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On avait pourtant le choix

La vérité, c'est que nous avons le choix. Nous avons le choix de maintenir nos services publics en santé et d'assurer la qualité des services à la population et la durabilité de nos infrastructures. La vérité, c'est que ce choix n'a pas été fait.
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Le budget 2014 déposé par le ministre des Finances, Carlos Leitao, et par le président du Conseil du Trésor, Martin Coiteux, est un très bel exemple de choix politique. Certes, depuis son dépôt, chroniqueurs, éditorialistes et autres commentateurs de l'actualité abondent dans le même sens. «On n'a pas d'autre choix», martèlent-ils sur toutes les tribunes.

La vérité, c'est que nous avons le choix. Nous avons le choix de maintenir nos services publics en santé et d'assurer la qualité des services à la population et la durabilité de nos infrastructures. La vérité, c'est que ce choix n'a pas été fait.

Encore la pensée magique

En lieu et place d'un budget responsable et équitable, nous avons droit à un nouvel exercice de la pensée magique voulant qu'il soit possible de réduire radicalement les dépenses sans affecter les services à la population. Malgré le fait que la Protectrice du citoyen a apporté la preuve du contraire, on continue de prétendre que les compressions sont à coût nul !

Pourtant, dans un contexte de lente reprise économique, un gel d'embauche dans les services publics et les compressions annoncées pousseront le personnel des services publics à faire encore plus avec de moins en moins de ressources. En fin de compte, ce sont les patientes et patients, les élèves, les étudiantes et étudiants, et tous les citoyens et citoyennes qui se retrouveront avec des services publics allégés.

L'entêtement des libéraux de ne faire aucun effort pour augmenter les revenus de l'État nous empêche, comme société, d'investir dans nos programmes sociaux. Le mandat et la présidence de la Commission de révision de la fiscalité indiquent clairement que les conclusions sont déjà écrites : la « compétitivité » du régime fiscal, tel qu'interprété par Luc Godbout, signifie un virage vers les taxes et les tarifs et aucun nouveau revenu.

Ce qu'on aurait pu faire

Convenons tout d'abord d'une chose : oui, réduire le poids de la dette est un objectif louable, mais il ne faut pas le faire au détriment des services publics. Cependant, lorsqu'on prétend vouloir réduire le déficit et la dette, il faut être conséquent. Il n'y a pas 36 moyens d'y arriver. On peut réduire les dépenses ou augmenter les revenus. On peut aussi faire les deux. Le problème du budget Leitao, c'est que 95 % de l'effort demandé pour le retour à l'équilibre budgétaire repose sur la réduction des dépenses.

On aurait pu envisager l'ajout d'un nouveau palier d'imposition pour les hauts revenus (plus de 200 000 $ ou 250 000 $ par année pour un individu seul). Ce palier aurait même pu être temporaire, le temps d'atteindre l'équilibre budgétaire. On aurait également pu envisager de taxer davantage les gains en capital. Si l'objectif est réellement la réduction du déficit, il est étonnant de se priver de ces sommes qui permettraient d'alléger l'impact des compressions imposées.

D'autres avenues sont possibles. On pourrait aussi ralentir un peu le rythme de réduction du poids de la dette. Entre 2014-2015 et 2018-2019, on versera annuellement entre 1,3 et 3,1 milliards de dollars dans le Fonds des générations. Ralentir le rythme n'aurait conséquemment pas affecté l'atteinte des objectifs que le gouvernement s'est fixés. En fait, au rythme actuel, nous atteindrons ces objectifs plus rapidement que prévu, au détriment des services publics.

Des choix qui ont des conséquences

Je ne comprends pas que le gouvernement Couillard puisse encore promettre des baisses d'impôt. En effet, il promet de remettre en baisse d'impôt la moitié des surplus que l'on fera une fois l'équilibre atteint. N'avons-nous rien appris des années Charest ? Cette obsession pour les baisses d'impôt est incroyable dans le contexte où les services à la population sont compromis.

Les choix faits dans le budget ne consistent donc pas seulement à assainir les finances publiques, mais à réduire encore les impôts. Ainsi, nous sommes encore dans une logique de réduction de la taille de l'État et des services à la population comme entre 2003 et 2012. Au bénéfice des générations futures, des choix différents auraient pu être faits et le Québec s'en porterait mieux.

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