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La petite phrase de Le Pen qui en dit long sur sa vision de la France

Parfois confus dans la forme, très inégal sur le fond, le débat aura néanmoins eu le mérite de faire tomber les masques.
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Le grand débat présidentiel ouvert aux onze candidats devait hier permettre à des millions de Françaises et de Français de mûrir leur vote. On peut douter que le but ait été atteint. Parfois confus dans la forme, très inégal sur le fond, il aura néanmoins eu le mérite de faire tomber les masques.

Je veux remettre la France en ordre

-- Marine Le Pen

En effet, à l'issue de cette soirée démocratique, Marine Le Pen a laissé entrevoir son réel positionnement politique: elle a substitué à son slogan de campagne traditionnel «La France apaisée», une phrase-choc, prononcée dès le début de la soirée: «Je veux remettre la France en ordre». Quasiment passée inaperçue et peu relevée par les chroniqueurs habituels de notre vie politique, cette phrase glaçante dans la bouche de la présidente du Front National a le mérite de la clarté. Nous aurons été prévenus, les efforts de dédiabolisation du Front National connaissent des limites évidentes. Débat difficile d'ailleurs pour Marine Le Pen, nos concitoyens ayant potentiellement trouvé en François Asselineau un candidat encore plus eurosceptique qu'elle, Nathalie Arthaud l'ayant presque rendue illégitime sur le terrain de la défense des ouvriers et l'ineffable Philippe Poutou ayant probablement fait mouche avec son «immunité ouvrière».

Dans une certaine mesure également, Emmanuel Macron, à l'offensive envers Marine Le Pen notamment sur l'Europe, aura été «croqué», au sens artistique, par le président de l'UPR dont la réplique «vous, vous êtes d'accord avec tout le monde» était plutôt bien vue et aura trouvé écho. Pour sa part, François Fillon, en retrait pendant une partie du débat, aura souligné l'absence de pertinence du programme économique de Marine Le Pen et démontré sa réelle maîtrise, à lui, des problématiques économiques et géostratégiques. Mais sera-t-il suffisamment audible pour convaincre les électeurs déboussolés par les affaires, sans trop souffrir des voix chassées par Dupont-Aignan, possible Taubira de la droite? Jean-Luc Mélenchon, excellent dans la forme, aura tracé son sillon et certainement accru sa dynamique positive, creusant l'écart avec un Benoît Hamon pris en tenaille.

Mais au-delà de ces performances individuelles, l'organisation de ce débat doit nous inciter à tirer les enseignements qui s'imposent.

Le malaise de notre pays déboussolé est palpable au travers des typologies de candidatures en lice: essentiellement des anti-européens, quelques pro-européens par raison et seulement un Européen de cœur se présentent devant le suffrage universel. Situation stupéfiante pour l'un des pays moteurs de l'Europe.

Le nombre de candidatures hostiles au libéralisme économique, voire totalement anti-capitalistes, est également le signe de l'inconfort de la France dans la mondialisation. La lecture de la presse internationale sur le regard porté sur notre élection présidentielle est instructive à cet égard.

Plus largement, on ne peut que constater que le système des 500 parrainages a atteint ses limites: comment concilier accès démocratique à l'élection suprême et accueil de candidats d'un niveau et d'une stature compatibles avec l'exercice de la fonction à laquelle ils prétendent?

Certains représentants de la société civile alertent haut et fort sur l'état de décomposition intime de notre système politique. Le Front National est aux portes du pouvoir pour «remettre la France en ordre». Si l'extrême droite ne l'emporte pas à cette présidentielle, il est probable que ce ne soit que partie remise pour 2022. Alors qu'attend la société civile pour réellement se préparer à exister dans notre pays? Elle aurait dû être en mesure de faire entendre sa voix dans cette élection présidentielle. Mais elle n'a pas su s'organiser, cette fois-ci, pour être à la hauteur des enjeux. Nos concitoyens aiment toujours la politique. Ils méritent que l'on soit audacieux pour sortir par le haut de ce triste moment de notre histoire politique.

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