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Paris au mois de mars

On le célèbre et on le chante «au mois de mai», mais quand une semaine de printemps débarque en mars à Paris, c'est la fête et la ville vaut bien une chanson.
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On le célèbre et on le chante « au mois de mai », mais quand une semaine de printemps débarque en mars à Paris, c'est la fête et la ville vaut bien une chanson.

Ces dernières années, j'y étais venu dans un climat désagréable d'air frisquet, d'humidité malsaine et de brises inhospitalières. Des journées à me serrer les coudes contre les flancs, à marcher sur le bout des pieds pour me devancer moi-même vers le premier bistrot où l'air froid têtu m'accompagnait jusqu'à ma première gorgée de café chaud.

Je rentrais au Québec ensuite me réconcilier avec l'automne puis l'hiver, la franchise des saisons s'accordant avec l'idée qu'on s'en fait plutôt qu'avec celle qu'on en a. Car, on rêve Paris clément pour tous nos séjours et on n'imagine pas ses rues si belles autrement qu'agréables à la déambulation.

Cependant, on apprend.

Aussi lorsqu'on m'a annoncé l'autre semaine qu'il me fallait revenir dans la capitale française alors que les souvenirs des jours frileux de novembre dernier me hantaient encore, je n'étais pas vraiment partant.

Même que j'ai douté du soleil lui-même lorsqu'il m'a accueilli, en France, à ma descente d'avion. Mais, c'était vrai : il n'a pas décroché de tout le trajet figé dans deux heures d'une circulation apocalyptique jusqu'à Montparnasse.

Et je suis descendu de la navette d'Air France tout alangui d'une paresse de vacances en station balnéaire.

Après quelques heures à récupérer le sommeil perdu à bord de l'avion, j'ai décidé de prendre contact avec la ville. Devant mon hôtel, je n'ai pas résisté à l'appel d'une librairie et en suis sorti en lisant une biographie de Montesquieu d'Alain Juppé et en me disant que si le maire de Bordeaux est aussi bon politicien qu'écrivain, alors oui, Chirac avait raison d'affirmer à son propos : c'est le meilleur d'entre nous.

Boulevard du Montparnasse, même avec mon livre devant les yeux, j'ai deviné le rouge omniprésent du chic bistrot La Rotonde, comme quoi la couleur fétiche des anciennes maisons closes a pris bien du gallon. En face, je savais que de vielles dames distinguées espéraient la présence de jeunes messieurs bien élevés, ce que mon éditeur - qui y a pourtant ses habitudes de petits-déjeuners aux viennoises - n'a, me semble-t-il, jamais remarqué.

Tout près, j'ai failli me buter contre le chevalet publicitaire du grand restaurant La Coupole qui annonçait un menu complet à partir de 33 euros, ce qui est 1 euro de plus que l'an dernier. À la pharmacie, des gens faisaient la queue comme partout : à la boulangerie, à la boucherie, à la Poste, aux guichets des banques et de la SNCF (le métro) et même, surtout peut-être, aux toilettes publiques.

Suivaient un salon de coiffure, une papeterie, un cabinet de comptable, un cinéma, un buraliste; des odeurs insistantes de pâtisseries à peine extraites du four, celles un peu rances d'une bouche de métro et toutes ces autres trop amalgamées pour être identifiables.

Et aussi, quoique ce soit l'après-midi, des enseignes illuminées qui rappellent qu'on est dans la Ville Lumière.

Chaque fois que je levais le regard au-dessus de mon livre, je croisais des mines réprobatrices me signifiant on ne peut plus clairement que les trottoirs sont faits pour marcher et non pour lire...

Paris avait ainsi tout le caractère qu'en garde mon imagination et c'est pourquoi j'y reviens, qu'importe l'improvisation des saisons.

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