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Partez, Monsieur le président!

Dédié au président algérien, Abdelaziz Bouteflika, qui, malgré sa longue agonie, s'accroche toujours au trône.
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Dédié au président algérien, Abdelaziz Bouteflika, qui, malgré sa longue agonie, s'accroche toujours au trône.

Je suis ivre

les mots ne sortent pas

l'encre se répand sur ma chemise

mes semelles démêlent un souvenir qui n'est pas.

Comment parler d'un feu que l'on croit éteint

quand je piquais des scorpions avec des épines

quand je trempais des criquets dans le jus des olives.

Je suis né de la poudre

que les soldats lançaient

sur les oiseaux aux plumes de zéphyr

Je suis né de la mort

que l'on livrait aux portes des écoles.

Je suis né des larmes

que l'on buvait aux paupières des montagnes.

Je suis né des biberons

qui mouraient sur la poitrine des veuves.

Partez, Monsieur le président

les enfants que vous avez trahis

viendront un jour

crever votre fauteuil.

Délire du poète

perdu au large de l'Amérique

J'improvise un cerf-volant

avec des ballons de baudruche

je brode une satire

pour que les marins récoltent mes débris.

Partez, Monsieur le président

les enfants que vous avez blessés

viendront un jour

faucher votre fauteuil.

Délire de plume

rage du poète

les métaphores sont broyées

comme les grains de café des Caraïbes.

Confusion des paraboles

les nuages poussent dans la terre

le ciel est peuplé de végétaux.

La vérité est un conte ancien

qui se murmure aux somnambules.

Je suis ivre

je cherche mon pays

cette calebasse trouée

que fouettent les vents.

Je vois des vers dans un verre

je perçois du sang qui jaillit des murailles.

Je suis né des cordes et des labyrinthes

des dents et des vampires

je suis né des rats et des égouts

des cadavres et des épaves.

J'ai trouvé un territoire

égaré sur une carte de voyage

des ombres se nourrissent de guenilles

des silhouettes fabriquent des fusils.

J'écris un refrain

comme le serpent qui avale une grenouille

Partez, Monsieur le président

les enfants que vous avez bravés

viendront un jour

renverser votre fauteuil.

Le président a oublié son nom

son cul a disparu dans le trône

ses rotules respirent la poussière

des filets de bave pendent de ses yeux

les écrans crèvent son fantôme

le peuple grignote des versets

les enfants tricotent des farces

les vierges ricanent derrière leur voile.

Les cils sont grimés

tels des seins boursouflés

ils narguent les poils moites.

Je vois du sexe dans le pétrole

je vois la religion dans le sexe.

Le thé refuse le vin

le lit nargue le cercueil.

La paix est une putain

que les tyrans s'offrent

dans une orgie orientale.

Donnez-moi une cuillère

et je vous raconterai une histoire.

Je dessine la révolution

avec les os de mes ancêtres

je fredonne un cantique

que j'irai chanter au cimetière.

Partez, Monsieur le président

les enfants que vos soldats ont tués

viendront un jour

danser sur votre tombe.

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