
Le projet de loi 9, déposé récemment par le nouveau gouvernement provincial, a remis l'immigration en tête des nouvelles. Plusieurs s'interrogent, et ça se comprend, sur la nécessité d'anéantir ou non des milliers de dossiers en attente. Le gouvernement, lui, explique le tout par l'objectif d'une meilleure adéquation entre les besoins de main-d'œuvre des PME et les travailleurs étrangers disponibles.
Humainement parlant, cette situation nous touche particulièrement. Il s'agit d'humains. Pas seulement de dossiers.
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Il est vrai que dans plusieurs secteurs, la pénurie de main-d'œuvre frappe de plein fouet. C'est le cas chez nous également. Mais l'urgence de la situation nécessitait-elle une action de la sorte? Difficile à dire. Nous ne sommes pas des experts en immigration. Même si notre situation nous a obligés dernièrement à nous lancer dans cette aventure.
De l'idée à l'urgence
Notre histoire récente peut sans doute inspirer le gouvernement pour la suite des choses et l'aiguiller vers les réels besoins des PME en matière de main-d'œuvre étrangère qualifiée. Elle illustre aussi la complexité de ce processus devenu, pour nous comme pour tant d'autres, une question de survie.
Il nous est arrivé de publier des offres d'emplois et de stages et de ne recevoir aucun CV.
Notre entreprise, qui compte aujourd'hui près de 30 employés, est aux prises depuis des années avec de criants besoins de main-d'œuvre qualifiée. Notre expertise se situe dans un créneau pointu des technologies de l'information. Or, au Québec, voire en Amérique du Nord, ce genre de spécialistes est rarissime. À tel point qu'il nous est arrivé de publier des offres d'emplois et de stages et de ne recevoir aucun CV.
Il y a longtemps déjà que l'idée de recruter à l'étranger faisait son chemin, mais la complexité du processus refroidissait nos ardeurs. Pourtant, l'an dernier, devant l'évidence, nous nous sommes lancés.
Les premiers pas
En 2018, nous avons participé à trois missions de recrutement: la première à Paris, les deux autres en Tunisie. Nous avions près de 10 postes à pourvoir. Dans une équipe de notre taille, c'est énorme, et les enjeux sont nombreux.
Ces gens que nous allons chercher si loin, serons-nous en mesure de les accueillir adéquatement? Vont-ils se plaire dans notre équipe, dans notre ville? Serons-nous capables de les intégrer facilement au sein de notre personnel?
Notre constat, à la lumière de cette première expérience: il est crucial d'être bien entouré pour faire du projet de vie de ces travailleurs une réussite. Choisir des partenaires de confiance, solides et expérimentés est d'une grande importance.
Qu'il s'agisse des services de professionnels spécialisés en immigration pour prendre en charge le volet légal, de spécialistes en habitations locatives pour le volet hébergement ou d'experts en réaffectation qui s'occuperont de tous les aspects pratiques de la vie à Québec: leur aide est inestimable.
Chaque dossier a un nom
Oui, ce sont des dossiers complexes. Mais nous n'avons plus le luxe de nous en passer. Dans l'empressement du gouvernement de déposer le projet de loi 9, espérons qu'il prendra le temps de bien comprendre la réalité des entreprises comme la nôtre et qu'il saura prendre les meilleures décisions pour les PME d'ici.
Nous avons accueilli il y a quelques jours notre première employée tunisienne. D'autres sont attendus pour le mois d'avril et tout au long de l'année. Nous avons travaillé intensément à revisiter notre politique d'accueil et d'intégration, nos mesures d'inclusion et notre programme d'accompagnement.
Nous espérons avoir tout mis en œuvre pour faire en sorte qu'humainement et professionnellement, ces personnes se sentent bien et se considèrent les bienvenues. Parce que l'immigration est peut-être un enjeu d'affaires, mais pour qu'elle soit profitable et qu'elle contribue au succès durable des entreprises, il ne faut jamais oublier que nous parlons ici non pas seulement de travailleurs étrangers, mais d'humains. Avant tout, d'humains.
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