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Obama et Trudeau discuteront de changements climatiques et d'environnement au dîner d'État

Obama et Trudeau discuteront de climat

OTTAWA —Justin Trudeau croit que le développement économique et la protection de l’environnement vont de pair, et c’est le message qu’il entend livrer à Washington jeudi.

À la Chambre des communes, ce mardi, le premier ministre s’est toutefois défendu de participer à une réception organisée par une organisation opposée à l’oléoduc Keystone XL.

« Plutôt que sabrer le champagne avec des lobbyistes américains qui veulent détruire des emplois au Canada, le premier ministre va-t-il enfin défendre les intérêts de notre secteur énergétique? », a demandé Rona Ambrose, chef intérimaire du Parti conservateur.

« La réputation du Canada a été entachée durant des années parce que nous avions un premier ministre qui refusait d’envisager l’exportation de nos ressources de manière durable et responsable », a répondu Trudeau.

« Le président Obama doit penser à son héritage »

Lors d’une séance de questions organisée par le Huffington Post Canada lundi, Justin Trudeau a rappelé qu’il ne reste que huit mois à la présidence d’Obama, et souligné la convergence d’intérêts entre « un premier ministre canadien déterminé à réaliser un tas de choses, et un président américain qui doit penser à l’héritage de sa dernière année de mandat. »

« Les changements climatiques sont un dossier aussi important pour lui que pour moi », a-t-il ajouté. « Faciliter les échanges commerciaux de part et d’autre de la frontière sans nuire à notre sécurité sera un autre grand thème de notre rencontre. »

Il s’agit de la première visite de Justin Trudeau à la Maison-Blanche à titre de premier ministre, mais de son deuxième tête-à-tête avec Barack Obama – le premier ayant eu lieu à Manille dans le cadre du Sommet Asie-Pacifique. Les deux leaders se sont souvent entretenus au téléphone pour aborder des sujets tels que la lutte à l’État islamique.

Le premier ministre doit quitter Ottawa mercredi après-midi pour se rendre à la Galerie Renwick de la Smithsonian Institution. Une réception en son honneur a en effet été organisée par le Center for American Progress, un groupe de réflexion libéral fondé par John Podesta, chef de campagne d’Hillary Clinton, ainsi que Canada 2020, un groupe de réflexion canadien dirigé par Tom Pitfield.

C’est durant la journée de jeudi que Trudeau et Obama doivent se réunir au Bureau ovale en compagnie de leurs attachés politiques. Après la conférence de presse conjointe, Justin Trudeau s’entretiendra avec le Secrétaire d’État John Kerry. En soirée, il participera au dîner d’État en compagnie de son épouse, de la délégation canadienne et de quelques invités canadiens triés sur le volet. Ce sera la première fois qu’un tel événement a lieu à la Maison-Blanche depuis que Bill Clinton y a invité son ami et partenaire de golf Jean Chrétien en 1997.

D’autres événements sont prévus pour vendredi, dont un « déjeuner-causerie pour le Progrès global », dans lequel M. Trudeau s’entretiendra avec le gratin du milieu progressiste.

« Une bouffée d’air frais »

« La visite de M. Trudeau a créé tout un émoi à Washington », affirme Matt Browne, haut responsable du Center for American Progress. « Pour la première fois, nous avons deux chefs d’État qui partagent les mêmes valeurs et une même vision des mesures à prendre pour relever les défis mondiaux, que ce soit en matière de commerce ou de climat. »

« [Trudeau] est une bouffée d’air frais par rapport aux politiques de peur, de division et de haine qui caractérisent la campagne à la présidence », ajoute-t-il.

Il est vrai que Trudeau est en quelque sorte devenu l’antidote à Donald Trump auprès des milieux progressistes. Bien qu’il hésite à se prononcer sur la politique américaine, le premier ministre a tout de même critiqué l’idée de construire des murs aux frontières et invité à la blague les Américains désenchantés à déménager à l’île du Cap-Breton.

« Je ne livrerai pas bataille à Donald Trump maintenant, mais je ne l’appuierai pas non plus », s’est-il borné à répondre lors de la séance de questions du Huffington Post.

Un « partenaire ambitieux » en matière de changements climatiques

L’on ne sait pas si le premier ministre canadien sera invité à se prononcer sur la campagne à la présidence, mais il est certain que les changements climatiques seront au cœur des pourparlers de jeudi.

« Le premier ministre espère faire des progrès significatifs en matière de politique commerciale, afin de favoriser une croissance durable et de créer des emplois de qualité pour les Canadiens de la classe moyenne », a indiqué la porte-parole Andrée-Lyne Hallé par courriel.

Todd Stern, attaché spécial de Barack Obama en matière de changements climatiques, a pour sa part affirmé que la délégation canadienne était « un partenaire dévoué et ambitieux ».

« Les deux leaders ont exprimé une volonté claire de relever le défi des changements climatiques, et je crois que l’Amérique du Nord fera des progrès significatifs. »

Stern a indiqué que d’ici à 2025, le Canada et les États-Unis comptent réduire les émissions de méthane des secteurs gazier et pétrolier de 40 à 45% par rapport au seuil de 2012. Les véhicules lourds devraient également faire l’objet de nouvelles normes.

Les États-Unis espèrent aussi diminuer l’utilisation des hydrofluorocarbures (HFC) dans la fabrication de climatiseurs et d’appareils de réfrigération, et collaborer avec le Canada afin d’établir une norme internationale visant à rendre les transporteurs aériens carboneutres à partir de 2020.

Se réjouissant du « progrès rapide dans nos relations climatiques avec le Canada », Stern a indiqué que des changements importants seront annoncés jeudi à propos de l’Arctique. Justin Trudeau et Barack Obama veulent établir un plan pour : réduire les émissions de polluants comme le charbon noir et le méthane, et mettre fin à l’exploitation pétrolière dans l’Arctique;

  • aider les communautés locales à s’adapter et faire face aux impacts des changements climatiques;
  • renforcer la capacité décisionnelle des gouvernements à l’aide d’outils scientifiques tels que la cartographie d’élévation en haute résolution;
  • protéger des zones désignées de l’Arctique et les utiliser comme outils de communication pour souligner l’impact des changements climatiques.

Selon Stern, « l’Arctique est comme le canari dans la mine de charbon. Il est important que la population mondiale sache ce qui s’y trame. Les changements que nous observons dans cette région sont un indicateur de ce que nous verrons ailleurs sur la planète. »

Le Partenariat transpacifique au menu

Le Partenariat transpacifique (PTP) figure parmi les sujets les plus controversés qui seront abordés jeudi.

« Le PTP figure très haut dans notre ordre du jour. Parmi tous les dossiers liés au commerce, il est probablement le plus important », affirme Mark Feierstein, directeur du Conseil de sécurité nationale pour l’Hémisphère Ouest.

L’administration Obama espère obtenir l’appui du Canada, mais Justin Trudeau a promis de tenir des audiences ouvertes avant que le gouvernement canadien ne ratifie cet accord.

Par ailleurs, l’administration Obama espère annoncer une nouvelle entente pour remplacer l’Accord sur le bois d’œuvre résineux échu en octobre dernier. Elle espère aussi résoudre les derniers différends qui ont trait à l’étiquetage du pays d’origine du bœuf et du porc, une question qui a fait l’objet d’un accord de principe en décembre.

Enfin, les deux leaders doivent annoncer une série de mesures liées à la frontière. Le Canada doit notamment mettre en place un mécanisme de contrôle des sorties.

Trudeau accuse Harper d’avoir négligé « notre plus importante relation »

Durant la campagne électorale de l’automne, Justin Trudeau a souligné que notre relation avec les États-Unis est « la plus importante relation internationale du Canada. »

« La relation de travail entre le premier ministre et le président doit figurer en tête de liste de nos préoccupations. Les Canadiens s’inquiètent de leurs perspectives d’emploi, car nous avons un premier ministre qui n’aime pas Barack Obama », a-t-il lancé en direction de Stephen Harper lors du débat télévisé Munk au mois de septembre.

Avec plus de 400 000 mouvements frontaliers et quelque 2 milliards de dollars de biens et de services échangés quotidiennement, la relation commerciale Canada-États-Unis est non négligeable.

Justin Trudeau aura donc l’occasion de rebâtir les ponts entre les deux pays à l’occasion d’un premier dîner d’État en 19 ans.

« Une relation spéciale est en train de se développer entre le président et le premier ministre », a conclu Feierstein mardi.

« Les deux sont jeunes et partagent la même vision d’une gouvernance progressiste. Les deux sont déterminés à tenir compte de la diversité et à utiliser les outils multilatéraux à leur disposition. Ils ont une opportunité de développer leur relation de travail, puisque les priorités de leurs deux gouvernements coïncident. »

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