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Le PDG de Google obligé de rappeler au Congrès américain qu'il ne fait pas les iPhone

Sundar Pichai a par ailleurs martelé qu'il n'y a pas de «biais politique» sur Google.
AP Photo/J. Scott Applewhite

Un peu comme le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg avant lui, le PDG de Google, Sundar Pichai, a dû servir de soutien technique en informatique devant le Congrès américain, mardi.

Le représentant de l'Indiana, Steve King, a demandé à Pichai pourquoi une photo de lui, ornée de mots peu flatteurs, était soudainement apparue dans l'iPhone de sa petite-fille de 7 ans qui jouait à un jeu sur l'appareil.

Plutôt mal à l'aise, Sundar Pichai a répondu que Google ne fabriquait pas les iPhone. Le représentant King a continué en ajoutant que la marque de l'appareil n'avait pas d'importance, et qu'il pouvait être de seconde main.

«Vous savez, je suis heureux de répondre lorsque je comprends les détails. Ce pourrait être une application qui était utilisée qui a reçu une notification. Mais je serai heureux de mieux comprendre le problème et de le clarifier pour vous», a répondu le PDG de Google.

Google, engin de partialité politique?

Le patron de Google a vigoureusement rejeté les accusations, portées par le président Donald Trump en personne, de "partialité" du géant de l'internet au détriment des républicains.

"Nous n'avons pas trouvé de preuve de ces accusations", a-t-il martelé, s'appuyant sur une enquête menée de "façon indépendante" qu'il est prêt à remettre aux élus américains.

À VOIR: une représentante demande pourquoi une photo de Trump apparaît lorsqu'on google «idiot». (L'article se poursuit sous cette vidéo.)

Interrogé par la commission judiciaire de la Chambre des représentants, Sundar Pichai s'est constamment érigé contre l'idée que son groupe puisse être "politiquement biaisé", répétant à de nombreuses reprises que Google "ne mettait pas en avant des informations" privilégiant un groupe, une idée. Google "fabrique ses produits de manière neutre", a-t-il insisté.

Au représentant républicain du Texas Lamar Smith, qui a affirmé avec virulence qu'il était "irréfutable" que les recherches sur Google étaient biaisées, le patron a répondu calmement: "fournir des informations de grande qualité et fiables est notre credo".

L'entreprise ne vend pas les milliards de données de ses utilisateurs, a poursuivi M. Pichai, costume et lunettes sombres, tout en reconnaissant que le fait que Google connaisse les préférences de ses consommateurs dans les moindres détails pouvait poser problème.

Pour autant, le géant de l'internet met, selon lui, un point d'honneur à respecter la vie privée et à assurer la sécurité informatique. "Nous offrons différents contrôles pour la géolocalisation par exemple. Nous rappelons que les utilisateurs peuvent surveiller le respect de leur vie privée", a-t-il expliqué.

Google "pourrait faire davantage" en éduquant mieux ses utilisateurs, a-t-il néanmoins concédé.

Le dirigeant, qui a rappelé ses origines indiennes et avoir rejoint le géant californien il y a 15 ans, a souligné que Google était déterminé à travailler avec le gouvernement américain "pour garder le pays en sécurité".

"Nous nous efforçons de nous assurer de l'intégrité de nos produits et nous avons mis en place un certain nombre de garde-fous pour nous assurer qu'ils continuent à respecter nos critères", a-t-il dit.

Je dirige cette entreprise sans biais politique et veille à ce que nos produits continuent de fonctionner pareillement.Sundar Pichai

Le site américain d'extrême droite Breitbart avait diffusé en septembre une vidéo interne à Google où l'on pouvait voir plusieurs de ses dirigeants, ainsi que des employés, regretter amèrement l'élection du républicain Donald Trump en 2016.

L'hôte de la Maison Blanche n'a, lui, jamais caché sa défiance vis-à-vis des groupes technologiques, qui ont pour beaucoup historiquement plutôt affiché des sympathies démocrates.

Il a ainsi multiplié ses attaques, accusant notamment Google de censurer les voix conservatrices et de favoriser les articles provenant de médias classés à gauche dans ses résultats de recherche.

Manipulation de l'opinion?

Bob Goodlatte, le président républicain de la commission, a lui souligné l'importance de restaurer la confiance des Américains dans une entreprise qui est "le plus grand collecteur de données que l'histoire ait jamais connu", à travers des milliards de recherches quotidiennes, de quoi faire "rougir la NSA" (National Security Agency, l'agence de renseignement électronique).

Google doit, selon lui, s'assurer que ces données ne sont pas utilisées contre ses utilisateurs. "Nous voulons plus de transparence", a-t-il demandé.

L'entreprise californienne s'est régulièrement retrouvée ces derniers mois sous le feu des critiques du président et de certains élus dénonçant, sans preuves à l'appui, la "partialité" des géants du web.

Il y a peu d'indices suggérant que Google, pour des raisons politiques, fausse les résultats de recherche, selon des spécialistes des technologies.

Le groupe est aussi fréquemment montré du doigt sur les sujets de la sécurité informatique et de sa domination du marché des moteurs de recherche sur internet.

"La protection de la vie privée et de la sécurité de nos utilisateurs est depuis longtemps une partie essentielle de notre mission", a rétorqué Sundar Pichai.

M. Pichai a aussi défendu un projet de moteur de recherche en Chine respectant les règles de censure imposées par Pékin à ses internautes, très critiqué, y compris en interne.

"Notre coeur de métier est de fournir un accès à l'information (...), un droit humain important", a-t-il argué.

Dans un communiqué mardi, l'influent sénateur républicain Marco Rubio a exhorté Sundar Pichai à abandonner ce projet, estimant que si ce moteur de recherche, baptisé Dragonfly, venait à voir le jour, l'entreprise deviendrait une "associée des oppresseurs du peuple chinois plutôt que de ceux qui sont oppressés".

Avec Delphine Touitou, Agence France-presse

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