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«Parfaites», la quête d'absolu de huit jeunes nageuses canadiennes

Huit athlètes. Un grand rêve. Des années d'efforts. Pour un but qui n'arrivera pas., c'est l'histoire de l'équipe canadienne de nage synchronisée vue par le réalisateur Jérémie Battaglia.
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Huit athlètes. Un grand rêve. Des années d'efforts et de compromis. Pour un but qui n'arrivera pas. Pas maintenant. Il leur faudra donc persévérer, remiser leurs déceptions et miser sur les prochains Jeux olympiques à Tokyo dans quatre ans.

Du moins, pour celles qui continueront au-delà de l'objectif échoué de Rio.

Parfaites, c'est l'histoire de l'équipe canadienne de nage synchronisée vue par le réalisateur Jérémie Battaglia. Un projet documentaire échelonné sur plusieurs années qui aura permis à ce dernier de rentrer dans la bulle de l'équipe canadienne de nage synchronisée pour raconter leur épopée vers les Jeux olympiques.

Il jette un regard personnel, authentique, vrai et sensible sur la quête insatiable de ces jeunes filles qui auront sans doute éveillé chez lui une curiosité, un mystère familier.

À l'aube des Olympiques

Aujourd'hui, quand s'ouvriront officiellement les Jeux de Rio, les filles de nage synchro n'y seront pas. On entendra les histoires de tous ces athlètes qui se sont rendus au but, moins celles de ceux qui y auront laissé cœur et sueur, sans pour autant se qualifier pour ainsi tenter d'aller ravir les médailles de bronze, d'argent et d'or.

Là n'était pas le but du film Parfaites, mais il nous montre néanmoins l'envers de la médaille. Les efforts investis qui paient certes, mais sans l'atteinte du but ultime.

Via l'histoire des jeunes Canadiennes, on voit la persévérance, les compromis implicites, les années d'acharnement et l'ultime quête de perfection!

Une quête d'absolu

Elles sont toutes aussi pétillantes les unes que les autres. Solidaires dans leurs efforts et dans leurs doutes et difficultés. Elles cherchent ensemble quelque chose qui les rassemble. «Atteindre l'inaccessible étoile» dans une quête sans borne qui leur donnera - oui - quelques embûches. Troubles alimentaires, questionnements quant à l'après-carrière sportive, etc.

Le réalisateur nous montre de vraies guerrières qui ne sont toutefois pas dénuées d'humanité. De fortes guerrières qui se cachent derrière une discipline de fer pour - peut-être - ne pas laisser parler ces doutes que l'on découvre furtivement.

Alors que le film nous ouvre les portes d'un monde à découvrir, on a, au vu de cette équipe fougueuse et remplie de talent, envie de crier à l'injustice.

Un sport méconnu

Le réalisateur illustre avec tact un monde méconnu, celui de la nage synchro, qui va bien au-delà des chorégraphies et des paillettes. Il nous montre des athlètes on ne peu plus polyvalentes, des sportives qui manient le ballet, la nage, la gymnastique, etc., et qui s'entraînent un nombre incalculable d'heures. La seule vue de leur quotidien nous épate. Disciplinées et investies, les nageuses - sous la caméra de Jérémie Battaglia - nous laissent entrevoir tout un monde qui mériterait d'être plus souvent mis de l'avant.

Un monde de subjectivité

L'histoire des Canadiennes met également en lumière un monde sportif qui gagnerait à être revisité. Un univers où les efforts et la discipline ne paient pas à juste titre. Un microcosme où les énergies investies et la confiance ne suffisent parfois pas pour aller décrocher les honneurs. Bref, un lieu de subjectivité où les goûts et perceptions des juges ne semblent nullement nuancés par l'objectivité de règles précises. Comment peut-on juger à coup de chiffres sans «objectiviser» à coup de règles? Comment définir la rigueur, si ce n'est qu'avec des facteurs concrets et prédéfinis?

Payer pour sa différence

L'équipe est à l'image du pays, unie dans la différence. Aucun clin d'œil politique ici. Un constat qui se traduit même physiquement chez les sportives. Les nageuses sont grandes, petites, blondes et brunes ; bref, elles sont uniques et différentes. Et unies dans leur diversité.

Or, cette différence en nage synchro ne semble pas bienvenue. Du côté de la Chine ou de la Russie, par exemple, l'unité des équipes passe aussi par une harmonie physique - toutes pareilles, pour charmer les juges et donner cette image de parfaite unité. Harmonisées dans le look autant que dans le geste. Or, on voit bien chez les Canadiennes que leurs différences jouent en leur défaveur alors qu'elle pourrait bien faire leur force.

Une culture du passé

Alors que le film nous ouvre les portes d'un monde à découvrir, on a, au vu de cette équipe fougueuse et remplie de talent, envie de crier à l'injustice. Des efforts, des énergies, des compromis, de saines remises en question, des heures de travail... qui ne les mèneront pas à Rio. À l'image des aléas et injustices de la vie? Oui, peut-être... mais le film mériterait de faire réfléchir quelque peu les hautes instances de la nage synchro pour faire changer quelques méthodes qui semblent coincées dans une subjectivité passéiste.

La quête de la perfection

Mais ce qui est beau et qui demeure, c'est le rêve renouvelé d'une équipe soudée qui persévère en laissant derrière elle ce qui aurait pu être...

Peut-être certaines d'entre elles finiront-elles leur carrière avant d'arriver à Tokyo. Quoi qu'il en soit, on sent à travers leur regard et leur force que ce n'est que partie remise. Qu'avec leur persévérance, elles gagneront peut-être même en confiance! Que leur rêve n'est pas loin. Qu'il ne se conjuguera certes pas chez les Cariocas, mais qu'il continuera de leur insuffler - jusqu'au Japon - le courage nécessaire pour qu'elles atteignent la perfection, l'inaccessible étoile tant recherchée que les vétéranes passeront aux jeunes premières. Un film à découvrir et une histoire à suivre... jusqu'à Tokyo.

Et entretemps, on peut encourager Karine Thomas et Jacqueline Simoneau qui se sont, elles, qualifiées en duo.

Le film Parfaites est diffusé en primeur tous les jours à la cinémathèque québécoise, à Montréal (sous-titres français) jusqu'au 11 août (pour les horaires, cliquez ici).

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