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«Pelléas et Melisande»: Christian Lapointe bouscule les habitudes au TNM (ENTREVUE/VIDÉO)

«Pelléas et Melisande»: Christian Lapointe bouscule les habitudes au TNM (ENTREVUE/VIDÉO)

Quelques mois après avoir fait les manchettes en lisant les mots d’Antonin Artaud pendant plus de 57 heures consécutives au FTA, Christian Lapointe revient à l’avant-plan en signant sa toute première mise en scène au Théâtre du Nouveau Monde : Pelléas et Melisande, une histoire d’amour où les mystères cachent des symboles et où l’irréel nous renvoie à notre réalité.

Acteur, auteur et metteur en scène, Christian Lapointe est un habitué des œuvres qui s’éloignent des conventions, des productions coup de gueule, des histoires qui questionnent et qui confrontent, exigeant des spectateurs une implication intellectuelle, physique et émotive de tous les instants.

Si certains observateurs de la scène théâtrale ont été surpris d’apprendre que le créateur s’associait au populaire TNM, le principal intéressé rappelle qu’il a déjà signé des mises en scène au Trident de Québec et au Centre national des arts d’Ottawa. Et surtout, qu’il ne s’attarde pas aux différences entre les habitués de l’institution dirigée par Lorraine Pintal et le public qui le suit à La Chapelle ou au FTA depuis des années.

« Pour moi, c’est important de pouvoir présenter une œuvre dans un contexte où certaines pratiques artistiques sont moins prescrites. J’aime placer quelque chose qui n’a pas l’air au bon endroit. Cela fait en sorte que les œuvres vont à la rencontre d’une plus grande diversité de points de vue. Évidemment, l’art de la mise en scène en est un de mise en contexte. On reste sensible aux habitudes d’un lieu. Mais c’est intéressant de les bousculer… »

Pour ce faire, il met en scène Pelléas et Melisande, une pièce campée dans le royaume d’Allemonde, lieu de ténèbres et de désolation où le prince Golaud rencontrera une jeune femme éplorée, Melisande, qu’il ramènera dans son château, là où elle tombera sous le charme de son demi-frère au sang bleu, Pelléas.

Une œuvre symboliste écrite en 1893 par Maurice Maeterlinck, un dramaturge pour qui Lapointe a beaucoup d’estime. « Sa langue est puissante, son travail d’écriture est exceptionnel et il travaille avec une économie incroyable. Je suis très sensible à ça. En plus, le monde qu’il décrit, qui est fait de noirceur, de famine et de gens qui meurent, fait écho à l’époque un peu glauque dans laquelle on vit. »

Disant s’intéresser davantage à ce qu’éveille une production chez les spectateurs qu’à la fiction elle-même, et se préoccupant plus des acteurs que de leurs personnages, le metteur en scène considère que le texte lui offrait amplement de matière pour s’éclater.

« Il y a dans cette pièce beaucoup d’éléments sur la représentation du temps : la friction entre le temps de l’histoire et celui de la salle, entre la fiction et la représentation. J’utilise les mots de la fiction pour parler du temps dans lequel vivent les gens dans la salle. Je cache et je dévoile tout cela à la fois. »

Friand de symboles et de métaphores, l’homme de théâtre fait un clin d’œil à l’autre passion de Maeterlinck, entomologiste reconnu qui a écrit des textes sur les abeilles et les fourmis qui ont marqué le monde de la science.

« En tenant pour acquis qu’il observait l’humanité comme un microcosme, j’ai eu envie d’utiliser des jeux de cinéma et de maquettes pour témoigner de son rapport à l’infiniment petit. Je voulais illustrer que les personnages sont dépassés par leur destinée et animés par des forces plus grandes qu’eux. L’idée de filmer des éléments en miniatures et de jouer avec les jeux d’échelles m’apparaissait très juste. »

En créant le monde romantique et fantasmé d’Allemonde, l’auteur a également imaginé des hommes et des femmes qui rappellent quelques-uns des plus grands personnages de fiction de l’histoire. « Il a eu la capacité d’embrasser l’œuvre complète de Shakespeare, en évoquant de grandes figures telles Roméo et Juliette, Hamlet, Othello et le Roi Lear. Et certains personnages des contes des Frères Grimm. On retrouve des couches et des couches de symboles qui viennent d’un répertoire qui nous est familier. C’est fascinant. »

Comptant Sophie Desmarais, Éric Robidoux et Marc Béland dans sa distribution, la pièce « Pelléas et Melisande » sera présentée au TNM du 12 janvier au 6 février 2016. Cliquez ici pour plus de détails.

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