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Non, le G7 ne sera pas le Sommet des Amériques selon la police et les contestataires

Parce que les enjeux ont changé. La police aussi.
Une première opposition entre manifestants et policiers a eu lieu le 5 avril lors du Sommet d'affaires B7 qui se tenait à Québec.
Jacques Boissinot/PC
Une première opposition entre manifestants et policiers a eu lieu le 5 avril lors du Sommet d'affaires B7 qui se tenait à Québec.

La réunion du G7 dans Charlevoix ne sera pas le théâtre de manifestations monstres et d'arrestations de masse, ni de clôtures défoncées et de poivre de cayenne. Entre autres à cause de l'appareil de sécurité déployé, mais également parce que le G7 est plutôt... «pouet pouet», selon certains groupes qui seront présents à Québec et La Malbaie.

La Ville de Québec a la hantise du Sommet des Amériques de 2001, théâtre d'émeutes, d'arrestations par centaines et de nombreuses blessures. Sans parler des dommages matériels.

Cette année, plus de 8000 policiers seront présents à Québec, où se dérouleront une partie des activités du G7 les 8 et 9 juin. C'est sans compter les militaires et le déploiement des forces de l'ordre sur le site principal, à La Malbaie.

Il n'y a rien d'imminent à bloquer avec le G7.Vania Wright-Larin, RÉPAC

Soit, une «journée de perturbations» est prévue le 8 juin. Mais l'intensité n'y sera pas selon Vania Wright-Larin, coordonnateurdu Regroupement d'éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches (RÉPAC).

«Les enjeux ne sont pas les mêmes. En 2001, il y avait un traité de libre-échange qui s'en venait. Il n'y a rien d'imminent à bloquer avec le G7. C'est plus une démonstration de force des pays occidentaux», affirme-t-il.

Le Sommet des Amériques devait faire avancer les pourparlers pour la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA). Le projet n'a finalement jamais vu le jour, entre autres à cause de la forte opposition dans les pays d'Amérique du Sud.

Chose certaine, les forces de l'ordre ne s'attendent pas aux mêmes genres d'affrontements avec les manifestants. Le niveau de risque est considéré comme «modéré» et aucune clôture de sécurité ne sera érigée à Québec, contrairement à ce qui avait été fait en 2001.

«Ce sont deux événements différents, ce sont deux époques différentes. Les choses ont grandement changé depuis. Nous nous adaptons à 2018», explique le lieutenant Jason Allard, porte-parole de la Sûreté du Québec.

G7 inutile

De toute façon, le G7 ne pourra faire avancer les dossiers prioritaires qu'il s'est donné, croit M. Wright-Larin. Ces dossiers sont la croissance économique, l'égalité des sexes, les emplois de l'avenir, les changements climagiques et la paix.

Même son de cloche du côté du Réseau de résistance anti-G7 (RRAG7.

«Rien de concret ne va se passer. Vous croyez que Donald Trump va pas passer mesures en faveur des femmes?», lance un prénommé Mathieu, qui a demandé qu'on ne publie pas son nom de famille.

Le RRAG7 et le RÉPAC prévoient surtout se faire entendre pour contrer ce qu'ils perçoivent comme des discours néolibéraux et impérialistes des pays du G7, soit le Canada, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, le Japon, l'Allemagne et l'Italie.

Un mouvement qui s'essouffle

Le mouvement altermondialiste lui-même a aussi perdu la force qu'il avait au tournant du millénaire.

Elisabeth Béfort-Doucet organise une conférence appelée La Grande Transition, qui portera sur les alternatives au capitalisme. Un des thèmes abordés sera la fragmentation des mouvements sociaux.

M. Wright-Larin croit aussi que l'altermondialisme était beaucoup plus fort en 2001. Les mouvements sociaux s'attarderaient beaucoup plus aux problèmes locaux d'austérité imposée par les gouvernements.

Mais surtout, selon Mme Béfort-Doucet, la répression policière est un frein à la mobilisation.

«La mobilisation aujourd'hui est différente qu'elle ne l'était en 2001 à cause de la grande répression à l'égard des mouvements altermondialistes. Il y a eu une grande judiciarisation des mouvements sociaux. Alors les gens créent des forums alternatifs parce qu'ils veulent des discours alternatifs au discours capitaliste», dit-elle.

Mme Béfort-Doucet déplore le déploiement d'un «arsenal quasi-militaire» à Québec et dans Charlevoix.

Fascistes et antifascistes

D'autres types de mouvements sociaux prennent de l'ampleur depuis quelques années. En particulier, les militants antifascistes ont pris de la visibilité pour contrer la montée de groupes d'extrême droite comme La Meute ou Storm Alliance.

La présence du président Américain Donald Trump pourra-t-elle attirer les «antifas»? Assistera-t-on à des affrontements, non pas entre altermondialistes et policiers, mais entre fascistes et antifascistes?

Les corps policiers contactés par le HuffPost Québec n'ont pas souhaité commenter la présence de groupes en particulier, se limitant à dire qu'ils étaient prêts à toute éventualité.

Chose certaine, La Meute a dit qu'elle ne serait pas présente. Le RRAG7 ne s'attend pas non plus à voir l'extrême droite se présenter en grands nombres.

«De façon générale, ils ne s'intéressent pas aux réunions internationales. Je serais surpris qu'ils soient là», affirme Mathieu.

Pour l'instant, les forces de l'ordre ne s'avancent pas sur le nombre de personnes qui pourraient se présenter à Québec ou à La Malbaie. En 2001, plus de 50 000 personnes s'étaient réunies pour la plus imposante des manifestations du Sommet des Amériques.

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