Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Mitt Romney en a plein son voyage

Alors que la Grande-Bretagne accueille la jeunesse du monde dans le cadre de l'événement sportif le plus prestigieux, quelle était l'idée de Mitt Romney d'aller faire une critique aussi malhabile? Il aurait été si simple de souhaiter de bons jeux à tout le monde, de féliciter les organisateurs pour leur accueil et d'émettre le souhait que les athlètes américains et ceux du pays hôte performent au-delà des attentes.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
Getty/Alamy

La politique étrangère est depuis toujours une source d'écueil pour les politiciens américains. Tant les présidents plus interventionnistes, comme Woodrow Wilson que les plus isolationnistes, tel James Monroe, ont dû constamment jongler entre les intérêts nationaux protectionnistes et les nécessités de s'impliquer sur la scène internationale.

On dit que le citoyen américain s'intéresse au sort du monde uniquement quand il est directement concerné. Face au reste de la planète, les Américains souhaitent d'abord et avant tout ne pas mal paraître aux yeux des autres. Que la terre entière soit en désaccord avec eux sur des questions politiques ou morales n'est pas une source de préoccupation, mais un dirigeant ne doit pas mal faire paraître le peuple américain aux yeux du monde.

Dans la foulée des conflits d'Afghanistan et d'Irak, le candidat Barack Obama a effectué une tournée internationale lors de sa campagne en 2008. Les nations étrangères critiquaient alors les États-Unis pour les prisons d'Irak et les bavures en Afghanistan. L'électeur moyen était mécontent. La guerre n'était pas le problème fondamental, mais les débordements faisaient mal paraître le peuple américain. L'Amérique n'aimait pas se voir sous un mauvais jour tous les soirs sur les chaînes d'information continue.

Tirant à boulets rouges sur la politique de son prédécesseur, Obama a su charmer les dirigeants étrangers et cela a amélioré sa crédibilité aux États-Unis. Malgré une rhétorique un peu vide de sens, il a alors damé le pion à John McCain, le supposé expert des questions étrangères. Obama a alors promis de ne plus faire mal paraître l'Amérique.

Romney en 2012

S'inspirant des succès du démocrate, Mitt Romney vient tout juste d'amorcer son propre périple. Il se rend en Grande-Bretagne pour les Jeux Olympiques, en Pologne et en Israël. De prime abord, un petit voyage un peu pépère chez trois alliés indéfectibles des États-Unis, tous gouvernés par des politiciens conservateurs.

Or, à peine descendu de l'avion à Londres, Romney a ouvertement critiqué l'organisation des Jeux olympiques en se demandant si les problèmes au niveau de la sécurité seraient réglés à temps pour le début des compétitions. Venant de la part de l'organisateur des Jeux de Salt Lake City, ces remontrances ont enflammé la presse britannique et ont valu à Romney une cinglante rebuffade de la part du premier ministre David Cameron.

Alors que la Grande-Bretagne accueille la jeunesse du monde dans le cadre de l'événement sportif le plus prestigieux, quelle était l'idée de Mitt Romney d'aller faire une critique aussi malhabile? Il aurait été si simple de souhaiter de bons jeux à tout le monde, de féliciter les organisateurs pour leur accueil et d'émettre le souhait que les athlètes américains et ceux du pays hôte performent au-delà des attentes.

Cette gaffe du candidat à la présidence est révélatrice. Avez-vous remarqué, Mitt Romney a souvent l'air au-dessus de ses affaires et au-dessus de la mêlée? On dirait qu'il fait des commentaires dont il saisit mal la portée et les conséquences politiques. Pour l'instant, il a su éviter le désastre, mais il doit à tout prix cesser de se mettre le pied dans la bouche, surtout dans des situations faciles comme sa tournée à l'étranger.

Si Romney met la bisbille lors d'une visite dans une nation en fête, comment interviendra-t-il face à des nations en conflit? Comment sera-t-il crédible dans des conférences internationales? Quelle forme de diplomatie imposera-t-il?

Au lieu de bénéficier d'une magnifique vitrine pour rehausser sa crédibilité en matière d'affaires étrangères, Romney court le risque que son voyage devienne une tache sur son dossier. Sauveur des Jeux olympiques de Salt Lake City, il est en train de noircir un des plus beaux éléments de son pedigree. Il devra aussi apprendre que toutes les erreurs commises à l'étranger sont amplifiées par la caisse de résonance des médias internationaux. Chaque détail compte et ménager les sensibilités est un défi de tous les instants.

Si on ajoute à cette plus récente gaffe, la controverse de son passage chez Bain Capital, on peut se demander si Romney n'a pas un don pour transformer ses principales forces d'homme d'affaires accompli et d'organisateur chevronné en faiblesses.

Le candidat républicain doit se ressaisir rapidement et cesser de faire des erreurs de débutant avant qu'il ne soit trop tard. Tout ce qui lui arrive loin des États-Unis a le potentiel d'être dévastateur pour sa campagne, d'autant plus qu'il n'est pas reconnu comme ayant une vaste expertise du monde extérieur.

Romney doit apprendre... et vite !

Quelque chose me dit qu'il doit aussi être tenté de sous-traiter l'ensemble de sa politique étrangère à Condoleeza Rice en faisant d'elle sa candidate à la vice-présidence...

Mitt Romney

Obama vs. Romney

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.