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Élection présidentielle en Ukraine : quelle légitimité pour le futur élu ?

Quelle légitimité pour le futur président ukrainien ?
AFP

Quelle légitimité aura le 5e président de l'Ukraine ? Plus de 36 millions d'électeurs sont appelés le 25 mai à élire leur président après des mois d'une crise qui a vu la fuite de l'ex-dirigeant Viktor Ianoukovitch et conduit le pays au bord de la guerre civile. Mais l'insurrection pro-russe dans l'est du pays pourrait décrédibiliser l'élection.

Dans la région de Donetsk, c'est plus de 970.000 électeurs qui devraient être privés de vote. Dans la région de Lougansk, ils sont plus de 940.000. Ajoutez à cela les 1,5 million d'électeurs de Crimée, la région ukrainienne passée sous le giron russe. C'est en tout près de 3,5 millions d'électeurs potentiels qui ne pourront pas -ou très difficilement- accéder aux urnes, soit environ 10% du corps électoral.

À quelques heures du scrutin, personne ne peut dire à quel endroit de l'Est du pays il sera possible de déposer son bulletin. Ni même si les 55.000 policiers déployés sur le territoire ukrainien parviendront à assurer la sécurité des électeurs.

Solution alternative pour les Ukrainiens des régions de Donestk, de Lougansk et de Crimée : s'enregistrer dans un bureau de vote à l'Ouest du pays (dernier délai le 19 mai). Mais la formalité exigeait de se déplacer une première fois en-dehors de la région pour s'inscrire, puis une deuxième fois pour aller voter. Voire une troisième fois en cas de second tour.

Par ailleurs, "rien ne garantit qu'il sera possible de quitter la ville encerclée par les rebelles (pro-russes, ndlr)", indiquait Serguiï Tkachenko, l'un des responsables de la commission électorale de la région de Donetsk. "Pas plus de 5000 électeurs de Crimée se sont inscrits", a indiqué à Libération le directeur d'une ONG de surveillance des élections.

Faire des pieds et des mains pour aller voter, certes. Mais encore faut-il que les Ukrainiens de l'Est et de Crimée aient envie de glisser un bulletin dans l'urne. D'après un dernier sondage, seul un tiers des électeurs des régions de Donestk et Lougansk seraient prêts à participer au scrutin, alors que plus de 70% d'entre eux avaient participé à la présidentielle de 2010. Au second tour, ils avaient voté à environ 90% en faveur de Viktor Ianoukovitch, originaire de la région.

La répartition des votes par régions en 2010

Cette année, les habitants de l'Est de l'Ukraine -majoritairement russophones- seraient enclins à boycotter l'élection, sachant que les candidats pro-russes n'ont aucune chance de succès. Parmi les pro-européens, on souligne malgré tout l'existence de ces candidatures pour vanter la représentativité du scrutin.

Aucune participation minimum n'est requise pour valider le scrutin. Mais dans ces conditions, seule une victoire au premier tour semble à même de munir le futur président ukrainien de la légitimité dont il aura besoin pour gouverner durant cinq ans. Si aucun candidat ne réunit plus de 50% des suffrages exprimés, un second tour est prévu trois semaines plus tard (le 15 juin) pour les deux candidats arrivés en tête.

Le milliardaire Petro Porochenko, grand favori du scrutin, semble être le seul en mesure de l'emporter au premier tour.

Un sondage publié le 20 mai indique que 53,2% des sondés qui ont l'intention de participer à l'élection comptent voter pour le milliardaire qui a mis son immense fortune au service des contestataires pro-occidentaux (voir le diaporama ci-dessous). Il est loin devant Ioulia Timochenko (10,1%) et Sergei Tigipko (8.8%), exclu du Parti des régions (anciennement dirigé par Viktor Ianoukovitch) pour avoir maintenu sa candidature malgré la nomination d'un candidat officiel.

Selon ce même sondage, mené dans toutes les régions de l'Ukraine à l'exception de la Crimée, 82,1% des Ukrainiens ont prévu d'aller voter dimanche, dont 59,7% se déplaceront à coup sûr. C'est plus que pour l'élection présidentielle de 2010, quand 24,5 millions d'Ukrainiens s'étaient déplacés pour le premier tour, soit 66,7% de participation.

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