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Parce que Noël, ça reste Noël

Le réveillon se passera dans différentes maisons. Tu seras peut-être dans une, et moi dans l’autre. Je serai avec les miens, tu seras avec les tiens, mais demain je t’appellerai. Tu me raconteras ton Noël, je te raconterai mon Noël et on va s’en remettre.
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Ouin, ben le plan est tombé et je me dis que ce sera juste différent. Noël cette année sera différent, mais…

Il y aura toujours ce bon vieux sapin qui va éclairer mon salon de petites lumières dorées. Tu voudras l’éteindre le soir et moi je voudrai le garder allumé parce que je trouve ça beau la nuit quand je descends parce que j’ai envie. Y’aura toujours ces belles boules argentées qui scintillent, il y en aura deux ou trois qui vont rendre l’âme sur le plancher après le passage d’un chien, il y aura toujours les cadeaux au pied de l’arbre avec des lutins assis sur les boîtes pour surveiller les petites mains curieuses qui se promènent quand tout le monde est couché.

Différent, mais il y aura encore cette soirée où, assise sur le plancher, j’emballerai les boîtes en écoutant un film de Noël poche à TVA. Il y aura ce moment où je fouillerai chaque recoin de la maison à la recherche du papier collant. Je le trouverai finalement au fond d’un sac de sacs, là où je l’avais laissé l’an passé. Je marquerai d’un code secret chaque petite carte pour que personne ne sache à qui va la plus grosse boîte. J’aurai hâte de voir ton sourire quand tu vas l’ouvrir.

Ce sera différent, mais il y aura cette euphorie qu’on ressent la dernière journée au travail avant de partir en congé. T’sais, ce petit sourire de temps des fêtes, cette énergie qui nous soulève quand on passe la porte en se demandant ce qu’on a oublié, puis que finalement on s’en fout parce que tout ce qu’on veut c’est arriver chez nous, se faire un drink pis se mettre en mou. Il y aura ce petit sentiment de devoir accompli, de légèreté.

Il y aura des soirées de cartes en bouffant des chips et des sucres à la crème, il y aura des marches dans la petite neige folle avec les chiens qui se garrochent partout. Il y aura ce temps pour les gaufres, ce temps pour les séries, ce temps pour les p’tits dodos d’après-midi.

Il y aura, malgré tout, ce questionnement sur comment m’habiller pour le réveillon, il y aura moins de monde, mais je voudrai être aussi belle. Il y aura la table décorée, encore trop de bouffe, et il y aura les bulles. Je perdrai mon verre encore, oubliant que mon marqueur c’est le p’tit truc en forme de cœur. Tu me diras, «eille c’est mon verre», j’te dirai «désolée, t’inquiètes pas, j’ai pris aucune gorgée.»

Ce sera différent, mais on veillera quand même tard. On sera nous, seulement nous. Ce sera différent, il n’y aura pas de bottes dans le bain, pas de manteaux sur le lit, pas de chaises à emprunter, pas de deuxième table à acheter. Ce sera tranquille cette année.

“Ce sera différent, mais il y aura toujours ce petit goût sucré qui se dépose sur chaque matin, sur chaque nuit du temps des fêtes comme une rosée aromatisée.”

Ce sera différent, mais il y aura cette même bonne musique à écouter, un gros chocolat chaud après avoir pelleté et sûrement une bonne bière frette au feu dehors quelque part entre le 27 et le 2 janvier. Ce sera ça, ce sera différent, mais je serai là, tu seras là, pis ce sera ça, simplement.

C’est dur de lâcher nos repères, de se résilier, de se résigner. Cette année, on sera peut-être séparé, clairement on sera divisé, le réveillon se passera dans différentes maisons. Tu seras peut-être dans une, je serai dans l’autre. Je serai avec les miens, tu seras avec les tiens, mais demain je t’appellerai et tu me raconteras. Tu me raconteras ton Noël, je te raconterai mon Noël et on va s’en remettre. Je t’enverrai des photos en textos, des p’tits bouts de vidéo. Ce sera différent, mais il y aura toujours ce petit goût sucré qui se dépose sur chaque matin du temps des fêtes, sur chaque nuit du temps des fêtes comme une rosée aromatisée.

Je sais que t’as envie de me dire «oui, mais»... Je l’sais. Mais là, t’as deux choix. Soit tu tombes dans le «oui, mais», et tu résistes, soit tu profites de tout ce qui reste. Chez nous, même sans 25 invités, il en reste encore beaucoup. Il reste l’essentiel. Mon Noël va être drette là, c’est là que je vais me cacher, dans ce qui reste. Parce que dans tout ce qu’on n’aura pas, il y aura encore tout ce qui va rester.

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