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Ils donnent de leur temps pendant la pandémie: portraits de bénévoles dévoués

Que ce soit sur le terrain ou dans le confort de leur maison, plusieurs Québécois ont répondu à l'appel du gouvernement et s'impliquent bénévolement pour soutenir leur communauté pendant la pandémie.
Ann Chrétien, bénévole pour l'organisme La Baratte à Québec
Courtoisie/Ann Chrétien
Ann Chrétien, bénévole pour l'organisme La Baratte à Québec

En tant qu’enseignante, Ann Chrétien se retrouvait avec beaucoup de temps libre devant elle lorsque la fermeture des écoles a été annoncée, il y a près d’un mois. Pour cette femme de Québec qui a l’habitude d’être active, il n’était pas question de rester cloîtrée.

Madame Chrétien a donc voulu s’impliquer dans sa communauté, et a choisi de donner de son temps à l’organisme La Baratte, qui offre notamment un service de popote roulante à une clientèle plus vulnérable.

Son père, à 76 ans, travaillait là-bas comme livreur jusqu’à tout récemment encore. En raison de son âge, il doit rester à la maison en ce contexte de pandémie, et sa fille a pris le relais.

«Je cogne, je laisse le repas à la porte, je m’éloigne et j’attends un peu. Souvent, la personne ouvre la porte, et c’est le seul bonjour qu’elle va avoir de la journée. Ces gens-là sont super reconnaissants. On voit qu’ils apprécient beaucoup le travail qu’on fait. Ça me touche beaucoup. Sur la route que je fais, la majorité vivent seuls, raconte Ann Chrétien. Je trouve ça très gratifiant.»

“Si tout le monde a peur, personne ne va aider personne.”

- Ann Chrétien

Comme tous les enseignants, elle a encore son salaire. Madame Chrétien a donc d’autant plus eu le désir de donner au suivant, et aller sur le terrain pour offrir son aide n’était pas inquiétant à ses yeux.

«Il y a un risque à prendre, pour pouvoir aider les gens. Moi, j’ai choisi de le prendre, ce risque-là. Pour moi, le besoin d’aider et de faire une différence est plus grand que la peur de l’attraper. Si tout le monde a peur, personne ne va aider personne...»

Anaïs Thibault-Landry, bénévole chez Écoute Entraide
Courtoisie/Anaïs Thilbault-Landry
Anaïs Thibault-Landry, bénévole chez Écoute Entraide

Anaïs Thibault-Landry poursuit son post-doctorat en psychologie du travail à l’Université Concordia. Dans les dernières années, elle s’est surtout consacrée à la recherche, mais en cette période de pandémie, elle a voulu donner de son temps comme intervenante pour une ligne d’écoute.

«Moi, j’ai eu beaucoup de chance, je suis allée chez mes parents dès qu’il y a eu l’annonce du confinement. Je me disais que c’est vraiment triste et que ça ne devait pas être facile pour ceux qui sont seuls pour passer à travers ça. Je me trouvais choyée d’avoir des circonstances différentes», résume celle qui n’a pas besoin de sortir de chez ses parents pour faire sa bonne action.

En appelant Écoute Entraide, des gens de partout au Québec peuvent parler, se confier et ventiler. Les bénévoles font généralement de l’écoute pour un bloc de quatre heures. En une soirée, Anaïs peut recevoir jusqu’à 15 appels.

«S‘impliquer, ça fait du bien. Ça rétablit aussi le sentiment de compétence et d’être utile à quelque chose et en même temps, les autres en bénéficient. Je pense qu’on est beaucoup comme ça; le désir d’aider est d’autant plus grand dans un contexte de crise.»

Monica Dingle à l'entrepôt de Moisson Montréal
Courtoisie/Monica Dingle
Monica Dingle à l'entrepôt de Moisson Montréal

Il y a près d’un mois, Monica Dingle entendait à la radio que le besoin de bénévoles chez Moisson Montréal, la plus grande banque alimentaire au Canada, était criant. Étant dans une période de sa vie où elle avait du temps à donner, l’avocate en droit des affaires n’a pas hésité et a rempli le formulaire pour offrir ses services.

«Je trouvais que j’étais la personne idéale pour faire du bénévolat parce que je n’avais pas de grandes responsabilités en ce moment, je n’ai pas d’enfants», explique-t-elle.

Trois fois par semaine, Monica Dingle fait une heure de transport en commun pour se rendre à l’entrepôt. Les bénévoles de tous les âges préparent des paniers qui sont ensuite distribués auprès de différents organismes communautaires de Montréal.

“Certaines personnes vivent de ces paniers. C’est un service essentiel, les banques alimentaires.”

- Monica Dingle

Chose certaine, cette expérience contraste beaucoup avec son quotidien dans les cabinets d’avocats. «C’est complètement un autre monde! Je suis habituée de préparer des contrats, de négocier des choses à l’ordinateur ou par téléphone, mais il n’y a rien de concret, illustre l’avocate. Chez Moisson Montréal, c’est vraiment du travail manuel et l’entrepôt est vraiment impressionnant.»

Monica Dingle est consciente de ses privilèges et a voulu redonner à ceux qui vivent dans une situation plus précaire. «Quand le confinement a été annoncé, j’ai pu faire une grande épicerie et stocker mes placards dans ma cuisine, mais il y a des gens qui ne peuvent vraiment pas faire ça, se désole-t-elle. Certaines personnes vivent de ces paniers. C’est un service essentiel, les banques alimentaires.»

Alors que l’avocate s’est impliquée bénévolement à différents moments dans sa vie, elle a réalisé que dans ce contexte de crise, beaucoup de gens font du bénévolat pour la toute première fois. «J’espère que ça va être une des belles retombées de la pandémie, que les gens vont continuer de s’entraider et de donner un peu de leur temps.»

Pascal Marcil, bénévole pour la Fondation INCA
Courtoisie/Pascal Marcil
Pascal Marcil, bénévole pour la Fondation INCA

Depuis déjà plusieurs années, la Fondation INCA offre des groupes de soutien et d’entraide aux personnes en situation de perte de vision, et pendant la pandémie, des cafés-rencontres virtuels sont proposés aux Québécois de partout en province.

Pascal Marcil, bénévole pour l’organisme depuis plusieurs années qui a lui-même perdu la vue à l’âge de 30 ans, anime certains de ces groupes grâce à son expérience en intervention sociale.

«On ne voulait pas laisser les gens tomber. On sait qu’il y en a beaucoup qui sont isolés», soutient-il, précisant que les trois quarts des participants sont âgés de plus de 70 ans, et que plusieurs vivent seuls.

«Je me dis que si je peux mettre un peu la main à la pâte, il va y avoir peut-être moins de personnes qui vont être isolées. C’est sûr que ça me réconforte aussi de savoir que j’ai certaines connaissances et aptitudes qui font que je peux encore aider, confie l’intervenant, qui n’est plus disposé à travailler depuis près de cinq ans en raison de problèmes de santé.»

“Si la moitié des gens donnaient une heure ou deux par semaine, ça irait tellement mieux partout.”

Ces cafés virtuels sont l’occasion de s’informer sur la situation actuelle, mais pas seulement! «Le but, ce n’est pas juste de déprimer et qu’on soit encore plus à terre en finissant chaque rencontre qu’on fait!» affirme Pascal Marcil en riant. C’est aussi l’occasion d’échanger des conseils, de se changer les idées et de jouer ensemble à distance.

Selon le bénévole, l’implication du plus grand nombre de citoyens en tout temps est importante, entre autres pour la survie des organismes communautaires.

«On ne demande pas des jours ou des semaines complètes. Si la moitié des gens donnaient une heure ou deux par semaine, ça irait tellement mieux partout. Ce serait magique!»

Les Québécois qui souhaitent faire du bénévolat peuvent consulter le site JeBénévole.ca, qui regroupe des offres de partout en province.

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