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«Tout le monde en parle»: Pénélope McQuade s'attaque aux trolls et se confie sur l'affaire Rozon

«Notre système de justice n’est pas fait pour croire les victimes...»
Karine Dufour via Radio-Canada

Pénélope McQuade et le réalisateur Hugo Latulippe (les excellents documentaires Alphée des étoiles etCe qu'il reste de nous), étaient de passage sur le plateau de Tout le monde en parle, ce dimanche 23 septembre, pour parler du documentaire Troller les trolls, qui sera diffusé en octobre sur les ondes de Télé-Québec.

Le film tente de comprendre ce qui pousse une personne ordinaire, cachée derrière son écran, à profiter de sa liberté d'expression pour propager sa haine sur Internet.

Au cours de sa carrière, Pénélope McQuade s'est notamment fait traiter de «chienne», de «vache», de «frustrée» par d'illustres inconnus sur les réseaux sociaux, en plus d'avoir reçu des vidéos d'un homme se masturbant.

La principale intéressée explique toutefois que ce ne sont pas ces incidents qui ont été l'élément déclencheur de cette initiative.

Toute cette incapacité qu'on a à dialoguer, et on monte de 0 à 100 sur l'échelle de l'agressivité en un tweet et demi.Pénélope McQuade

«Au-delà de ce que j'ai reçu, de ce dont je peux témoigner et de ce qui m'a affectée personnellement, le point de départ de la réflexion, c'est de savoir pourquoi on se parle comme ça, a-t-elle expliqué. Pourquoi la madame avec ses chatons sur sa page Facebook me traite de cr*sse de vache?

Il y a un besoin d'exprimer une colère qui gronde, qui est réelle, et qui s'exprime de cette façon-là. Et moi je me dis qu'on le banalise, qu'on le tolère, ça fait partie de notre quotidien. J'ai de la difficulté à penser qu'une société peut vivre dans ce climat-là.»

«Sous le vernis du monde dans lequel on vit, il y a des choses peut-être inquiétantes, a renchéri Hugo Latulippe. Et Internet, le web et les médias sociaux ont permis de révéler ces choses-là. On parle de misogynie, de racisme, etc. [...] Ce que le documentaire dit, au fond, c'est que peut-être qu'on devrait s'inquiéter de ce qu'il y a sous le vernis.»

Karine Dufour via Radio-Canada

Il a ensuite été question des limites réelles de la liberté d'expression, de ce qui pourrait être fait concrètement pour surveiller ce type de comportements toxiques, et des limitations des forces de l'ordre dans ce domaine.

«Je tiens beaucoup à comprendre ce qui motive quelqu'un à écrire ce genre de commentaires à une personne en particulier, a poursuivi Pénélope McQuade. Et je suis très curieuse de savoir si la personne mesure l'impact que ça a chez celle qui le reçoit.»

«Les réseaux sociaux ont créé cette chose qu'on appelle des chambres à écho, a ensuite expliqué Hugo Latulippe. Tu te retrouves avec des gens qui pensent comme toi, que ce soit au niveau politique, que ce soit les racistes, les misogynes... et les gens se renforcissent entre eux. Et c'est ça qui peut devenir inquiétant, parce que c'a quelque chose de clos. On ne sait pas ce qui se dit dans ces cercles-là.»

«Il va falloir qu'on trouve des systèmes, parce qu'on est en train d'assister à l'éclosion et l'émergence d'une façon tout à fait différente de construire de la violence, de la haine, et de la radicalisation, a enchaîné Pénélope McQuade. Est-ce qu'il faut qu'on attende que ça se traduise par des drames dans la vraie vie pour trouver des façons d'assainir la vie numérique?»

Selon l'ONU, 73 % des femmes présentes sur le web sont victimes de violence.Pénélope McQuade

L'affaire Rozon

Pour terminer, Guy A. Lepage a demandé à son invitée de mettre le public à jour en ce qui a trait aux développements dans l'affaire Gilbert Rozon, contre qui elle a porté plainte à la police pour agression sexuelle il y a bientôt un an.

«Ça traîne, a aussitôt répondu Pénélope McQuade. C'est sûr que des causes de l'ampleur de celles de Gilbert Rozon, c'est particulier. Je pense que notre système de justice n'est pas adéquat pour traiter les crimes sexuels.

L'idée de Véronique Hivon de créer un tribunal spécial pour les violences sexuelles et conjugales est excellente, parce que dans notre système actuel, ça prend une preuve béton et un témoin.

Des témoins, il n'y en a jamais dans ces histoires-là. Et des preuves, quand ça fait 25, 30, 35 ans que tu as été agressée, c'est quasiment impossible. [...] Je pense que notre système est fait pour ne jamais envoyer personne d'innocent en prison, mais il n'est aussi pas fait pour croire les victimes.»

Le documentaire Troller les trolls sera diffusé le mercredi 3 octobre à 20 h, sur les ondes de Télé-Québec.

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