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Parce qu'on est en 2016...

Comme si [...] nous étions les témoins tétanisés de l'achèvement du Rapport Durham. Du nom de ce célèbre gouverneur [...] qui ne prônait rien de moins, dès 1839, que l'assimilation pure et simple des Canadiens français.
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On apprenait dans le Journal de Montréal du 6 janvier dernier que le calendrier 2016 distribué en anglais dans les résidences torontoises a été traduit en six langes sauf... en français!

Il y a quelques semaines, en novembre 2015, dans un jugement partagé de six de ses neuf juges, la Cour suprême du Canada a décidé, dans la cause Caron-Boutet, «qu'aucun élément historique n'empêche l'Alberta et la Saskatchewan de se déclarer unilingues sur le plan législatif».

On ne s'étonnera pas que deux des trois juges qui ne partageaient pas cet avis soient des Québécois. Comme le disait l'ancien premier ministre du Québec, Maurice Duplessis: «La Cour suprême, c'est comme la tour de Pise: elle penche toujours du même bord.» Celui de la majorité anglophone, il va sans dire.

Pour plusieurs analystes, l'intention fondamentale de Pierre-Elliot Trudeau, lorsqu'il a implanté la politique canadienne du multiculturalisme en 1971, visait, sous des apparences humanistes, à noyer la société québécoise parmi les autres minorités culturelles. Ce qui aurait eu pour effet, par un phénomène de rivalité entre les nombreuses communautés culturelles, d'en finir une fois pour toutes avec le mouvementent indépendantiste québécois.

Parmi les mesures mises en place à l'époque, on reconnaissait que les deux langues officielles du Canada étaient le français et l'anglais. Or si la minorité anglophone du Québec demeure la mieux traitée au monde, on ne peut pas en dire autant des francophones dans le ROC (rest of Canada).

Langue bafouée

Fort de la division du vote francophone au Québec qui entraine l'élection d'un gouvernement libéral par défaut, le Canada anglais ne se garde même plus une petite gêne. Cela est d'autant plus vrai qu'en Philippe Couillard, le fédéral trouve un allié zélé qui non seulement ne lui oppose plus aucune menace nationaliste, comme avaient pu le faire un Robert Bourassa ou un Jean Lesage, deux libéraux, mais qui en plus participe jovialement à l'effacement du Québec, comme en témoigne cette sortie du président du Conseil du trésor, Martin Coiteux. Lui qui, il y a quelques mois, s'était dit ouvert à la possibilité que le Québec confie la perception de ses impôts à Ottawa! Suivant ainsi une des 67 recommandations du rapport de la Commission de révision permanente des programmes présidée par... l'ancienne ministre libérale fédérale, Lucienne Robillard.

Comme si cela ne suffisait pas, le cabinet de la ministre Hélène David a déclaré en juin dernier: «On ne va pas ouvrir la loi 101» au sujet de la controverse qui a éclaté au grand jour quant à l'usage systématique de l'anglais au conseil municipal de Longueuil, où le président de l'arrondissement Greenfield Park, Robert Myles, traduit systématiquement en anglais ce qu'il vient de dire en français. Et cela malgré le fait que 96 % de la population de Longueuil comprend le français. «Il est fluant dans les deux langues», dirait Elvis Gratton.

De plus, notre premier ministre Couillard annonçait en septembre l'abolition de 50 des 208 postes de fonctionnaires dans l'ensemble des délégations générales et autres antennes du Québec dans le monde, participant ainsi à l'effacement diplomatique du Québec, qui demeure, rappelons-le, le seul État francophone d'Amérique.

«On va remettre le Québec à sa place», disait jadis de sa voix nasillarde Pierre-Elliot Trudeau, père de Justin et ancien premier ministre du Canada.

Ce beau pays soi-disant bilingue, où l'on peut être nommé juge à la Cour suprême ou devenir ministre sans parler la langue d'un des deux peuples fondateurs, mais où il est presque impossible de trouver un travail au salaire minimum à Montréal si on ne parle pas la langue de Sa Majesté la reine.

Si ça continue, non seulement le Québec sera remis effectivement à sa place, mais c'est à l'effacement graduel de sa spécificité et à celle de la présence française en Amérique que nous assisterons sans broncher.

Comme si, diront les pessimistes, plutôt que d'assister à l'achèvement de l'histoire du Québec par la réalisation de son indépendance et la prise en main de sa destinée, nous étions les témoins tétanisés de l'achèvement du Rapport Durham. Du nom de ce célèbre gouverneur nommé commissaire au Canada par l'Empire britannique, qui ne prônait rien de moins, dès 1839, que l'assimilation pure et simple des Canadiens français.

Parce qu'on est en 2016, mon amour.

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