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«Peggy Baker Dance Projects»: le côté sombre et lumineux de l’être humain

Les danseurs semblent presque dormir tout en dansant, en s'étreignant, en laissant transparaître leur côté animal, parfois violent, parfois très doux et aimant.
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Noir ou bleu sombre et blanc, ombre et lumière, tout le spectacle se conjugue sur ce thème contrasté jusqu'à l'arrivée de l'aube colorée.
Jeremy Mimnagh
Noir ou bleu sombre et blanc, ombre et lumière, tout le spectacle se conjugue sur ce thème contrasté jusqu'à l'arrivée de l'aube colorée.

Who we are in the dark, le titre du spectacle de la compagnie Peggy Baker Dance Projects, proposé dans le cadre de Danse Danse au théâtre Maisonneuve à Montréal, peut se comprendre de bien des manières: côté sombre ou caché de l'être humain, inconscient qui se manifeste au cours de ses rêves, mais aussi ses peurs, ses manques, ses fragilités voire peut-être sa lumière cachée, son besoin et sa capacité d'aimer...

Ce sont tous ces aspects de l'obscurité que Peggy Baker, associée à deux musiciens du groupe Arcade Fire, à l'artiste visuel John Heward et à l'éclairagiste de talent Marc Parent, nous présente en mettant en scène sept danseurs (trois hommes et quatre femmes), dans un ensemble de très belles chorégraphies contemporaines.

Noir ou bleu sombre et blanc, ombre et lumière, tout le spectacle se conjugue sur ce thème contrasté jusqu'à l'arrivée de l'aube colorée. Sur une très belle musique interprétée sur scène par la violoniste envoûtante Sarah Neufeld, les danseurs expriment les jeux de leurs corps et de leurs petits cris confus sur une scène ornée des œuvres picturales noires et blanches d'un peintre atypique et les vidéos projetées qui peuvent renvoyer aux images un peu folles qui hantent nos visions oniriques. Le batteur, Jeremy Gara, sait quant à lui donner à son instrument mille modulations douces et étouffées qui font presque entendre le silence de la nuit.

Les danseurs semblent presque dormir tout en dansant, en s'étreignant, en laissant transparaître leur côté animal, parfois violent, parfois très doux et aimant.

Certains passages m'ont fait penser aux gestes involontaires que peuvent avoir deux personnes qui partagent le même lit. Elles sont à la fois repliées sur elles-mêmes, dans ce retrait procuré par leurs rêves nocturnes, et quand même un peu conscientes de la présence d'un deuxième corps, qu'elles caressent de manière presque automatique puisqu'elles ne cessent pas de dormir.

Tout le spectacle est d'une grande délicatesse. Il hypnotise le spectateur par sa musique parfois lancinante, ses battements sourds, la prestation talentueuse des danseurs qui bougent leurs bras, leurs mains, l'ensemble de leurs corps comme s'ils étaient des anguilles ou réalisent des prouesses acrobatiques au ralenti.

Il y a aussi la beauté des tableaux lumineux qui renvoient aux images psychédéliques qui hantent parfois nos nuits et les immenses toiles. Molles, non tendues sur un cadre de bois, elles sont presque surréalistes dans ce contexte, un peu comme le sont les montres molles de Dali.

Who we are in the dark est un spectacle réussi sous de multiples aspects, aux nombreuses interprétations possibles, très soigné dans son esthétique visuelle et musicale, et réalisé par de merveilleux danseurs qui ne font pas seulement voir les prouesses de leurs corps, mais les font aussi entendre, en écho à la musique et au silence de la nuit.

Cet article a aussi été publié sur pieuvre.ca

Who we are in the dark: Peggy Baker Dance Projects, du 27 février au 2 mars 2019 au théâtre Maisonneuve à Montréal.

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