Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Un projet de société s.v.p! Faire nos adieux aux énergies fossiles?

Avons-nous déjà été aussi divisés que maintenant ? Loin de moi la prétention d'avoir tout le recul historique nécessaire pour répondre à cette question adéquatement, mais quelle qu'en soit la réponse, je n'ai aucun doute sur l'importance de cette division. Et je ne crois pas faire preuve d'originalité en établissant qu'il s'agisse peut-être là d'un des maux les plus graves qui affligent le Québec.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
AFP

Lorsque nos finances personnelles sont au rouge et que l'arrivée des comptes est aussi constante et implacable qu'un métronome; que l'on se soit appauvris par rapport à l'année précédente; que les témoins à la commission Charbonneau font étalage de leurs prouesses mafieuses qu'ils ont élaborées sous l'œil, avisé ou non, de certains décideurs publics; que plusieurs médias hurlent l'expression d'un dégoût profond pour une société qui n'aurait pas livré la marchandise et qui vivrait dorénavant au-dessus de ses moyens; lorsqu'on a l'impression de se faire mettre dans des cases où l'on ne se sent jamais vraiment tout à fait à l'aise; lorsque le consumérisme est érigé en veau d'or; nul ne blâmerait le Québécois de s'écrier: « Ayoye ! J'ai mal à mon Québec! »

Avons-nous déjà été aussi divisés que maintenant ? Loin de moi la prétention d'avoir tout le recul historique nécessaire pour répondre à cette question adéquatement, mais quelle qu'en soit la réponse, je n'ai aucun doute sur l'importance de cette division. Et je ne crois pas faire preuve d'originalité en établissant qu'il s'agisse peut-être là d'un des maux les plus graves qui affligent le Québec.

La chance de pouvoir imaginer et appliquer de grands projets collectifs...

Or, le Québec bénéficie d'un État bien structuré (imparfait certes, mais capable d'efficacité), d'une fonction publique professionnelle, d'une classe politique franchement imparfaite, mais qui somme toute n'est pas si vilaine comparée à d'autres.

Ce qui me déçoit de la classe politique québécoise est le fait qu'elle semble incapable d'assumer ce qui devrait être un de ses rôles importants; soit l'établissement d'un plan de vie et de développement commun, rassembleur; d'un projet de société.

Un projet en réponse à la fin des énergies fossiles à bon marché

Notre discours collectif semble dépourvu d'orientation, de sens? Pourquoi en sommes-nous encore à débattre d'enjeux, souvent insignifiants, à travers des prismes qui détournent notre regard de l'éléphant dans la boutique de porcelaine ; soit la fin des énergies fossiles à bon marché?

Que la « gaugauche » ou les «drètistes» de ce monde fassent les gorges chaudes sur fond de Canada Uni ou de Québec indépendant relève davantage, à mon sens, du marketing idéologique que du pragmatisme propre à mobiliser les ressources d'une population.

Il en est ainsi, me semble-t-il, de l'ensemble du « bruit » qui émane de notre Belle Province : identité, port du voile, gratuité universitaire, financement des soins de santé, immigration, téléréalités, Commission Charbonneau, etc. Des débats, des bruits souvent bien importants, mais aucun d'entre eux nous mobiliserons en tant que peuple dans le but de relever un défi important.

Toujours en lien avec les « bruits » susmentionnés, j'irai même jusqu'à en présenter deux autres ; la dette et le changement climatique. Ceux-ci sont plus importants que les précédents et constituent un cocktail explosif, mais ne sont toujours pas des concepts mobilisateurs puisqu'ils ne font qu'accentuer la morosité ambiante du fait que, dans le premier cas, nous n'arrivons même pas à contrôler le déficit et que dans le second, la communauté internationale n'arrive même pas à s'entendre sur une démarche un tant soit peu contraignante et cohérente. La dette est un problème certes, mais lorsque le prix de l'essence à la pompe frôlera les 5 ou 6 $ le litre, toutes nos tergiversations à son sujet nous sembleront bien dérisoires. De plus, nous n'aurons plus les moyens de nous adapter au changement climatique qui est irréfutable, peu importe que l'on en attribue la cause à l'activité humaine, au soleil ou aux flatulences des bovins. Cependant, le niveau de sévérité de ce cocktail est absolument tributaire de notre capacité à nous mobiliser face au véritable défi qui se présente au Québec (et au monde entier) en ce début du XXIe siècle ; défi qui n'est autre que la fin des énergies fossiles à bon marché ; ce problème dont peu de décideurs publics semblent disposés à considérer et qui pourtant nécessite un projet de société digne d'une révolution ; d'une Troisième Révolution industrielle (expression que nous empruntons ici à Jeremy Rifkin).

Les découvertes d'or noir sont toujours plus ténues les unes que les autres et toujours plus difficiles à exploiter. Nous vivons à l'époque du Peak pétrolier. Ne nous y méprenons pas! Dans 200 ans, les historiens désigneront notre époque de cette façon.

Une action concertée est nécessaire et pour ce faire, nous devons recadrer l'ensemble des débats qui font rage actuellement. Par exemple, au Québec, il me semble très à propos d'exploiter les énergies fossiles dont nous disposons, si cela se fait dans des conditions qui respectent l'environnement et la santé des citoyens et si la majeure partie des revenus que l'État retire cette exploitation est consacrée à nous sortir de l'emprise des énergies fossiles. Tout doit être repensé en fonction de cette problématique. Je ne suis certes pas le premier à en parler, mais il me semble que le débat est névralgique, incontournable, et que les réponses que nous devons trouver doivent être à la hauteur de nos ambitions qui sont celles motivées par la fierté et le sentiment d'avoir pris de bonnes décisions collectives. Car si nous persistons à ignorer cet état de fait, nos ambitions n'auront plus de goût que celui de l'échec.

En attendant les prochaines élections...

Unis, nous sommes forts ! Que l'on soit de gauche ou de droite, fédéraliste ou indépendantiste, la fin des énergies fossiles à bon marché représente le plus grand défi auquel nous sommes confrontés. Parmi les atouts que nous avons ; l'hydroélectricité. Le développement de cette filière a uni le Québec comme jamais auparavant. C'est la preuve que nous sommes capables de relever de grands défis.

Lors des prochaines élections provinciales, je voterai (quelles qu'aient pu être mes allégeances politiques dans le passé) pour le parti qui proposera le plan de sortie des énergies fossiles le plus détaillé et cohérent (par exemple : révolution de la fiscalité, informatisation poussée du mode de vie dans le but d'un meilleur contrôle de l'utilisation énergétique, reconfiguration des infrastructures, transition accélérée vers les énergies renouvelables, recyclage intégral, filière hydrogène, etc.).

Avouez, chers amis indépendantistes, que si Ottawa mettait des bâtons dans les roues d'un tel projet, vous auriez là un argument incontournable en faveur de « la cause ». Et vous chers amis fédéralistes, ne croyez-vous pas que vous pourriez être inspirés par une telle démarche afin de l'étendre à l'ensemble du Canada? Enfin, amis de la gauche et de la droite, j'ai le regret de vous dire que les solutions à ce problème résident fort probablement dans ce que vous avez de meilleur à offrir collectivement, et non dans ce que vous avez de pire, ce dont vous nous présentez habituellement.

Libérez-nous de notre dépendance aux énergies fossiles et l'avenir du Québec sera prospère!

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.