«On n’a reçu aucun appel encore.»
Alors que les politiciens se succèdent sur la place publique pour dénoncer le traitement réservé à Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette dans les moments qui ont précédé son décès, aucun élu n’avait encore contacté la famille mercredi avant-midi, a affirmé au HuffPost Québec sa cousine, Karine Echaquan.
Encore à Joliette au lendemain de la vigile en l’honneur de sa cousine, la femme atikamekw originaire de Manawan explique que l’hôpital et le gouvernement du Québec n’ont offert «aucun soutien» à la famille depuis le décès de Joyce Echaquan dans des circonstances nébuleuses, lundi.
MISE À JOUR 2 oct. 2020: Le premier ministre François Legault a contacté l’époux de Mme Echaquan jeudi, au lendemain de la publication initiale de ce texte.
Après avoir fait plus de trois heures de route pour se rendre à Joliette, le mari et les sept enfants de Joyce, âgés de 7 mois à 22 ans, auraient passé la nuit de mardi dehors si les personnes présentes à la vigile ne s’étaient pas cotisées pour leur payer une nuit à l’hôtel, selon la cousine.
C’est même par l’entremise des médias que la famille a appris le renvoi d’une des infirmières qu’on entend proférer des insultes racistes dans la vidéo enregistrée par Joyce avant son décès.
«D’abord, j’offre mes condoléances à toute la famille», a déclaré le premier ministre François Legault en conférence de presse mardi, avant d’annoncer que «l’infirmière en question» avait été congédiée pour son comportement «totalement inacceptable». L’attaché de presse de François Legault a confirmé au HuffPost que le premier ministre n’avait pas communiqué personnellement avec la famille.
Au-delà de la façon dont il lui a été communiqué, le renvoi est loin d’apaiser la mère de Joyce, Diane Echaquan.
«Non, je ne suis pas satisfaite, a-t-elle déclaré au HuffPost. Il y a juste une infirmière qui a été renvoyée. Les autres sont encore là.»
Dans la vidéo diffusée en direct par Joyce lundi, on peut entendre au moins une autre employée tenir des propos condescendants à l’endroit de la patiente. Les membres de sa famille sont également convaincus qu’un homme était sur place et pourrait être entendu, ce que le HuffPost n’est pas en mesure de corroborer.
Diane Echaquan ne compte pas arrêter de se battre tant que les personnes qu’elle juge responsables du décès de sa fille soient «devant la justice». Selon la famille, Joyce Echaquan souffrait d’insuffisance cardiaque et on lui avait installé un stimulateur cardiaque (pacemaker) en 2014. Ses proches affirment qu’elle a reçu de la morphine alors qu’on n’aurait jamais dû lui en administrer.
La ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours, avait annoncé un peu plus tôt qu’une enquête du coroner allait avoir lieu. Le CISSS de Lanaudière a également affirmé par voie de communiqué que l’enquête interne qui avait mené au renvoi de l’infirmière était toujours en cours.
Appels de tous les partis
Des élus de tous les partis à l’Assemblée nationale ont exprimé leur indignation pour le traitement reçu par Mme Echaquan depuis mardi.
La cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade, est allée jusqu’à réclamer mercredi la démission de la ministre D’Amours, après qu’elle eut publié mercredi un communiqué de presse vantant le travail accompli avec les Autochtones depuis le dépôt du rapport Viens, il y a un an.
«C’est sérieusement rire des gens», a déclaré Mme Anglade en point de presse, qualifiant le communiqué de «véritable insulte».
Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois de Québec solidaire ont quant à eux vu le traitement vécu par Mme Echaquan comme une preuve de l’existence du racisme systémique au Québec.
Une réalité que le premier ministre Legault a encore une fois refusé de reconnaître mardi, se contentant de reconnaître qu’«il y a du racisme au Québec». «Maintenant de penser que toutes les infirmières ou que tout le système de la santé auraient eu cette réaction-là, tout le monde va dire “ben non”», a-t-il déclaré.
Seul l’élu bloquiste Gabriel Ste-Marie se serait déplacé pour la vigile mercredi soir, selon la famille. Le Parti québécois indique quant à lui que la députée de Joliette, Véronique Hivon, y était représentée par son attaché politique puisqu’elle participait à l’adoption d’un projet de loi à Québec. Elle a toutefois participé à une vigile virtuelle en l’honneur de Joyce, affirme-t-on.
Avec La Presse canadienne