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Petite histoire du vin de messe

Vous apprendrez, entre autres choses, pourquoi le vin de messe est souvent blanc alors qu'il est censé représenter le sang du Christ.
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Vous apprendrez, entre autres choses, pourquoi le vin de messe est souvent blanc alors qu'il est censé représenter le sang du Christ.

Mais avant d'aborder le sujet du vin de messe proprement dit, il serait utile de faire un bref retour en arrière afin de remonter aux toutes premières origines du vin.

Il y a bien longtemps

Le vin a fort possiblement été découvert par hasard. Quelqu'un ayant laissé des raisins macérer dans une jarre, on s'est probablement rendu compte que le liquide qui en résultait, suite à une fermentation naturelle et spontanée, était un breuvage fort agréable!

Il faut souligner que la production du vin s'est développée parallèlement à celle de la civilisation. La vigne demandant des soins à l'année longue, sa culture ne peut se faire que par un peuple sédentaire et non pas nomade.

On a découvert des traces de la fabrication du vin qui remontent à plus de 7000 ans dans le Caucase (Géorgie et Arménie) qui est perçue par certains comme le berceau de la civilisation occidentale. La vigne suit son parcours en Égypte et en Phénicie (5000 ans), en Grèce (4000 ans), et en Italie et en Afrique du Nord (3000 ans). Il y a 2500 ans, la vigne était apportée en Espagne, au Portugal et dans le sud de la France.

De par ses conquêtes, il y a plus de 2000 ans, l'empire romain apporte la viticulture dans le reste de la France alors appelée Gaule, en Allemagne, et même en Grande-Bretagne.

Tout s'écroule

Le christianisme étant devenue au 4è siècle la religion officielle de l'Empire romain, cette religion avait commencé à se répandre un peu partout sur son territoire. Mais au Ve siècle survint la chute de l'Empire sous la pression des invasions barbares.

Débute alors une période de presque mille ans (476 à 1453) nommée Moyen Âge. Lors des premiers 300 ans de cette période perturbée par les invasions et appelée Époque de la Grande Noirceur, le progrès de la civilisation s'arrête. La paix revient enfin vers l'an 800. L'Église catholique est toute puissante et le pouvoir est entre les mains des rois.

Voici ce que rapporte l'historien Jean-Baptiste Noé :

«Rome a perduré grâce aux chrétiens, et les chrétiens ne seraient pas ce qu'ils sont si Rome n'avait pas existé. Lorsque l'Empire s'est dissout et modifié, à partir du IVe siècle, et lorsqu'il a donné naissance, dans sa partie ouest, aux royautés que nous connaissons ensuite, ce sont les hommes d'Église qui ont assuré la continuité et la permanence du pouvoir politique et culturel. Ce sont les évêques et les moines qui se sont emparés de la romanité.»

Le vin et l'église

Un fait demeure. En plus d'être un élément de civilisation et un symbole d'appartenance à une classe sociale privilégiée, le vin est indispensable à la célébration de la messe, car il en faut pour l'eucharistie et il ne peut être remplacé par rien d'autre.

Le transport de biens étant plus que précaire à l'époque, les évêchés et les monastères des pays chrétiens décident de le produire eux-mêmes près de leurs propriétés et leurs travaux font grandement progresser la viticulture. Les surplus sont évidemment vendus et servent à financer les communautés. Les ordres clunisien et cistercien en sont de bons exemples, et plus près de nous, l'ordre franciscain pour la Californie.

Caractéristiques du vin de messe

Il s'agit d'un vin spécialement conçu pour la messe selon des normes bien précises. Ce vin doit être élaboré à partir de raisins fermentés sans ajout d'alcool, de substances aromatiques ou d'agents de conservation pour ne pas corrompre le fruit de la vigne. Du vin plus pur que bio, quoi!

Si vous vous demandez pourquoi le prêtre, après avoir versé le vin d'une première burette dans le calice, y ajoute toujours un peu d'eau d'une seconde burette, cliquez ici.

Et non, ce n'est pas pour couper le vin parce qu'il est trop épais et goûte mauvais! Aujourd'hui, le vin de messe est de meilleure qualité qu'auparavant, car les ecclésiastiques sont de plus en plus exigeants. Fini la piquette servie pendant la messe catholique.

Comment le commande-t-on?

Il existe au Canada une trentaine de distributeurs enregistrés qui peuvent approvisionner les communautés religieuses chrétiennes en vin de messe pour des fins liturgiques. Voici un exemple d'un distributeur basé à Québec.

Il semblerait que l'article 8 de la Loi fédérale sur l'importation des boissons enivrantes permet d'importer directement des boissons enivrantes lorsque celles-ci sont destinées à des fins sacramentelles. L'alcool ainsi ne devient plus un simple breuvage, mais un accessoire liturgique. Qui a dit que les miracles n'existaient pas?

Dans la province de Québec, 1200 lieux de culte chrétiens utilisent en moyenne une bouteille de vin de messe par semaine, pour un total de 62 400 bouteilles par année.

Et pour la couleur?

«Buvez-en tous, car ceci est mon sang... »

Voici les célèbres paroles que le Christ aurait prononcées lors de la dernière Cène. Mais puisque le sang est de couleur rouge, pourquoi alors utilise-t-on le plus souvent du vin blanc?

Autrefois, et pendant des siècles, le vin de messe était du vin rouge, ce qui est tout à fait logique puisqu'il est censé représenter le sang du Christ. Aujourd'hui, dans beaucoup d'églises chrétiennes, le vin de messe est blanc! Blanc comme le sang du Christ?

On utilise souvent du vin de messe blanc pour des raisons pratiques, à savoir :

Le vin de messe rouge, semble-t-il, revient en force de nos jours, ayant même repris la tête par rapport au vin blanc. Le Vatican, pour sa part, n'a toujours utilisé que du vin de messe rouge... et italien, bien sûr!

À mes fidèles... lecteurs, je recommande de goûter aux 6 vins qui suivent. Comme vous le savez, trouver au Québec de très bons vins à prix raisonnables relève parfois du chemin de croix. Mais j'accepte de bon cœur cette épreuve, semaine après semaine, car j'ai la passion et la foi!

Bien que ces vins ne soient pas des vins de messe, je vous incite tout de même à les déguster... religieusement! Allez-en paix et buvez-en tous.

Dernière chance pour vous inscrire au Cours d'initiation sur le vin qui débute à Montréal lundi le 19 septembre prochain! Détails ici.

Le blogue personnel d'Yves Mailloux : Club des Dégustateurs de Grands Vins

Pour vos commentaires, questions, suggestions, etc., écrivez-moi en privé à : clubdgv@gmail.com

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