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Onze journées épuisantes à écouter les grandes gueules du groupe, les plus timides, les «boqués», les rêveurs, ceux qui savent tout, ceux qui ne comprennent rien, les modérés, les justiciers, ceux qui changent plusieurs fois d'idées et ceux qui n'en changent jamais...
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Voici un plaidoyer en faveur des jurys de notre système judiciaire. Ils participent intimement à notre justice dans leurs jugements. Dans l'affaire Bain, onze jours de délibérations furent nécessaires pour en arriver à un jugement unanime. Onze jours de discussions, de délibérations, d'argumentations et de compromis.

Onze journées épuisantes à écouter les grandes gueules du groupe, les plus timides, les «boqués», les rêveurs, ceux qui savent tout, ceux qui ne comprennent rien, les modérés, les justiciers, ceux qui changent plusieurs fois d'idées et ceux qui n'en changent jamais, ceux qui ont un vocabulaire éloquent et ceux qui s'expriment en peu de mots, ceux qui doutent et ceux à l'opinion ferme.

En somme, une représentation fidèle de la société humaine qui vit pour la première fois de telles délibérations aussi intenses pendant des heures interminables. Il peut y avoir deux et même trois clans qui défendent leurs positions diamétralement opposées. Il peut avoir un seul juré qui fait bande à part. Tout est possible quand les discussions durent onze jours, sinon une journée ou deux auraient suffi. Il y a cette personne qui pleure à chaudes larmes. Cette autre qui fait une sainte colère en frappant sur la table et même celui qui blague toujours. Celui qui en invective un autre. Ce ne furent certes pas onze jours écoulés dans la parfaite harmonie.

L'épuisement aidant, on en vient à un compromis qui satisfait avec un effort évident les jurés à la ligne dure, à la ligne modérée et à la ligne psychologique. On s'entend sur sa culpabilité, mais «sans préméditation». Voilà le compromis qui deviendra dans quelques minutes un jugement hors de tout doute. Bravo pour ce travail pénible. Merci pour la justice.

C'est sans compter sur la clameur populaire qui décrit ce jugement. C'est prémédité ce meurtre, diront les uns. C'est un malade qui ne savait pas, diront les autres. Les gérants d'estrade qui n'ont que des bribes partielles de l'histoire joueront aux justiciers. Toutes les opinions seront émises dans les délibérations du peuple à l'image d'un jury.

Pourtant le vrai jury a été choisi minutieusement au milieu d'une armée de citoyens. Et le vrai s'est tapé des semaines d'auditions de débats et plaidoiries les plus fastidieux. Voilà la justice humaine à l'œuvre. Plusieurs œuvres cinématographiques l'ont raconté.

«Il y eut un acte de terrorisme avorté. Pourquoi cette accusation n'a-t-elle pas fait partie de la nomenclature par la Couronne?»

Les voyeurs réclameront la levée du huis clos. Imaginez un seul instant comment se dérouleraient les délibérations de jurés qui savent que leurs propos seront rapportés au grand public. La justice serait-elle mieux servie?

À titre de gérant d'estrade moi-même, la question évidente qui me vient sur les lèvres : pourquoi la poursuite n'a-t-elle pas ajouté l'accusation de terrorisme prémédité, puisque tel semble être le cas. Les accusations présentées au jury sont des accidents de parcours non prémédités tandis que le projet d'un massacre est prémédité. N'eût été l'embrayage défectueux de sa carabine à répétition, il aurait pu atteindre son objectif. Le massacre! Comme le Bataclan de Paris. Le jury aurait sûrement porté son jugement en une journée à ce chapitre.

Il y eut un acte de terrorisme avorté. Pourquoi cette accusation n'a-t-elle pas fait partie de la nomenclature par la Couronne? L'avocat a déclaré qu'il ne savait pas le pourquoi... parce que c'est son prédécesseur qui a pris cette décision. Quelle belle réponse sibylline! Au beau milieu d'une période de radicalisation! Sûrement une stratégie! Pourquoi ce silence?

La sentence officielle est la prison à perpétuité. Le juge décrétera la libération conditionnelle entre 10 et 25 ans. Il faut s'attendre à une demande en appel à une cour supérieure par l'avocat de la défense. Ce qui allongera une fois encore les procédures qui ont déjà duré quatre ans, en laissant planer toutes les différentes hypothèses de ce futur jugement.

Il demeura aussi un sujet sans réponse. Pourquoi la surveillance n'a pas été plus adéquate pour un rassemblement de partisans et pour écouter le discours de la première ministre élue. La SQ semble maintenir le huis clos sur son enquête à ce sujet. Ce huis clos sert-il la justice de notre société? Sans pour autant démontrer leurs tactiques futures, il serait approprié de connaitre la défaillance de la sécurité en cette soirée au massacre terroriste appréhendé.

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