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N'oublions pas les prisonniers d'opinion

Qu'enfin des personnalités, respectées par le Royaume d'Arabie saoudite et son gouvernement, et sensibilisées aux problématiques analysées par Raïf Badawi, prennent sa défense en toute connaissance de cause.
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Respectés membres du conseil d'administration du Centre international du roi Abdullah Bin Abdulaziz d'Arabie Saoudite pour le dialogue interreligieux et interculturel, mieux connu en anglais sous l'acronyme KAICIID : King Abdullah Bin Abdulaziz International Center for Interreligious and Intercultural Dialogue à Vienne (Autriche).

Vous défendez les enfants esclaves, les travailleurs asservis, les femmes et la laïcité. Vous créez des ponts entre les diverses cultures et les religions. Vous prônez la paix. Vous avez été choisis parce que vous représentez, en regard des règles et des lois saoudiennes, les éminences grises du dialogue interreligieux et interculturel mondial, islamo-judéo-chrétien, bouddhiste...

Vous affirmez que le dialogue est un mode de vie, qu'il sert à construire des ponts entre les peuples de différentes religions et cultures et constitue l'art de la recherche de la vérité du point de vue de l'autre. (Dr Mohammad Sammak).

Vous instaurez des liens pour que ce dialogue soit renforcé. C'est donc avec beaucoup d'espoir que nous nous tournons vers chacun d'entre vous, pour les principes que vous représentez, les valeurs universelles que vous défendez et les actions justes que vous menez.

Notre vœu, chers membres représentants du Centre KAICIID, est que vous preniez le temps de lire le livre - extraits du blogue de Raïf Badawi - que nous vous avons envoyé afin, qu'en toute connaissance de cause, vous puissiez déterminer si les valeurs des droits humains et d'une coexistence pacifique que vous défendez ne sont pas également celles qui sont reprochées à Raïf et pour lesquelles il est depuis 4 ans emprisonné. Qu'enfin des personnalités, respectées par le Royaume d'Arabie saoudite et son gouvernement, et sensibilisées aux problématiques analysées par Raïf, prennent sa défense en toute connaissance de cause.

Raïf Badawi est un bon musulman qui n'a fait que promouvoir la philosophie du vivre et laisser vivre, a souligné Ensaf Haidar, présidente co-fondatrice de la Fondation Raïf Badawi, épouse et mère des trois enfants de Raïf Badawi dans une récente interview.

Raïf Badawi a été honoré par de nombreux pays que vous représentez, ou par ceux qui vous ont à leur tour honorés, au cours de votre éminente carrière de justicier, pour vos interventions et votre influence dans le rapprochement des idées et des préceptes qui, trop souvent, s'opposent. Vous avez été choisis par le Royaume d'Arabie saoudite parce que vos actions et vos pensées rejoignent les objectifs nobles et louables du Centre KAICIID: la défense des droits humains, du dialogue interreligieux et interculturel.

De nombreuses personnalités internationales ont tenté de vous sensibiliser aux injustices que subissent Raïf Badawi, Waleed Abu Al Khair, son beau-frère et avocat, et plusieurs autres en Arabie saoudite et ailleurs dans le monde.

Tous les vendredis des vigiles sont organisées devant le Centre KAICIID pour vous interpeller directement et pour demander leur libération.

Crédit photo : Heiko Heinisch

Devant le centre KAICIID, Ensaf Haidar, pendant son séjour à Vienne pour participer à un panel sur les droits humains et pour la présentation de son livre « Mon combat pour sauver Raïf », est entourée à sa droite dans la 2e rangée de la vice-présidente du parlement européen, Ulrike Lunacek, et à sa gauche par la députée du Parti vert autrichien, Alev Korun, ainsi que de nombreux supporters (18 décembre 2015).

Cet été, pendant que nous préparons les bagages pour aller passer des vacances à la mer, au chalet ou à la découverte d'un autre pays pour recharger les batteries; que les enfants, en vacances scolaires dans la majorité des pays du monde, prendront du bon temps avec leurs parents; que les gouvernements ont ajourné les sessions parlementaires jusqu'à l'automne, Raïf Badawi, Waleed Abu Al Khair, ainsi que plusieurs autres, seront privés de leurs familles, de leurs enfants et croupissent toujours en prison pour avoir défendu la liberté d'expression ou celle d'exercer la religion ou non de son choix, les droits humains, le dialogue ou tout simplement le Vivre-Ensemble. Alors que des terroristes, toujours en cavale, préparent des attaques sournoises contre les populations civiles.

Juillet et août seront des mois où aucun espoir ne pointera à l'horizon; deux mois creux où aucune action ou presque ne sera entreprise pour tenter de faire libérer les prisonniers d'opinion, injustement incarcérés.

Nous disons presque parce que l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), réunie à Antananarivo (Madagascar) ne les a pas oubliés, grâce aux députés: André Drolet, Rapporteur à la Commission des affaires politiques à l'Assemblée des parlementaires de la francophonie, député libéral de la circonscription Jean-Lesage et Carole Poirier, députée du Parti québécois dans la circonscription d'Hochelaga Maisonneuve, qui ont présenté et convaincu les autres délégations, le 12 juillet 2016, d'adopter la résolution ci-après.

Projet de résolution en faveur de la libération des prisonniers d'opinion

Antananarivo (Madagascar) | 9-12 juillet 2016

L'Assemblée parlementaire de la Francophonie, réunie à Antananarivo (Madagascar) du 9 au 12 juillet 2016, sur proposition de la Commission politique,

RÉAFFIRME son ferme attachement aux valeurs de la Francophonie, à savoir le respect des droits de l'Homme, le respect des libertés et droits fondamentaux de tous les êtres humains, tels le droit à la vie, le droit à la liberté de pensée et d'expression ainsi que le droit de participer aux affaires publiques, tel que proclamé dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme des Nations Unies ;

RAPPELLE qu'outre la Déclaration universelle des droits de l'Homme des Nations Unies, plusieurs instruments régionaux reprennent ces grands principes, dont la Charte arabe des droits de l'homme, à son article 32, paragraphe 2, et la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, aux articles 10, 11 et 13;

RAPPELLE le droit fondamental à un procès équitable, notamment prévu à l'article 7 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples et à l'article 6 de la Convention européenne des Droits de l'Homme, qui garantit à toute personne le droit à un procès équitable et public;

AFFIRME que la Francophonie souscrit aux principes contenus dans la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants, également contenus à l'article 8 de la Charte arabe des droits de l'homme qui prévoit que «nul ne peut être soumis à des tortures physiques ou mentales ou à un traitement cruel, inhumain, humiliant ou dégradant» ;

CONSTATE que, malgré l'existence de ces instruments internationaux, plusieurs États y ayant adhéré violent leurs engagements internationaux en détenant des prisonniers d'opinion;

S'INTERROGE sur les conditions de condamnation du blogueur saoudien et militant des droits de l'homme, M. Raïf Badawi, jugé en juillet 2013 par le tribunal pénal de Djedda en Arabie Saoudite, et relève l'adoption de la Résolution du Parlement européen sur le cas de Raïf Badawi en Arabie Saoudite, ainsi que les recommandations du Comité des Nations Unies contre la torture, publiées en mai dernier, qui font référence à ce cas;

AFFIRMEsa profonde solidarité et tout son soutien à l'égard de l'ensemble des prisonniers d'opinion, ainsi qu'aux familles respectives de ces derniers ;

INVITE tous les États ne respectant pas les principes fondamentaux de la démocratie et des droits de l'homme à réformer leurs législations de manière à les rendre compatibles aux instruments juridiques internationaux;

DEMANDE à ces États de mettre fin à toutes formes de tortures à l'égard des prisonniers en général et de faire en sorte que les peines prononcées contre les prisonniers d'opinion, tel que M. Raïf Badawi, soient annulées afin de respecter le principe de liberté d'expression.

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