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Huit milliards de litres d'eaux usées seront déversés dans le fleuve Saint-Laurent à Montréal

Huit milliards de litres d'eaux usées déversées dans le fleuve Saint-Laurent
St-Lawrence River (Québec, Canada) - vue d'avion
abdallahh/Flickr
St-Lawrence River (Québec, Canada) - vue d'avion

Le Saint-Laurent risque de dégager une odeur nauséabonde à partir du 18 octobre. De façon exceptionnelle, la Ville de Montréal va laisser une partie de ses égouts se déverser directement dans l'eau pendant sept jours, sur sa rive sud.

Un texte de Thomas Gerbet

13 mètres cubes par seconde pendant sept jours, c'est 8 millions de mètres cubes ou 8 milliards de litres, l'équivalent de 2600 piscines olympiques de déchets des toilettes, rejets d'hôpitaux et d'entreprises. Un festival de bactéries, de virus et de produits pharmaceutiques directement dans le fleuve, sans passer par l'usine d'épuration.

La dernière fois qu'un tel événement s'est produit, c'était il y a six ans, indique Philippe Sabourin, porte-parole de la Ville de Montréal. « Il n'y a pas d'autre choix possible », explique-t-il. Les travaux majeurs pour abaisser la structure de l'autoroute Bonaventure exigent de déplacer la chute d'un méga-égout du sud de la municipalité, situé directement dans la zone de travaux.

En résumé, pendant 7 jours, sur un total de 40 jours de travaux, il faudra retirer ce qui fait barrage [des cintres] dans l'intercepteur situé sous la rue Mill, entre les rues Riverside et Bridge. Les arrondissements Sud-Ouest, LaSalle, Lachine et des quartiers de Verdun et Notre-Dame-de-Grâce pourraient être touchés.

« Le fleuve a une capacité de dilution importante, avec un débit de 6000 à 7000 mètres cubes par seconde. Ce n'est pas une préoccupation majeure pour l'environnement »

— Philippe Sabourin, porte-parole de la Ville de Montréal

Philippe Sabourin s'estime tout de même « très préoccupé » pour les pêcheurs sportifs, les kayakistes et les surfeurs, notamment ceux qui pratiquent derrière Habitat 67. Des panneaux d'information destinés aux résidents seront installés sur les berges et des « communications ciblées » sont menées.

La Ville de Montréal assure par ailleurs avoir obtenu l'autorisation du ministère de l'Environnement du Québec. Jusqu'aux années 1970-1980, il était de pratique courante de déverser le contenu des égouts dans le fleuve, ce qui n'est plus acceptable aujourd'hui.

L'opposition demande qu'une autre solution soit trouvée

« On ne remet pas en question les travaux de construction d'une nouvelle chute à neige dans le Sud-Ouest, mais on a de la difficulté à concevoir qu'aucune mesure de mitigation ne pouvait être mise en place pour éviter que les eaux usées non traitées soient déversées directement dans le fleuve pendant une semaine », déclare Sylvain Ouellet, porte-parole de Projet Montréal en matière d'environnement.

« N'aurait-il pas été possible de pomper ces eaux usées vers une déviation temporaire pour éviter que le fleuve ne soit contaminé? »

— Sylvain Ouellet, porte-parole de Projet Montréal en matière d'environnement

« N'aurait-il pas été possible d'utiliser une technologie portative de traitement des eaux usées, ne serait-ce qu'un dégrillage? », demande par ailleurs Sylvain Ouellet. « S'est-on entendu avec les industries situées en amont afin qu'elles cessent temporairement de rejeter à l'égout des produits nocifs? »

On ne peut pas demander aux résidents de ne plus utiliser leurs salles de bain répond Philippe Sabourin, il y aurait des toilettes bleues partout.

La vallée du Saint-Laurent en hiver

Le fleuve Saint-Laurent en images

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