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Que doivent faire les musulmans modérés devant l'anti-occidentalisme islamiste?

Si nous refusons, en tant que musulmans, qu'on se moque de notre religion ou qu'on la caricature, puisque cela peut être parfois stigmatisant à notre égard, nous devrions aussi dénoncer les excès de discours des théologiens et des imams islamistes quand ils stigmatisent en public les autres religions et les valeurs fondamentales des sociétés occidentales contemporaines.
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Si nous refusons, en tant que musulmans, qu'on se moque de notre religion ou qu'on la caricature, puisque cela peut être parfois stigmatisant à notre égard, nous devrions aussi dénoncer les excès de discours des théologiens et des imams islamistes quand ils stigmatisent en public les autres religions et les valeurs fondamentales des sociétés occidentales contemporaines.

Généralement, par ce type de discours, l'islamisme cherche à nous utiliser dans sa guerre déséquilibrée et asymétrique contre les puissances occidentales. Nous ne devons pas nous laisser manipuler. Il est tout à fait légitime de dénoncer les politiques injustes, violentes voire barbares, de certaines puissances occidentales dans les pays musulmans, surtout au Moyen-Orient. Cette critique est d'ailleurs faite au sein des sociétés civiles occidentales. Mais dénoncer les politiques occidentales dans nos pays d'origine ne doit pas se transformer en soutien à l'islamisme, qui détourne le sentiment d'injustice qu'elles provoquent pour propager une vision haineuse du monde, tout en cherchant à nous inciter à l'adopter pour déstabiliser les vies politiques des pays occidentaux de l'intérieur. En acceptant son projet de société, en adoptant son interprétation sectaire de l'islam et surtout en reproduisant le discours qu'il prêche et les pratiques qu'il défend dans nos sociétés d'accueil, non seulement nous validons sa vision haineuse du monde, mais nous lui apportons notre soutien sans que nous nous en rendions compte.

C'est à cause de l'islamisme que la société civile occidentale devient de plus en plus indifférente aux souffrances des musulmans dans le monde malgré leur atrocité et leur profondeur.

Plusieurs nations, plusieurs cultures et plusieurs ethnies ont été atrocement persécutées pendant l'histoire moderne. Pourtant, elles sont venues à bout ou presque de leurs oppresseurs par la résistance pacifique ou du moins par la résistance armée contre d'autres forces armées. C'est le cas des Afro-Américains aux États-Unis. C'est le cas des Tibétains en Chine. C'est cette résistance pacifique qui a fait que Martin Luther King est une figure emblématique de l'histoire contemporaine des États-Unis. C'est elle aussi qui a fait que le Dalaï-lama est aujourd'hui une des personnalités les plus appréciées au monde. Sans minimiser la souffrance des Tibétains et Afro-américains, les injustices qui frappent les pays musulmans sont encore plus graves, plus dangereuses et plus profondes. Pourtant, aussi atroces qu'elles soient, elles ne suscitent plus ou presque aucune empathie en Occident. C'est l'islamisme qui doit assumer l'entière responsabilité de ce paradoxe. Ses stratégies violentes et son discours haineux ont fini par discréditer toutes les causes politiques portées par les sociétés musulmanes, aussi justes et aussi légitimes qu'elles soient. Comment pourrions-nous continuer à soutenir ou adopter une telle idéologie malgré ses effets désastreux, dévastateurs et destructeurs sur nos vies en Occident et les vies des nôtres dans nos pays d'origine ? Le recours à la violence verbale ou physique, surtout si ses victimes sont des non-combattants innocents, peut discréditer la plus juste des causes. C'est à cause de l'islamisme que la société civile occidentale devient de plus en plus indifférente aux souffrances des musulmans dans le monde malgré leur atrocité et leur profondeur. La dénonciation claire du discours islamiste et la condamnation active de son action ne peuvent que nous servir. Il ne faut pas avoir peur des islamistes. C'est notre peur et notre passivité qui valident leur prétention illégitime à nous représenter.

Quant à notre vie au quotidien au Québec et dans le reste des sociétés occidentales, il faut non seulement cesser de faire des demandes d'accommodements non raisonnables, mais il faut aussi prendre nos distances de ceux qui les font, et surtout contester leur prétention de nous représenter.

Dans la plupart des cas, il s'agit d'islamistes qui cherchent à manipuler la liberté religieuse pour imposer leur agenda. Ces types de demandes sont des pièges à éviter. Ils font partie de leur stratégie pour nous manipuler afin de nous impliquer dans leurs discours et dans leurs actions. C'est ce type d'agissement qui nous a menés à la situation actuelle. La théologie musulmane elle-même nous offre des accommodements dans la pratique de notre foi. Alors, activons-les au lieu de demander à une société laïque de le faire à notre place. La théologie musulmane nous offre, par exemple, le choix de regrouper nos prières et de les raccourcir. Comme l'ont dit la plupart des théologiens des écoles sunnites, elle ne nous impose pas la prière collective du vendredi. Elle ne nous impose pas de faire le Ramadan si les conditions de le faire ne le permettent pas. C'est souvent le cas dans nos sociétés d'accueil.

Il n'appartient pas à la société québécoise de nous accommoder. C'est à nous de nous accommoder à elle. Alors, pourquoi se plier à des interprétations religieuses qui ne font que répéter de façon mimétique la littérature des anciens théologiens musulmans, sans considérer leur contexte historique? Pourquoi ne pas construire nos propres interprétations de l'islam en fonction des contextes sociaux dans lesquelles nous vivons au quotidien et en fonction de leur normativité politique, économique et sociale? La théologie musulmane elle-même n'a-t-elle pas adopté le principe disant que « les nécessités légitiment les interdits » ? Alors, pourquoi ne pas adopter une interprétation de l'islam qui ne soit pas antagoniste à notre statut de citoyen dans des sociétés sécularisées? Ainsi nous pourrions être des citoyens à part entière comme les concitoyens de toutes les origines et de toutes les cultures, et non pas des persona non grata comme c'est malheureusement le cas aujourd'hui partout en Occident.

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Mai 2017

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