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La présidence Trump racontée par celles et ceux qui en ont été les victimes

Des incitations à la violence à la séparation des familles de migrants, les conséquences des politiques du gouvernement de Donald Trump et de son discours se feront sentir encore longtemps.
Illustration: Damon Dahlen/HuffPost; Photos: Getty/Reuters
Illustration: Damon Dahlen/HuffPost; Photos: Getty/Reuters
Illustration: Damon Dahlen/HuffPost; Photos: Getty/Reuters

ÉTATS-UNIS - Une semaine seulement après le début de son mandat, Donald Trump a bouleversé la vie de dizaines de milliers de personnes d’une simple signature.

Au cours de sa campagne, il avait promis de restreindre l’immigration musulmane aux États-Unis. Il a tenu sa promesse en signant un décret, son cinquième, qui interdisait l’entrée sur le territoire de personnes venant de sept pays majoritairement musulmans.

Aussitôt, ce fut la panique. Des voyageurs étaient bloqués dans les aéroports, des familles se retrouvaient séparées et des réfugiés qui pensaient être enfin en sécurité furent soudain abandonnés.

Ce n’était là qu’un avant-goût. Au cours des quatre années qui ont suivi, Donald Trump a multiplié les décisions politiques, les actions et les déclarations qui ont fait souffrir des centaines de milliers de personnes, principalement issues des minorités ethniques: les Latino-Américains qu’il a diabolisés, la population noire qu’il a dénigrée à la suite de manifestations contre le racisme et les brutalités policières, les musulmans qu’il n’a cessé d’attaquer, les personnes transgenres dont il a autorisé le licenciement et les mesures discriminatoires, et les Américains d’origine asiatique qu’il a insultés.

Le président américain a séparé des milliers d’enfants immigrés de leurs parents dans le cadre d’une politique qui restera à jamais gravée dans l’histoire comme l’une des plus cruelles de son gouvernement. Il a minimisé l’impact du coronavirus, qui a déjà coûté la vie à près de 400.000 Américains. Il a exhorté ses partisans à s’attaquer à ses prétendus ennemis: les démocrates, et notamment les femmes issues de minorités ethniques comme la députée Ilhan Omar, les lanceurs d’alerte comme le lieutenant-colonel Alexander Vindman, le personnel électoral, qu’il soupçonnait de participer à une vaste fraude, et les agents de la santé publique qui lui demandaient de mettre en place des mesures plus rigoureuses pour enrayer la propagation de la Covid-19.

Il a manifesté son soutien aux ultranationalistes et aux néonazis, qualifiés de “gens très bien” après une manifestation à Charlottesville (Virginie). Il a qualifié Haïti et les pays africains de “trou du cul du monde”, une opinion qu’il aurait concrétisée par le biais d’actions visant à restreindre encore l’immigration s’il avait eu l’aval du Congrès. Il a insulté les femmes qui l’accusent d’agression sexuelle. Il a encouragé ses partisans à s’opposer à la certification des élections, après quoi le Capitole a été le théâtre d’une insurrection la semaine dernière. Cette action lui a valu une deuxième procédure de destitution.

Aux États-Unis, le souvenir de l’ère Donald Trump restera pour beaucoup synonyme de souffrance, une période durant laquelle l’homme le plus puissant du monde, qui était censé être le président de tous les Américains, les a pris pour cible.

Nous avons demandé à 14 personnes de nous dire, avec leurs mots, à quoi ressemblait leur quotidien sous cette présidence.

Jessica Drake lors d’une conférence de presse organisée à Los Angeles le 22 octobre 2016. Elle accuse Donald Trump de l’avoir empoignée et embrassée contre son gré en 2006. (AP Photo/Ryan Kang)
ASSOCIATED PRESS
Jessica Drake lors d’une conférence de presse organisée à Los Angeles le 22 octobre 2016. Elle accuse Donald Trump de l’avoir empoignée et embrassée contre son gré en 2006. (AP Photo/Ryan Kang)

22 octobre 2016

Jessica Drake, actrice de films pornographiques, réalisatrice et formatrice en éducation sexuelle, a accusé Donald Trump de l’avoir attrapée par le bras et embrassée sans son consentement en 2006, mais aussi de lui avoir proposé 10.000 dollars pour coucher avec lui lors du tournoi de golf annuel de Lake Tahoe.

À l’époque, Trump avait taxé ses allégations de “pure fiction”, et sa campagne électorale n’a eu de cesse de diffamer Jessica Drake pour la discréditer. Il a ensuite insinué que ces accusations n’avaient pas de valeur, car elles émanaient d’une actrice de films X.

“J’étais terrorisée à l’idée de révéler ce qui s’était passé. Ce n’est pas une décision que j’ai prise à la légère. Je savais qu’elle changerait irrémédiablement le cours de mon existence. Mais il fallait que je dise ce qui m’était arrivé, et que je le fasse avant les élections.

Le fait que son équipe de campagne réfute mes accusations était frustrant mais prévisible. Je savais qu’ils fonctionnaient ainsi. Mais quand je l’ai entendu dire à la radio: “Une [femme] a dit que je lui avais attrapé le bras. Et c’est une star du porno! Je suis sûr que ça ne lui était jamais arrivé!”, ça m’a mise hors de moi. Mon métier n’a rien à voir avec ce dont je l’accusais.

Lorsqu’il a remporté les élections, j’ai d’abord eu l’impression que rien de ce que j’avais dit ou fait n’avait eu d’importance. J’étais anéantie. Aujourd’hui encore, ses partisans continuent de me détester. Je reçois des messages de haine sur les réseaux sociaux. Mais il y a aussi des personnes qui m’ont remerciée, et certaines des autres femmes qui ont révélé des faits similaires de Donald Trump m’ont témoigné leur soutien. La décision que j’ai prise a marqué un tournant dans ma vie. J’avais toujours été un peu militante mais le fait de me manifester publiquement m’a engagée dans une voie dont je ne me détournerai pas.”

― Interview: Alanna Vagianos

Mina Mahdavi n’a pas obtenu l’autorisation de faire venir sa mère d’Iran.
Avec l’aimable autorisation de Mina Mahdavi
Mina Mahdavi n’a pas obtenu l’autorisation de faire venir sa mère d’Iran.

27 janvier 2017

Donald Trump a tenu sa promesse de “fermeture totale” des frontières aux musulmans avec un décret interdisant aux ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane d’entrer sur le sol américain. La mesure a été contestée par les tribunaux, confirmée par la Cour suprême, révisée et étendue. Des milliers de personnes ont ainsi été séparées de leur famille et de leurs proches pendant des années. Elles ont raté des mariages, des enterrements et diverses opportunités universitaires et professionnelles.

C’est notamment le cas de Mina Mahdavi, 39 ans, ingénieure californienne en cybersécurité, qui n’a pas pu faire venir sa mère d’Iran à cause de cette interdiction.

“Ma mère aime voyager. Quand je vivais au Canada, elle est venue me voir. Elle a voyagé partout en Europe. Elle est venue me rendre visite deux fois aux États-Unis. Et puis, en 2016, j’ai décidé d’avoir un enfant et je prévoyais d’avoir ma mère à mes côtés.

Mon fils est né en mai 2017 et j’étais toujours dans le déni. Je me disais qu’il devait y avoir une clause dérogatoire, qu’elle pourrait venir. Peut-être pas les premiers mois, mais qu’elle finirait par y arriver. Après avoir essuyé un refus quinze ou seize mois plus tard, j’ai commencé à comprendre. Ma mère ne peut plus venir. Point à la ligne.

J’ai fait une dépression. C’est dur. Je ne sais pas comment en parler. C’est vraiment dur.

Au début je gardais espoir. Peut-être pas maintenant, mais ça viendra. Pas aujourd’hui, mais la semaine prochaine. Elle avait même fait ses bagages. Elle était prête. Dès qu’elle obtiendrait le visa, elle prendrait l’avion. J’imagine qu’à la longue elle a commencé à défaire ses bagages.

Quand je vois des gens au jardin d’enfants avec leurs petits-enfants, un grand-père ou une grand-mère, je ne comprends pas pourquoi je n’y ai pas droit. Pourquoi mon enfant n’y a-t-il pas droit? J’en pleure encore. Ça fait déjà quatre ans.”

― Interview: Rowaida Abdelaziz

Le sous-officier Brock Stone s’adresse aux journalistes le 9 novembre 2017 à Baltimore. Il fait partie des plaignants qui ont entamé une action en justice pour faire annuler l’interdiction faite aux personnes transgenre de servir dans l’armée. (Photo by Jason Andrew for The Washington Post via Getty Images)
Jason Andrew/The Washington Post/Getty
Le sous-officier Brock Stone s’adresse aux journalistes le 9 novembre 2017 à Baltimore. Il fait partie des plaignants qui ont entamé une action en justice pour faire annuler l’interdiction faite aux personnes transgenre de servir dans l’armée. (Photo by Jason Andrew for The Washington Post via Getty Images)

26 juillet 2017

Dans une série de tweets, Donald Trump a annoncé sa décision d’interdire aux personnes transgenres de servir dans l’armée. Selon cette mesure controversée, entrée en vigueur le 12 avril 2019, les personnes trans ont le droit de s’enrôler uniquement en fonction du genre qui leur a été attribué à la naissance. Ce décret bloque non seulement leur recrutement mais contraint aussi les militaires qui ont déjà fait leur transition à retourner dans le placard.

Brock Stone, dans la marine depuis 11 ans, compte parmi les transgenres concernés par cette interdiction. À 37 ans, il fait partie d’un collectif qui a porté plainte contre le gouvernement.

“Je me souviens que j’étais terrifié. J’ignorais combien de temps cela prendrait, quelles seraient les procédures légales. Ça venait du chef des armées. Est-ce que j’aurais droit à un préavis d’un mois une fois qu’il aurait donné le feu vert? Est-ce que je retrouverais rapidement du boulot? Je n’en avais aucune idée.

Par-dessus tout, je regrettais d’avoir fait mon coming-out. J’étais en colère parce que j’avais gagné en visibilité, et ils essayaient de m’effacer. Ils ne me demandaient pas de détransitionner mais de partir.

À mes yeux, l’armée n’est pas un travail comme un autre. À l’époque, j’étais plutôt fier d’en faire partie. J’avais l’impression d’appartenir à une grande famille. Je ne le comparerai pas à une expérience religieuse mais j’ai eu comme une crise spirituelle. Tout un pan de ma vie était remis en question.

Je me souviens du jour où on m’a demandé de me joindre à l’action en justice. Je n’ai pas accepté tout de suite. Et puis je me suis dit: soit tu attends que quelqu’un le fasse à ta place, soit tu prends les choses en main. Aujourd’hui, je sais que j’ai fait le bon choix.”

― Interview: Alanna Vagianos

Lisa Woolfork porte un masque “Black Lives Matter” pendant une manifestation contre le racisme à Charlottesville (Virginie), le 30 mai 2020. (Photo by Ryan M. Kelly / AFP)
RYAN M. KELLY/AFP
Lisa Woolfork porte un masque “Black Lives Matter” pendant une manifestation contre le racisme à Charlottesville (Virginie), le 30 mai 2020. (Photo by Ryan M. Kelly / AFP)

12 et 15 août 2017

Le week-end du 11 août 2017, des ultranationalistes ont envahi Charlottesville (Virginie) pour un rassemblement d’extrême droite. Dans la foule, qui scandait des slogans racistes et antisémites, se trouvaient des néonazis et des membres d’autres groupes similaires. Une voiture a foncé dans des contre-manifestants, entraînant la mort d’une jeune femme, Heather Heyer.

Le lendemain, Donald Trump a réagi aux violences en condamnant “fortement ces manifestations de haine, de sectarisme et de violence venant de divers camps”. Il a défendu ses commentaires le 15 août en ajoutant qu’il y avait “des gens très bien des deux côtés”, et prétendu qu’il faisait référence à ceux qui manifestaient contre le déboulonnage des monuments érigés en hommage aux Confédérés et aux racistes.

Lisa Woolfork, militante antiraciste à Charlottesville, revient sur la portée de ces déclarations.

“J’étais au carrefour quand le suprématiste a foncé dans la foule avec sa voiture. Je me rappelle avoir entendu un grand bruit, et puis j’ai vu une chaussure qui volait à cinq ou six mètres de haut. C’était le chaos. Le chaos total.

Trump s’est exprimé tout de suite après. On n’avait même pas complètement pris la mesure de ce qui s’était passé. J’étais dans mon salon quand mon mari a lu à voix haute la déclaration du président. J’en ai eu des frissons. C’était comme si quelqu’un m’avait versé sur la tête un seau d’eau glacée, qui me dégoulinait sur tout le corps. J’étais furieuse. C’était le comble. Il y avait déjà des blessés. Et voilà que le président des États-Unis en rajoutait une couche. Ses mots reflétaient tout ce que nous savions depuis longtemps sur son gouvernement: ils avaient choisi leur camp et s’adressaient à leur base, celle qui incarne les tendances racistes, suprématistes et fascistes qui gangrènent la démocratie américaine. C’est aussi ce qui se passe quand on ne reconnaît pas que la démocratie américaine a toujours renfermé en son sein une forme de racisme et de suprématisme blanc.

Après les messages subliminaux, ce gouvernement a exprimé son message haut et fort. On ne peut pas le retirer. Le mal est fait.”

― Interview: Elise Foley

Gabriela Cruz, une “Dreamer” à Santa Cruz (Californie) a été la victime de la politique anti-immigration du gouvernement.
Avec l’aimable autorisation de Gabriela Cruz
Gabriela Cruz, une “Dreamer” à Santa Cruz (Californie) a été la victime de la politique anti-immigration du gouvernement.

5 septembre 2017

Donald Trump a annoncé qu’il mettait fin au programme Deferred Action for Childhood Arrivals (DACA). Mis en place par le gouvernement Obama, ce dispositif octroyait un permis de travail temporaire et un sursis permettant d’éviter une expulsion à 800.000 jeunes sans papiers, arrivés enfants sur le territoire des États-Unis. Cette décision a été suspendue par les tribunaux.

Gabriela Cruz, 31 ans, est l’une de ces jeunes que l’on surnomme les “Dreamers”. Elle vit à Santa Cruz (Californie) et travaille pour le réseau militant United We Dream, et sa branche politique, United We Dream Action.

“J’étais tellement abasourdie ce jour-là que je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il se passait. Je suis arrivée aux États-Unis quand j’avais un an. Je vis donc ici depuis 30 ans. J’ai dû attendre l’âge de 23 ans pour bénéficier du DACA. J’avais réussi à construire une carrière, acquérir une certaine stabilité. J’avais enfin cessé d’avoir peur. Au bureau, je me suis dit: “Tiens bon jusqu’à 17 h, après tu pourras pleurer, tu pourras faire ce que tu voudras, tu pourras lâcher prise.”

Je n’avais jamais vraiment participé à une manifestation mais j’avais besoin d’être avec les autres. J’ai fabriqué une grande pancarte sur laquelle j’ai écrit “Santa Cruz Dreamer”. C’était la première fois que je me décrivais ainsi, et même la première fois que j’exprimais publiquement mon histoire.

Ces quatre années ont été vraiment horribles. Elles m’ont épuisée mentalement et physiquement. Aujourd’hui, je sens que je peux enfin prendre soin de moi. J’en étais incapable jusqu’à présent, parce que je luttais pour survivre.”

― Interview: Elise Foley

Javier Garrido, immigré hondurien, a été séparé de force de son fils de quatre ans pendant trois mois.
Avec l’aimable autorisation de Javier Garrido
Javier Garrido, immigré hondurien, a été séparé de force de son fils de quatre ans pendant trois mois.

6 avril 2018

En 2018, le ministre de la Justice de l’époque, Jeff Sessions, annonçait la mise en œuvre d’une politique migratoire “tolérance zéro”. Les enfants de migrants devaient être séparés de leurs parents, ces derniers étant placés en détention dès leur entrée sur le territoire américain. Cette mesure avait provoqué un tollé national, notamment après la parution de photos montrant de jeunes enfants traumatisés. Un an plus tard, sous la pression de législateurs et d’avocats, Donald Trump signait un décret abrogeant cette mesure.

Javier Garrido, 33 ans, immigrant hondurien, est arrivé aux États-Unis avec son fils âgé de 4 ans à l’époque, dont il a été séparé pendant trois mois.

“Quand j’ai pris la décision de fuir, c’était une question de vie ou de mort. J’ai quitté mon pays en mars 2018. Je me suis rendu aux autorités et demandé l’asile. Ils m’ont incarcéré pendant trois jours et m’ont enlevé mon fils. Ils me l’ont pris. Ils m’ont laissé à la frontière, au Texas, et ont emmené mon fils à New York.

C’était dur. Je n’aurais jamais imaginé qu’ils me l’enlèveraient. Si j’avais su, je serais resté dans mon pays et j’aurais affronté toute cette violence plutôt que d’être séparé de mon fils. Quand ils l’ont emmené, la première chose que l’officier m’a dite, c’est qu’ils allaient le mettre à l’adoption ici, aux États-Unis. C’était horrible. Si j’avais su qu’ils me prendraient mon fils, je ne serais pas venu.

Ça a duré trois mois, moi quelque part et mon fils ailleurs. Ils m’ont dit qu’ils me déporteraient avec lui, mais j’ai dit que je m’en fichais, du moment que je le retrouvais, que je repartirais au Honduras et que je demanderais l’asile ailleurs, mais que je voulais mon fils.

Le jour où s’est retrouvés, c’était le plus beau jour de ma vie, aussi beau que le jour de sa naissance. J’étais tellement heureux quand ils me l’ont rendu! Je devenais fou à me demander si je le retrouverais un jour, ou si une famille finirait par l’adopter.

Séparer une famille, c’est la chose la plus triste qu’ils puissent faire. Je ne le souhaite à personne. Je pense qu’ils ne devraient pas faire ça. Si quelqu’un arrive ici avec ses proches, ils devraient les renvoyer ensemble, pas les séparer. C’est trop dur.

J’ai passé environ deux mois sans aucune nouvelle de mon fils, sans savoir où il était. Je ne savais rien. J’ai dû appeler des proches au Honduras, pour qu’ils se renseignent. Je ne souhaite à personne de vivre ça.”

― Interview: Rowaida Abdelaziz

Ashante Clay fait partie des 1.2 de contractuels qui ont subi de plein fouet les effets de l’impasse budgétaire gouvernementales, pendant 35 jours en décembre 2018 et janvier 2019.
Courtesy Ashante Clay
Ashante Clay fait partie des 1.2 de contractuels qui ont subi de plein fouet les effets de l’impasse budgétaire gouvernementales, pendant 35 jours en décembre 2018 et janvier 2019.

Janvier 2019

Fin décembre 2018, le gouvernement est resté paralysé pendant 35 jours après que le Congrès avait été sommé de trouver 6 Md$ dans son budget par le président, dans le but de financer le mur qu’il souhaitait faire construire à la frontière mexicaine.

Environ 380 000 employés fédéraux ont été mis à pied, et quelque 420 000 autres ont dû continuer à travailler sans salaire pendant toute la durée du “shutdown”. On estime qu’environ 1,2 million de contractuels ont également été touchés. C’est le cas d’Ashante Clay, 31 ans, originaire de Virginie.

Même si bon nombre de ces travailleurs ont reçu un rappel de salaire à la réouverture du gouvernement, la lutte pour pouvoir joindre les deux bouts malgré cette interruption a laissé des traces pour certains.

“C’était très inquiétant. Je me suis quasiment retrouvée sans emploi d’une semaine à l’autre. En tant que mère célibataire, j’avais encore la garderie et toutes mes factures à payer.

Je suis restée au chômage pendant trois ou quatre mois. Je cherchais un emploi dans le privé. Après deux fermetures forcées, ça ne me paraissait pas être le bon domaine d’activité. La situation était trop instable.

Dire que c’était bouleversant serait un euphémisme. Je n’aurais jamais imaginé perdre mon emploi. Je ne m’y étais pas préparée, et je m’en sortais déjà tout juste entre la garderie, les factures, et le reste. Perdre cette source de revenus, c’était très stressant.

Je ne voulais pas de ce mur frontalier, et j’étais très en colère qu’une mesure aussi discriminante et raciste, que je ne cautionnais même pas, puisse me coûter mon emploi. Ceux qui prenaient ces décisions se fichaient bien de savoir que leurs querelles puériles auraient de véritables conséquences sur la vie des travailleurs comme moi.”

Je ne m’intéresse pas vraiment à la politique. Mais je n’ai jamais entendu aucun législateur ni défenseur du projet parler des gens qui perdaient leur emploi ou ne pouvaient plus payer leurs factures à cause de ce mur frontalier.”

― Interview: Hayley Miller

La députée Ilhan Omar est la cible fréquente du discours raciste et islamophobe de Donald Trump. (AP Photo/Susan Walsh File)
ASSOCIATED PRESS
La députée Ilhan Omar est la cible fréquente du discours raciste et islamophobe de Donald Trump. (AP Photo/Susan Walsh File)

13 avril 2019

Le 13 mars 2019, Donald Trump retwittait une vidéo accusant à tort Ilhan Omar, députée démocrate du Minnesota, devenue cinq mois plus tôt la première femme d’origine somalienne et l’une des deux premières femmes musulmanes élues au Congrès, d’avoir excusé les attentats du 11-Septembre. Depuis, la Démocrate est devenue l’une des cibles privilégiées des attaques racistes et islamophobes du président, qui ne cesse de l’intimer à “retourner” en Somalie, dont elle a fui la guerre civile alors qu’elle était enfant. Les partisans de Donald Trump ont pris l’habitude de scander “Renvoyez-la dans son pays” lors des meetings du président.

En novembre 2019, un partisan de Trump a plaidé coupable des menaces de mort à l’encontre d’Ilhan Omar. Celle-ci a demandé par écrit au juge de faire preuve de clémence dans sa décision. Malgré la preuve des dégâts provoqués par ses propres attaques – qui ont déclenché des enquêtes de la part du FBI et de la police du Capitole – Donald Trump n’a cessé de s’en prendre à la députée, dans le but apparent de tirer un bénéfice politique de l’étalage de sa querelle avec la première membre du Congrès à porter le voile.

Lors d’un meeting dans l’État d’Ilhan Omar quelques semaines avant les élections, Donald Trump a déclaré qu’elle “se permet de nous dire comment on doit faire chez nous” indiquant ainsi clairement qu’il ne la considérait pas comme une citoyenne à part entière. La députée a récemment voté pour la seconde procédure de destitution du 45e président, accusé d’avoir incité ses partisans à envahir le Capitole le 6 janvier 2021.

“Le 6 janvier, chacun a pu constater les conséquences désastreuses du discours agressif de Donald Trump. Tous les membres du congrès, toutes les personnes qui travaillent au Capitole, ont pu observer l’extrême violence et la dangerosité dont fait preuve notre président. J’en ai malheureusement fait l’expérience depuis mon élection, puisque j’ai moi-même été l’objet de milliers de menaces de mort après ses déclarations.

Je me préoccupe cependant moins de mon sort que des conséquences de ce discours violent sur notre fragile république. Je m’inquiète pour les habitants de ma circonscription et les personnes à travers le monde qui me ressemblent. Je m’inquiète pour toutes les petites Ilhan, assises dans des camps de réfugiés aux quatre coins du monde, qui n’auront pas la chance d’être accueillies dans ce pays à cause de l’attitude de Donald Trump. Je m’inquiète pour les enfants noirs qui n’auront pas un foyer stable à cause de sa détermination à relancer une politique de ségrégation des logements. Je m’inquiète pour l’enfant séparé de sa mère à cause de sa cruelle politique migratoire. L’héritage de cette haine nous poursuivra pendant des décennies, et il est de notre responsabilité à tous de s’assurer que cette idéologie ne puisse plus jamais prendre le contrôle de notre république.”

― Interview: Akbar Shahid Ahmed

Laiken Jordahl documente les dommages écologiques perpétrés à la frontière avec le Mexique.
Avec l’aimable autorisation de Laiken Jordahl
Laiken Jordahl documente les dommages écologiques perpétrés à la frontière avec le Mexique.

6 février 2020

Lors de sa campagne électorale, Donald Trump avait promis de construire un “mur magnifique” à la frontière sud des États-Unis, mur qu’il ferait payer au Mexique, insistait-il. Quatre ans plus tard, plus de 640 kilomètres de frontière ont été dotés de ce mur, dont une majorité était déjà équipée de barrières plus petites, sans que le Mexique ait déboursé un seul des 15 Md$ dépensés. Dans sa précipitation, le gouvernement a fait annuler de nombreuses lois environnementales et transformé à jamais la frontière sud.

En février 2020, pour faire de la place au mur, il a lancé des travaux au bulldozer et à l’explosif dans l’Organ Pipe Cactus National Monument, réserve de biosphère et site classé au patrimoine de l’Unesco abritant de nombreuses espèces menacées. Certains des sites détruits abritaient des monuments culturels et des sépultures sacrées des Tohono O’odham et d’autres tribus amérindiennes.

Et les dommages ne s’arrêtent pas là: les routes de migration des jaguars et d’autres animaux ont été barrées, des écosystèmes fragiles, abîmés et des montagnes entières, coupées en deux. Laiken Jordahl, ex-agent des Parcs nationaux américain, documente les dommages environnementaux à la frontière, notamment à Organ Pipe, pour l’ONG Biological Diversity.

“J’ai passé le jour de l’investiture de Donald Trump à sillonner une forêt de cactus dans l’Organ Pipe National Monument, juste au nord de la frontière américano-mexicaine. À 26 ans, j’avais décroché le travail de mes rêves au sein de l’Agence des parcs nationaux américains, chargée de protéger les superbes sites sauvages de l’Arizona pour les générations à venir.

Mais avec son entrée en fonction, je redoutais de le voir tenir sa promesse raciste d’ériger un mur et détruire ainsi une bonne partie de la nature que j’étais censé protéger. Et bien que son projet soit clairement la plus grosse menace qui pesait sur Organ Pipe, on m’a dit de ne pas en parler ni d’écrire quoi que ce soit là-dessus, et de ne pas faire de recherches sur les énormes dégâts potentiels de ce mur. C’était “trop politique”.

Quatre ans plus tard, je retourne à Organ Pipe presque toutes les semaines, mais plus en tant qu’employé du Service des parcs nationaux. J’y vais avec un porte-voix et des journalistes. L’an dernier, le président a fait dynamiter des sites amérindiens sacrés, raser des centaines de cactus Saguaro centenaires et anéanti de larges surfaces servant d’habitat aux espèces sauvages, tout ça pour faire construire le mur à la limite sud de la réserve.

J’ai fait tout ce que j’ai pu pour alerter sur la catastrophe écologique à laquelle j’assistais, mais je ne peux pas m’empêcher de me dire que j’ai failli à ma mission. Le mur qui traverse le monument national est presque terminé. Je suis devenu un guide touristique du désastre. Ça me fend le cœur.

Le mur de Trump a fait des dégâts inestimables, la plupart permanents.”

― Interview: Chris D’Angelo

James Chen a constaté que le discours du président amplifiait la xénophobie sur fond de pandémie du coronavirus.
Avec l’aimable autorisation de James Chen
James Chen a constaté que le discours du président amplifiait la xénophobie sur fond de pandémie du coronavirus.

Mars 2020

Donald Trump a martelé qu’il n’était pas responsable de la propagation du coronavirus aux États-Unis, et fait de la Chine un bouc émissaire pratique. Plus d’une fois, le président a qualifié la Covid-19 de “virus chinois”, de “kung flu” (jeu de mots entre “kung fu” et “flu”, grippe en anglais) et de “virus de Wuhan”.

Or on ne donne plus aux virus des noms d’endroits pour éviter les mauvaises répercussions sur des pays et des populations. Conséquence de ce discours stigmatisant, les Américains d’origine asiatique ont rapporté une explosion d’incidents haineux liés au coronavirus. James Chen, un Américano-Taïwanais de 45 ans, propriétaire d’une petite entreprise dans le Queens (New York), accuse le président d’avoir contribué à la xénophobie et déplore avoir subi un double préjudice: des pertes financières à cause du confinement et une stigmatisation injuste qui lui a fait perdre des clients.

“Je suis fier d’être un Américain d’origine chinoise. Alors quand Donald Trump a parlé de “virus chinois”, je n’ai pas trop apprécié. Pour moi, c’était très discriminatoire.

Les Américains d’origine asiatique, et surtout chinoise, subissent cette discrimination. Je l’ai senti lors d’une sortie à Long Island au début de la pandémie. J’étais dans une pharmacie avec mon masque et j’ai vu que les gens étaient gênés par ma présence et me regardaient bizarrement. J’avais envie de leur dire que c’était pour les protéger mais, malheureusement, il n’y a rien à faire.

Tout le monde est touché, d’une manière ou d’une autre. L’an dernier, ma tante est morte de la Covid-19. Beaucoup de gens ont perdu un proche ou une connaissance à cause de ce virus.

Les Américains d’origine asiatique, particulièrement chinoise, prennent le coronavirus extrêmement au sérieux. Au début de la pandémie, ils étaient les premiers à mettre un masque. Ils sont les premiers à fermer et désinfecter leurs entreprises.

On veut arrêter la prolifération du virus. Ne nous collez pas l’étiquette du virus asiatique ou chinois. C’est totalement injustifié.”

― Interview: Rowaida Abdelaziz

Melina Abdullah Melina Abdullah participe à la marche “Black Lives Matter” organisée en août 2020 à Los Angeles (Californie) (AP Photo/Richard Vogel, File)
ASSOCIATED PRESS
Melina Abdullah Melina Abdullah participe à la marche “Black Lives Matter” organisée en août 2020 à Los Angeles (Californie) (AP Photo/Richard Vogel, File)

1er juin 2020

Une semaine après le décès de George Floyd aux mains de la police de Minneapolis, des milliers de personnes se sont rassemblés à l’appel des organisateurs du mouvement “Black Lives Matter” devant la Maison-Blanche pour manifester contre le racisme et les violences policières.

Donald Trump a ordonné aux forces de l’ordre d’utiliser du gaz lacrymogène et de tirer sur les manifestants avec des balles en caoutchouc pour qu’il puisse se rendre à l’église épiscopale St-John, à quelques dizaines de mètres de là. Une fois sur place, il a été pris en photo, bible à la main, dans le cadre d’une opération de communication avant de déclarer: “Le plus grand pays du monde. Et nous ferons tout pour le protéger.”

Mélina Abdullah, co-fondatrice de la branche “Black Lives Matter” de Los Angeles, regardait la scène à l’autre bout du pays.

“Que le président américain sortant ait recours à ce genre de violence pour faire taire des manifestants contre les violences policières rappelle à quel point ces violences sont profondément ancrées dans ce pays.

L’opération de communication de Donald Trump et la répression policière contre les manifestants ont eu lieu quelques jours à peine après le décès de George Floyd. Ceux qui veulent à tout prix maintenir un régime raciste et oppressif sont peut-être les plus vulnérables face à ceux qui s’organisent. Je pense que c’est à ce moment-là que surviennent les violences policières. Parce que le président s’est senti menacé par les manifestants. Ce qu’il faut retenir, c’est que nous ne devons pas abandonner les manifestations, même en pleine pandémie.

Nous devons voter et nous organiser. Nous devons non seulement nous engager politiquement, mais aussi lors des manifestations. Et pas dans le seul but de voter. Lorsque nous faisons élire quelqu’un à la présidence, nous devons aussi nous assurer qu’il ou elle respecte ses engagements politiques.

Je suis vraiment soulagée de savoir que Donald Trump arrive au terme de sa présidence. Nous ne nous faisons pas d’illusions. Nous savons pertinemment que l’émancipation des populations afro-américaines ne tombera pas du ciel juste parce que Joe Biden et Kamala Harris sont à la Maison-Blanche. Nous ne sommes pas dupes. Mais le président sortant était sans conteste le (pseudo) dirigeant le plus oppressif, répressif, raciste, sexiste et violent de toute l’histoire du pays. Je suis soulagée de le voir partir. Je crois entendre le monde entier soupirer. C’est un soupir de soulagement collectif.”

― Interview: Alanna Vagianos

Amber McReynolds, qui milite pour le vote par correspondance, fait l’objet d’attaques sur internet depuis que Donald Trump alimente le discours complotiste sur la fraude électorale (AP Photo/David Zalubowski)
ASSOCIATED PRESS
Amber McReynolds, qui milite pour le vote par correspondance, fait l’objet d’attaques sur internet depuis que Donald Trump alimente le discours complotiste sur la fraude électorale (AP Photo/David Zalubowski)

Été 2020

Le ministère de la Justice américain et le personnel électoral du pays ont affirmé à maintes reprises qu’aucune preuve de fraude électorale à grande échelle n’était établie lors des élections de 2020. Malgré cela, Donald Trump n’a cessé d’affirmer que les Démocrates avaient “truqué” le processus électoral à ses dépens. Il s’en est pris spécifiquement au vote par correspondance, a formulé des accusations mensongères et incité ses électeurs à se rebeller.

En tant que PDG du National Vote at Home Institute, un organisme apolitique, Amber McReynolds aide depuis deux ans le personnel des bureaux de vote des États et des collectivités locales du pays à étendre la portée de leurs dispositifs de vote par correspondance et les sécuriser. Alors que la tempête de désinformation créée par le président se déchaîne depuis quelques mois, elle est la cible d’un cyberharcèlement constant.

“Les menaces de mort ont commencé quelques semaines après les élections. J’ai été mentionnée dans des tweets avec des images de nœud coulant. Ces tweets disaient que j’étais coupable de trahison et que je devais être pendue. Quelqu’un a publié une photo de mes enfants. C’est le tweet qui m’a le plus perturbée. Ils devenaient de plus en plus menaçants, au point que nous avons engagé des policiers en dehors de leur service pour qu’ils viennent se poster devant la maison. Ça a duré trois ou quatre semaines.

J’ai des amis parmi les fonctionnaires électoraux qui ont été pris pour cible comme jamais cette année. Ils essaient simplement de faire leur travail. Je suis à la tête d’une organisation à but non lucratif. Je comprends bien que tout le monde n’est pas forcément d’accord avec ce que nous faisons, mais tout ce que nous essayons de faire, c’est améliorer le processus de vote et faire en sorte qu’il soit fiable, sécurisé et accessible à tous les citoyens.

J’ai vraiment mal au cœur quand je pense aux fonctionnaires des bureaux de vote. Ils sont dans une position déjà assez stressante, et de savoir qu’ils reçoivent des menaces de mort, qu’ils sont suivis jusqu’à leur voiture et harcelés en ligne ou lynchés sur les réseaux sociaux, c’est tout simplement hallucinant.

Même dans mes pires cauchemars, je ne me serais jamais attendue à ce qu’un représentant élu ― à n’importe quel niveau ― puisse commettre de tels actes. Je ne parle pas seulement du président, mais aussi des élus locaux et des législateurs d’États qui ont alimenté ces complots insensés, fondés sur des chimères. Jamais je n’aurais cru cela possible aux États-Unis.”

― Interview: Hayley Miller

La maison de Diana Lachiondo, déléguée d’un comté de l’Idaho, a été encerclée par des manifestants antimasques.
Avec l’aimable autorisation d’Anna Wiley
La maison de Diana Lachiondo, déléguée d’un comté de l’Idaho, a été encerclée par des manifestants antimasques.

8 décembre 2020

Dès le départ, Donald Trump n’a eu de cesse de minimiser la menace liée à la Covid-19 en propageant de fausses informations sur sa transmission et en se moquant de ceux qui portaient des masques. Sa rhétorique clivante et sans fondement a enflammé ses partisans, dont certains ont organisé des protestations armées contre les autorités et leurs décisions visant à endiguer l’épidémie.

Diana Lachiondo, déléguée du comté d’Ada dans l’Idaho et membre du Conseil de santé local, a été la cible d’une de ces protestations. Elle a dû s’absenter, en larmes, d’une réunion du conseil de santé portant sur un éventuel port du masque obligatoire après avoir appris que des manifestants encerclaient sa maison, dans laquelle se trouvaient ses deux enfants, seuls.

“Sur le moment, j’ai cru qu’il ne s’agissait que de mon fils de 12 ans, mais il y avait aussi celui de 8 ans. Il était bouleversé et je me suis sentie impuissante. Il fallait que je rentre voir mon fils. Il avait peur. Il y avait des gens à notre porte et je ne savais pas ce qui se passait. (…) Je n’en reviens pas de ce que notre communauté, notre pays, sont devenus. Ça me brise le cœur.

Le plus frustrant, c’est que, chaque semaine, le groupe de travail de la Maison-Blanche dédié au coronavirus nous fait part de la stratégie à appliquer pour atténuer l’épidémie. J’ai même eu Deborah Birx au téléphone alors que j’étais avec un membre du Conseil de santé du comté voisin. Elle n’appelait pas pour nous féliciter, mais pour nous implorer de prendre des mesures. Pendant ce temps, on voyait le président attiser, contre le gouverneur du Michigan en particulier, les flammes de cette rhétorique.

Le décalage entre ce que son groupe de travail et les rapports hebdomadaires de la Maison-Blanche nous demandaient de mettre en œuvre et ce qu’il faisait (…) était extrêmement frustrant. Je suis convaincue que ça a eu de réelles conséquences pour ma famille. Ce n’est pas comme ça qu’on dirige le pays.”

― Interview: Hayley Miller

Justin Goldberger, conseiller d’un député démocrate, travaillait de chez lui quand il a appris la tentative de putsch au Capitole. Il s’est mis à appeler tous ses collègues, pris au piège à l’intérieur du bâtiment.
Aakash Tandel
Justin Goldberger, conseiller d’un député démocrate, travaillait de chez lui quand il a appris la tentative de putsch au Capitole. Il s’est mis à appeler tous ses collègues, pris au piège à l’intérieur du bâtiment.

6 janvier 2021

Avec ses allégations fallacieuses incessantes sur la fraude électorale, Donald Trump a semé, des semaines durant, la défiance et la méfiance auprès de sa base. Le 6 janvier, il s’est adressé à plusieurs milliers de ses partisans à Washington et les a appelés à marcher vers le Capitole. Plusieurs milliers l’ont écouté et forcé l’entrée du bâtiment. Cette violence a entraîné la mort de cinq personnes, dont un agent de police, tué par un émeutier à coups d’extincteur sur la tête.

En raison de la pandémie, Justin Golberger, conseiller du député démocrate Donald McEachin, travaillait de chez lui quand les insurgés ont commencé à prendre d’assaut le bâtiment. Pris de panique, il a appelé et envoyé des textos aux collègues qui se trouvaient à l’intérieur tandis que les forcenés tentaient de s’emparer du pouvoir.

On a vu dans le Capitole des symboles de haine comme le drapeau confédéré et l’iconographie néonazie. Cette vision a été particulièrement pénible à Justin Goldberg, coprésident de l’Association des fonctionnaires juifs du Congrès, dont le supérieur est seulement le troisième Noir à représenter la Virginie au Congrès.

Vous voyez votre lieu de travail transformé en zone de guerre. Il y a des gaz lacrymogènes, des manifestants et vous envoyez frénétiquement des textos à vos collègues pour vous assurer qu’ils vont bien. C’est dur, parce que la moindre minute sans retour de leur part vous laisse craindre le pire.

Le plus difficile, c’est de voir l’implosion d’un endroit familier, où vous allez tous les jours et qui abrite tant de souvenirs.

Il y en avait qui citaient Hitler. On a vu tout l’arsenal nazi. Moi qui suis juif et qui travaille pour un élu afro-américain, j’ai vu des gens qui parlaient de pendre des gens. Et ça, c’était, je crois, tout aussi choquant et démoralisant à voir en tant que fonctionnaire qu’en tant qu’Américain.

Je suis persuadé que certaines institutions ont favorisé, ou à tout le moins laissé faire, ça. (…) D’un autre côté, nous voir reprendre le travail juste après et affirmer que nous ne laisserions pas les émeutiers affecter notre planning afin que la démocratie suive son cours était vraiment encourageant.

― Interview: Hayley Miller

Pour plus de clarté, certains passages ont été légèrement réécrits.

Cet article, publié sur Le HuffPost américain, a été écrit par Elise Foley, Akbar Shahid Ahmed, Alanna Vagianos, Hayley Miller, Rowaida Abdelaziz, and Chris D’Angelo.

Il a été traduit par M. André, Catherine Biros, Frédérique Fraisse, Typhaine Lecoq-Thual, Valeriya Macogon, Anthony Mercier, Sandrine Merle, Elisabeth Mol et Laura Pertuy pour Fast ForWord.

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