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Petit guide de la crise sociale, chapitre 1

J'ai pensé à préparer un petit guide de la crise sociale.
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Nous y sommes, le Québec à l'aube d'un nouveau printemps qui sera fort probablement riche en débats de toutes sortes. Au moment d'écrire ces lignes, plus de 30 000 étudiants du Québec ont donné un mandat de grève à leur association étudiante. Bon, pas 30 000 car il n'y a que ceux qui ont participé à l'exercice démocratique de leur association qui en ont décidé ainsi. Mais vous voyez ce que je veux dire.

Il s'avère donc de bon ton de se préparer à la chose. À la fois psychologiquement et moralement. Dans très peu de temps, beaucoup de chroniqueurs se déclarant «experts en tous genres» auront la gâchette facile, prête à tirer sur tout ce qui ose lever le ton et s'exprimer. On vous enverra des images chaotiques de ponts bloqués, de méchants étudiants qui font entendre leur voix, de travailleurs exténués du gouvernement et j'en passe.

Ces chroniqueurs, on le sait, carburent à ce genre de rendez-vous social. Ils se pourlèchent déjà à l'idée de recevoir à leur émission de jeunes paresseux qui ne volent que loafer leurs cours. Ils vous les pointeront du doigt en fronçant les sourcils, en vous disant qu'ils sont la cause de tous les problèmes du Québec. Avec un peu de chance, un journaliste à qui on aura dicter une ligne éditoriale vous tendra le micro pour que vous puissiez dire à quel point vous étiez en retard ce matin. Sans oublier un commentaire cinglant sur le fait que vos taxes sont toujours plus élevées et que les «zutudiants» en veulent toujours plus.

Cette bande de cochons, hein? Vouloir vivre dans une société où le climat social n'a pas encore trouvé sa putain. On les haït-tu, rien qu'un peu.

J'ai donc pensé à préparer un petit guide de la crise sociale. Parce qu'on va être honnête: on est sur le point d'entendre pas mal de conneries au pied carré, d'un côté comme de l'autre.

1- Fermez la télévision

Le printemps arrive, c'est une formidable saison pour mettre le nez dehors. Afin d'éviter l'effervescence de propos incongrus et d'anecdotes bancales, il est de rigueur de trouver nos informations ailleurs qu'à la télévision où les cotes d'écoute font foi de tout. Avec les nouveaux médias, on peut décider d'où proviendront nos sources d'informations. Faites-en bon usage et éclairez votre réflexion autrement qu'avec Harold Gagné qui vous montrera tout ce sang qui gicle à bord d'un hélicoptère.

2- Achetez quelques bons livres

Rien de mieux pour oublier ce triste spectacle de division sociale motivé par nos bons décideurs publics que de plonger dans le lecture d'une belle histoire qui fait du bien. Profitez-en: beaucoup de bons livres québécois arrivent sur les tablettes dans les prochaines semaines.

3- Riez de tout

«L'humour est partout et il faut rire de tout. Car lorsqu'on rigole, on oublie à quel point nos semblables peuvent être chiants». C'est l'animateur américain Jon Stewart qui avait eu cette sage réflexion. Si, par mégarde, vous allumez votre téléviseur durant ce conflit, profitez-en pour vous foutre de la gueule de ceux qui se prendront trop au sérieux durant ledit conflit. Et par «ceux», je ne nommerai personne, car ce n'est pas du tout mon genre de nommer Éric Duhaime en public. Oops.

4- Ayez l'esprit critique

Malgré tous ces bons conseils, il est fort probable qu'un de vos collègues vienne vous emmerder durant la pause-café avec une question du genre «as-tu vu ça, les manifestations?». Soyez assuré que si la question vous est posée, c'est signe d'un désir d'entreprendre une discussion sur le sujet. Soyez donc préparé à entendre un argumentaire bancal qui repose sur des données plutôt obtuses. Mon conseil était donc «ayez l'esprit critique». Je voulais dire par là que vous pouvez en profiter pour juger votre collègue de critiques du genre «son parfum est vraiment cheapette». Le choix de le dire à voix haute ou non relève de votre bon jugement.

Voilà! J'espère que ces judicieux conseils (pourquoi vous me regardez comme ça?) vous seront très utiles pour les premières semaines de ce conflit social. Comme vous pouvez le constater, il s'agit d'un premier chapitre et d'autres conseils forts intéressants (mais probablement tout aussi inutiles) vous seront gracieusement fournis par votre hôte.

P-S.: Canadien en 6.

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Avril 2018

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