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Le PQ nouveau doit arriver

DÉBAT DE BLOGUES - Nos convictions sont intactes. Notre projet est aussi moderne qu'au premier jour. L'expérience étrangère - Écosse, Catalogne, Brexit - nous donne raison sur la forme et sur le fond. Notre défi n'est pas de redéfinir notre objectif, notre projet, mais de régénérer notre organisation pour la mettre au diapason des citoyens d'aujourd'hui.
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Le Parti québécois n'est pas vieux. Comme tous les grands partis démocratiques, il a atteint sa maturité et connaît des périodes fastes et des périodes creuses. Des partis établis, comme lui, qui avaient perdu pied ont su se régénérer et retrouver le contact avec l'électorat. Pensons à la « Génération Mitterrand » du Parti socialiste français, au succès de Barack Obama pour le Parti démocrate ou, plus près de nous, à la vague orange puis au renouveau d'un Parti libéral du Canada qu'on croyait moribond au lendemain du scandale des commandites.

Il n'y a donc pas de fatalisme. Le Parti québécois est là pour durer. Il n'est pas tuable. Mais rarement la mort d'un parti n'aura été aussi souhaitée, prévue, prédite. Quelques mois avant l'élection historique de René Lévesque en 1976, Pierre Trudeau avait annoncé la mort du séparatisme. Après le référendum de 1980, l'avis de décès était tel que les sondeurs ont arrêté de poser la question pendant plusieurs années. Lorsque, en 1994 et 1995, un porte-parole fédéraliste a annoncé qu'il fallait « écraser » les souverainistes, c'est qu'il croyait vraiment que le résultat référendaire serait catastrophique pour le Oui. C'est ce que disaient les analyses internes du bureau du premier ministre fédéral. Puis, quelques années après 1995, l'édition canadienne de Time montrait une pierre tombale pour représenter notre mouvement. Au lendemain de l'élection de 2014, la couverture de Maclean's décrétait « l'effondrement épique du séparatisme québécois ».

Pourtant, nous sommes toujours debout. Le parti le plus important au Québec. Avec davantage de membres que tous les autres partis réunis. Nos amis fédéralistes québécois, eux, ont abandonné leur rêve : celui d'un Canada renouvelé, qui reconnaîtrait l'existence de la nation québécoise et qui accepterait son autonomie. Eux sont orphelins. Eux ont baissé les bras. À l'approche du 150e anniversaire du Canada l'an prochain, ils n'osent même plus évoquer la possibilité que la loi fondamentale canadienne, la constitution adoptée sans nous et contre nous il y a 34 ans, puisse être réparée. Leur reddition est totale.

Nos convictions sont intactes. Notre projet est aussi moderne qu'au premier jour. L'expérience étrangère - Écosse, Catalogne, Brexit - nous donne raison sur la forme et sur le fond. Notre défi n'est pas de redéfinir notre objectif, notre projet, mais de régénérer notre organisation pour la mettre au diapason des citoyens d'aujourd'hui.

Un parti à l'image du Québec d'aujourd'hui et de demain

« Où sont les jeunes qui étaient avec René Lévesque à la création du Parti », entend-on parfois ?

Et bien ils sont encore là, dans les salles où nous les avons rencontrés, de Gaspé à Val d'Or. Ils ont pris de l'âge, mais sont toujours vaillants, actifs, engagés. Il y a chez eux une résilience qui force l'admiration. Il n'y a rien de mal, au contraire, à ce que notre formation attire les appuis des baby-boomers et des jeunes retraités. Leur expérience, leur solidité nous sont précieuses, comme leur fidélité à leurs rêves de jeunesse.

La question qu'on doit se poser: « Où sont les autres? ». Ce dimanche, j'étais heureux de présenter une trentaine d'appuis montréalais : ils étaient de tous les âges, de tous les milieux, de toutes les origines. Unis dans une même campagne. Un beau moment de rassemblement. Une bande-annonce du Parti québécois que je veux construire avec eux et avec vous.

Pour intéresser la jeunesse, a dit Jean-Martin Aussant, il faut être intéressant. Certes, mais comment ? En devenant leur gouvernement, branché sur leur sensibilité.

D'abord chez les jeunes. Notre effort doit être important, constant, multiforme. D'abord en offrant aux jeunes du Parti québécois le statut, les moyens, l'importance qu'il faut pour qu'ils deviennent un pôle d'attraction majeur de toute la jeunesse québécoise. Seuls, et souvent avec les organisations jeunes des autres partis souverainistes, ils doivent élargir leur place, brasser la cage, insuffler un vent nouveau dans le dialogue indépendantiste, social, environnemental du Québec. En un mot : ils doivent déranger, y compris le futur chef.

Pour intéresser la jeunesse, disait ce samedi Jean-Martin Aussant, il faut être intéressant. Certes, mais comment ? En devenant leur gouvernement, branché sur leur sensibilité. Le Parti québécois que je dirigerais redeviendrait résolument vert pour faire du Québec une nation exemplaire de la planète dans la lutte au changement climatique. Premier ministre, je mettrais immédiatement en œuvre ma proposition de créer une Agence québécoise de la solidarité internationale, véritable pont des jeunes québécois vers l'étranger. Un gouvernement du Parti québécois environnementaliste et activement branché sur le monde, luttant au surcroît contre les inégalités de revenus, voilà des moyens de redevenir l'interlocuteur valable de la jeunesse et pouvoir ainsi engager le dialogue sur d'autres plans, dont l'indépendance.

Je propose aussi de remettre en scène le côté festif du projet indépendantiste en lançant chaque été la « Souveraine tournée » à la rencontre de la jeunesse québécoise. De jeunes chanteurs, humoristes, créateurs indépendantistes pourront renouveler la culture indépendantiste québécoise, pour notre plus grand bien.

La diversité indépendantiste

Lors de la campagne au leadership de l'an dernier, j'avais lancé l'idée de créer les « Bold anglos for independance » (Les anglophones audacieux pour l'indépendance.) Désormais, ils existent, sous la bannière des Anglos for Québec Independence et ils sont déjà une cinquantaine. J'en suis ravi.

Dans ma campagne cette année, des membres des communautés hispano, juive, haïtienne, kabyle, libanaise, et plusieurs autres, jeunes et vieux ont vendu des cartes de membres dans leurs communautés et m'ont épaulé.

C'est une autre bande-annonce du Parti québécois que je souhaite pour bientôt. Le comité représentant, dans les instances du PQ, les Québécois d'adoption doit être recréé de toute urgence. Des équipes responsables de porter notre projet dans les communautés doivent être mises sur pied pour entreprendre un travail sérieux, constant, de longue haleine. Des représentants de la diversité doivent être présents dans chacun des exécutifs des circonscriptions. (Idem pour les anglophones).

Les assemblées du parti doivent, rapidement, refléter plus justement la réalité métissée qui est celle du Québec d'aujourd'hui et de demain.

Ouvrir portes et fenêtres

Avec Justin Trudeau, il est aussi facile de devenir membre du Parti libéral du Canada que de répondre à une demande d'amitié sur Facebook (ou de prendre un selfie!). C'est déconsidérer, à mon avis, les droits et devoirs des citoyens qui décident de s'engager dans la vie politique en prenant une carte de membre.

Cependant il faut prendre acte de la réalité nouvelle. Au Québec comme ailleurs, l'affiliation à un grand parti est moins attractive qu'auparavant. On milite pour des causes, ponctuellement, puis on passe à autre chose.

Il faut donc ouvrir le Parti québécois à cette volonté du militantisme à géométrie variable. Ouvrir nos consultations aux non-membres. Permettre que des propositions soient soumises, des questions posées, des actions organisées, sans que chacun ait à exhiber leurs cartes.

L'information doit circuler plus librement au sein du parti. Les initiatives locales doivent être encouragées, plutôt que contrôlées.

La grande occasion manquée est évidemment la course à la direction. Avec mon collègue Alexandre, j'avais milité l'an dernier pour l'ouverture du vote aux non-membres. Dans un premier temps, les membres auraient choisi les quatre candidats finalistes. Dans un second, tous les citoyens prêts à signer une déclaration attestant qu'ils partagent les valeurs du PQ auraient pu participer au vote. Nous aurions partagé avec eux ce que nous avons de plus précieux. Un beau geste d'ouverture.

Je souhaite que cette possibilité soit inscrite dans nos statuts, lors du Congrès de l'an prochain. Je souhaite aussi qu'on utilise beaucoup plus internet pour consulter nos membres sur les grands sujets d'actualité et qu'on ouvre ces consultations aux sympathisants.

L'information doit circuler plus librement au sein du parti. Les initiatives locales doivent être encouragées, plutôt que contrôlées. Et il est grand temps que le Parti dispose d'un attaché de liaison à plein temps, à Québec, pour alimenter notre action dans la Capitale nationale et dans Chaudières-Appalaches.

Le Parti, mais pas seulement

Nous devons incarner cette volonté d'ouverture et de renouveau au-delà de nos instances. Si je suis élu chef, je voudrais que notre formation fasse la promotion d'une Assemblée nationale plus citoyenne qu'auparavant:

  1. Que chaque mois, une période de questions soit consacrée à des questions de citoyens, choisies parmi les questions proposées par le secrétariat de l'Assemblée. Les questions pourraient être adressées à n'importe quel député ;
  2. Que les consultations portant sur des projets de loi soient ouvertes à recevoir des suggestions de citoyens. La présidence de l'Assemblée présenterait, à la fin de chaque période de consultation, le « mémoire des citoyens » faisant la synthèse des remarques reçues ;
  3. Que, lorsqu'une pétition est signée par au moins 50 000 citoyens, ses promoteurs soient automatiquement invités à venir présenter leur point de vue devant les membres de la Commission parlementaire chargée du sujet en question ;
  4. Que chaque député soit tenu d'organiser une assemblée citoyenne de consultation à la veille de chaque session parlementaire, donc en septembre et en février de chaque année, pour prendre le pouls de ses électrices et électeurs ;
  5. Que les « interpellations du vendredi » qui sont censées permettre un échange de fond entre un membre de l'opposition et du gouvernement le soient vraiment. La formule figée de monologues alternés doit être remplacée par un échange plus libre, à la hauteur de la qualité de nos parlementaires.

Il faut donc un vent de fraîcheur dans notre parti et dans notre vie politique. Depuis sa création, le Parti québécois a toujours su innover. En réformant en profondeur le financement politique (en 1977, puis en 2013). En instaurant le suffrage universel des membres pour le choix de son chef. En se dotant d'instances démocratiques. Il doit innover encore. Démontrer ainsi qu'il est aujourd'hui, autant qu'à sa création il y a bientôt 50 ans, de loin le meilleur véhicule pour porter le Québec vers l'avenir.

Dans les cadre des débats de blogues organisé par Le Huffington Post Québec, découvrez les billets des trois autres candidats à la chefferie du PQ:

>Miser sur la force de notre équipe - Alexandre Cloutier

>Un leadership rassembleur et tourné vers le pays - Martine Ouellet

>Changeons la culture démocratique du PQ - Paul Saint-Pierre-Plamondon

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