorités.

Le professeur adjoint souligne aussi l'influence importante que peut avoir la culture traditionnelle au sein des services de police auprès des agents issus de minorités.

«Ils sont immergés dans la même culture policière qui définit comment ils agissent et comment ils pensent. Engagez des gens plus âgés, qui ont plus d'expérience de vie et qui ont été plus exposés à différentes communautés.» - Akwasi Owusu-Bempah, professeur de l'Université de Toronto

Il relève toutefois l'absence de données de qualité pour le système canadien. Il compare celui-ci au système américain, où des données relatives à la race sont disponibles pour tout le processus policier et judiciaire. « En l'absence de données pour illustrer la discrimination et les inégalités », dit-il, « le problème n'existe pas. »

Un problème sous-jacent

Pour la cofondatrice du mouvement Black Lives Matter de Toronto, Sandy Hudson, les données recueillies par CBC ne sont pas surprenantes, mais elle estime qu'augmenter la diversité des forces policières n'est pas synonyme de changement.

Selon elle, il est important d'établir un lien de confiance entre les communautés minoritaires et les forces de police. « La diversité n'est pas suffisante. Il faut un réel engagement à changer les politiques, les structures et les institutions dans leur ensemble sans quoi les problèmes ne se régleront pas. »

D'après les informations de Jacques Marcoux

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