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Ottawa avait sous-estimé les besoins des réfugiés syriens

Ottawa avait sous-estimé les besoins des réfugiés syriens

Immigration Canada a, dans un premier temps, sous-estimé les besoins des réfugiés syriens, dont la majorité ne parle ni anglais ni français et dont l'expérience professionnelle est très limitée, selon des documents obtenus par Radio-Canada.

Un texte de Bahador Zabihiyan

Fin 2015, le gouvernement fraîchement élu de Justin Trudeau annonçait l'accueil de 25 000 réfugiés syriens dans un laps de temps très court. Un défi de taille pour les fonctionnaires du ministère de l'Immigration.

Le portrait démographique de ces réfugiés indique qu'il s'agit d'une population particulièrement démunie, selon les données obtenues par Radio-Canada à la suite d'une demande d'accès à l'information.

Les fonctionnaires fédéraux ont analysé les données provenant de 33 410 dossiers acceptés ou en traitement de réfugiés syriens. Celles-ci indiquent que 60 % d'entre eux ne parlent ni anglais ni français.

Le Canada accepte deux types de réfugiés, ceux parrainés par le secteur privé et ceux directement parrainés par le gouvernement.

« Moins de 1 % des demandeurs parlent assez bien l'anglais pour trouver du travail au Canada », lit-on dans une note datant de janvier 2016. « À Amman, les enfants semblent avoir une meilleure connaissance de l'anglais que leur parents, mais la plupart saisissent à peine la langue », indiquent les fonctionnaires canadiens qui traitent les dossiers en Jordianie.

Conclusion des fonctionnaires : Ottawa a sous-estimé les besoins de cette population particulièrement vulnérable.

«Dans l'ensemble, les besoins de cette population sont plus élevés que ce qui était anticipé au départ.» — Note d'information produite en janvier 2016 pour le ministre de l'Immigration

L'expérience professionnelle des Syriens parrainés par le gouvernement, dont les dossiers sont acceptés ou en traitement, est très limitée, remarquent les fonctionnaires canadiens en Jordanie. « De manière anecdotique [...] les métiers les plus communs étaient chauffeur, ouvrier de la construction ou journalier, cuisinier et fermier. Généralement, ces occupations sont sur une base irrégulière », indique la note interne destinée au ministre de l'Immigration.

Les fonctionnaires fédéraux ont analysé les dossiers de 21 042 réfugiés syriens (6975 dossiers approuvés et 14 067 dossiers en traitement), ainsi que ceux de 12 368 réfugiés parrainés par le secteur privé (7656 dossiers approuvés et 4712 dossiers en traitement), entre novembre 2015 et janvier 2016.

À ce jour, le Canada a accueilli 16 417 réfugiés parrainés par le gouvernement et 11 360 réfugiés parrainés par le secteur privé.

Défi à l'école

Les enfants des réfugiés syriens ont souvent raté plusieurs années d'écoles. « Beaucoup ont une année ou deux de retard par rapport à leur âge », indiquent les fonctionnaires. « Ce grand groupe de jeunes aura besoin de cours de langue et d'un grand soutien du système d'éducation pour s'assurer d'une intégration efficace », lit-on dans la note ministérielle.

Les réfugiés parrainés directement par le gouvernement sont souvent issus de familles nombreuses : plus de la moitié (53 %) des dossiers approuvés entre novembre 2015 et janvier 2016 sont ceux de ménages de cinq à huit personnes.

Si Immigration Canada reconnaît que les besoins des réfugiés ont été sous-estimés, le ministère indique qu'il n'est pas nécessaire d'effectuer des changements majeurs aux programmes.

La directrice générale du Centre social d'aide aux immigrants,Lida Aghasi, estime que le Canada est capable d'intégrer les réfugiés.

«Nos organismes ont la capacité et les moyens de les accueillir.» — Lida Aghasi, la directrice générale du Centre social d'aide aux immigrants

Mme Aghasi n'est pas étonnée de la situation des réfugiés parrainés par le gouvernement, qui sont les plus vulnérables.

« Un des critères pour être sélectionnés comme réfugiés pris en charge par l'État, c'est le degré de vulnérabilité. Ça peut être, par exemple, des familles monoparentales avec un nombre très élevé d'enfants, des problèmes de maladies majeures dans la famille », indique Mme Aghasi.

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