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Projet RENIR: le bordel informatique s'enrichit d'un nouveau fiasco

Une nouvelle brique vient de s'ajouter au triste édifice de la sous-traitance gouvernementale excessive et du bordel informatique. Après SAGIR et le DSQ, le projet RENIR dérape complètement et, comme toujours, la note sera refilée aux contribuables québécois.
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Une nouvelle brique vient de s'ajouter au triste édifice de la sous-traitance gouvernementale excessive et du bordel informatique. Après SAGIR et le DSQ, le projet RENIR dérape complètement et, comme toujours, la note sera refilée aux contribuables québécois. Lorsqu'un projet de cette envergure connaît des dépassements de coûts d'au moins 700 %, les Québécois peuvent se demander si l'on ne les force pas, encore une fois, à être les témoins passifs d'un incompréhensible laisser-faire.

C'est pourtant un lourd parfum d'ineptie qui se dégage de la construction du réseau de radiocommunication pour les services d'urgence au Québec. Lancé en janvier 2002, le projet Réseau national intégré de radiocommunication (RENIR) devait coûter 144 millions $ au gouvernement et être opérationnel dès 2008. Mais 12 ans après les premiers investissements, RENIR ne répond toujours pas aux attentes du gouvernement. Il menace même de franchir le cap du milliard de dollars, au grand bonheur des firmes de services-conseils associées à ce projet qui semble échapper à tout contrôle.

À preuve, le Centre de services partagés du Québec (CSPQ), le plus grand donneur de contrats informatiques du gouvernement, ne connaît pas avec exactitude l'ampleur des sommes investies depuis 2002 dans le projet RENIR! « L'autolicenciement » de Jean-Guy Lemieux, patron du CSPQ de septembre à octobre 2014 (il est le frère du vice-président de la multinationale québécoise d'informatique CGI !), n'y changera pas grand-chose. Pas plus que sa successeure, Josée Noreau, qui a travaillé 10 ans comme conseillère de Jean Charest et aussi pour la SOGIQUE, un organisme associé au Dossier santé Québec, probablement le plus important naufrage informatique au Québec.

Le cafouillage de RENIR est loin de constituer une première. Rappelons-nous deux autres projets informatiques sous-traités par le gouvernement: SAGIR, qui devait se terminer en 2007 au coût de 83 millions de dollars, pourrait désormais dépasser le milliard de dollars, sans qu'une date de livraison soit avancée; Dossier santé Québec, promis pour 2011 au coût de 543 millions $, devrait plutôt osciller autour de 1,6 milliard $ et sa livraison est reportée à 2021! Un tel scandale nous pousse à réclamer la mise sur pied d'une enquête publique sur la corruption et, surtout, sur la collusion dans la sous-traitance informatique au gouvernement du Québec.

Le gouvernement doit mettre un frein à la sous-traitance en informatique et rétablir une expertise interne qui pourra endiguer les ratés de ce secteur et pallier les défaillances observées récemment par la protectrice du citoyen. En effet, Mme Raymonde Saint-Germain constate que les tares informatiques de l'appareil public entraînent des erreurs coûteuses qui ont des conséquences graves pour les citoyens. Déjà en 2011, l'ex-vérificateur général du Québec observait que deux tiers des projets informatiques menés par le gouvernement connaissaient des dépassements de coûts, ne respectaient pas leurs échéanciers ou ne remplissaient pas leurs promesses.

Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec déplore le modèle de gouvernance non fonctionnel de l'État québécois, délesté et n'ayant peu d'expertise interne en informatique et dépendant largement de consultants privés, souvent des fonctionnaires ayant été forcés de devancer leur retraite pour se joindre à des firmes de services-conseils. Des firmes qui, de surcroît, offrent à plus cher leur service à leur ancien employeur et rédigent les appels d'offres, faute d'expertise au sein de l'appareil gouvernemental!

La nouvelle ère de transparence tant souhaitée par le gouvernement est mise à mal, car en juin dernier, lors d'une commission parlementaire sur l'informatique, les hauts fonctionnaires se révélaient incapables de répondre aux questions des élus qui voulaient savoir combien avait coûté l'informatique durant la dernière année ! Pendant ce temps, le nombre et l'importance des contrats en services professionnels et auxiliaires explosent de manière fulgurante, tout comme la proportion des contrats de services, notamment en informatique, déguisés en contrats de travail.

Afin de favoriser l'avènement de l'ère de transparence promise par le premier ministre le soir de son élection, et aussi de permettre aux citoyens de débusquer la mauvaise gestion des contrats publics, le SPGQ a d'ailleurs lancé le 16 octobre dernier Le ContrActuel. Ce site Web fait ressortir l'ampleur des contrats publics attribués non seulement par le gouvernement du Québec, mais aussi par les grandes municipalités et universités du Québec.

Comme je l'ai dit le 4 novembre dernier à la Commission des finances publiques, dans le cadre des auditions sur le projet de loi nº 15 portant sur la gestion et le contrôle des effectifs de l'ensemble de l'appareil public, le gouvernement doit s'attaquer en priorité au gaspillage de fonds publics engloutis dans le trou noir de la sous-traitance, provoqué par le manque d'expertise interne. Plus que jamais, il y a urgence de rebâtir l'expertise interne et de mettre un terme à la culture de l'impunité qui fait du Québec un terreau plus que fertile à la collusion et à la corruption.

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Avril 2018

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