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Le consentement commence par le respect de nos enfants

Quand les frontières sont constamment franchies sous prétexte de normes sociales, de politesse, d’éducation, de faire plaisir à l’autre, comment, alors, est-ce possible de s’affirmer?
Father with daughter standing at a field at sunrise
Westend61 via Getty Images
Father with daughter standing at a field at sunrise

Nous assistons depuis quelques jours à une vague de dénonciations d’agressions sexuelles. En tant qu’être humain, que mère et ancienne victime d’inceste, plusieurs éléments me frappent. Je suis remplie d’émotions intenses et contradictoires. L’intimité, c’est profond, vulnérable, délicat, complexe et unique au vécu de chaque personne.

Ces vagues envoient un message fort sur la notion de consentement, de l’intégrité physique et psychologique, sur les frontières personnelles. Nous parlons de culture du viol, mais ce à quoi nous assistons, à mon avis, va beaucoup plus loin dans la notion de respect de soi et de respect de l’autre. Le respect de soi. Un respect dont nous n’avons jamais pu, pour la grande majorité d’entre nous, bénéficier.

Quand l’éducation est basée sur : «C’est pour ton bien», «Fais-moi plaisir», «Sois poli», «Embrasse grand-maman», «Si tu veux ton cadeau, viens me donner un bec avant», «Vas faire un câlin, voyons!» et sur des violences dites ordinaires : «Ne pleure pas», «Arrête tes caprices», «Sois fort», «Je te fais une claque sur une fesse pour que tu comprennes»... ce n’est pas banal.

“Comment espérons-nous recevoir du respect d’autrui alors que ni lui ni nous n’avons conscience de nos propres limites personnelles et intimes?”

Le consentement, le respect du corps, l’écoute des émotions, apprendre à reconnaître et nommer les besoins: tout ça s’apprend d’abord en respectant les enfants.

Quand ces frontières sont constamment franchies sous prétexte de normes sociales, de politesse, d’éducation, de faire plaisir à l’autre, comment, alors est-ce possible de s’affirmer? De dire non, fermement et avec douceur, sans avoir peur, sans figer, sans ressentir de honte, de confusion et de culpabilité?

Comment espérons-nous recevoir du respect d’autrui alors que ni lui ni nous n’avons conscience de nos propres limites personnelles et intimes? Comment une personne peut-elle respecter l’autre alors qu’elle ne sait même pas se respecter elle-même?

Il y a aussi tout plein de nuances.

Se sentir agressé, être agressé, avoir conscience que nos limites ont été transgressées, en avoir conscience tardivement, ne pas en avoir conscience. Ressentir des émotions, ne pas en ressentir, étouffer nos émotions. Ressentir un malaise, se sentir envahi dans notre intimité, vivre un traumatisme, vivre un traumatisme complexe, vivre un stress post-traumatique, vivre avec une mémoire et/ou une dissociation traumatique. Commettre l’inceste, commettre un viol, commettre une agression, faire du harcèlement, de l’exhibitionnisme, du chantage, des menaces, vivre une relation toxique...

Durant l’enfance. À l’âge adulte. Une fois. Sur plusieurs années. Autant de possibilités, d’émotions, de vécus incomparables entre eux qui demandent des approches différentes. Tous ensemble pour enrayer la violence, mais soyons conscients des multiples couleurs qui peuvent animer les êtres humains et faisons preuve de discernement.

Également, sans le vouloir, parfois, nous perpétuons et nions ce cycle de la culture du viol et du non consentement que nous dénonçons fermement. Quand on met les agresseurs d’un côté en se laissant miroiter que certains êtres humains ne sont que des monstres nés. Des pervers narcissiques, des purs égoïstes, des prédateurs.

L’homme n’est pas foncièrement mauvais. Mais, sortons de ce mode patriarcal et de notre société occidentale anti-émotions. Refouler, réprimer, nier, minimiser des émotions nous éloigne de nos besoins, de notre auto-empathie, de notre empathie et engendre une souffrance telle que des comportements d’évitement deviennent nécessaire pour survivre. Jusqu’à ce que tout explose et malheureusement, parfois sur autrui.

“Un agresseur est souvent une ancienne victime. Cela n’excuse pas, mais explique.”

Ce n’est pas simple.

Nous sommes tous individuellement et collectivement responsables, malgré nous, de la société dans laquelle nous vivons tous ensemble en interdépendance.

L’éducation. L’être humain ne naît pas agresseur. Un agresseur est souvent une ancienne victime. Cela n’excuse pas, mais explique. Nous avons tous une part de responsabilité. Prenons-en collectivement conscience. Individuellement, prenons soin de nos enfances meurtries. Soignons nos blessures. Allons à la rencontre de soi.

Prenons soin de nos enfants. Apprenons-leur l’amour et le respect, non pas en prêchant l’amour et le respect, mais bien en les aimant et en les respectant réellement et inconditionnellement.

C’est seulement de cette manière que le cycle de la violence, toute violence confondue, prendra fin. L’être humain n’est pas fondamentalement violent, mais fondamentalement empathique. C’est notre nature humaine. Gardons cela à l’esprit.

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