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Quand notre cerveau devient créatif

Plusieurs études suggèrent que l'humeur positive facilite la propagation des associations tandis que l'humeur négative la restreint.
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Pourriez-vous imaginer dix choses intéressantes et originales qu'on pourrait faire avec une boîte de carton? Comment pourriez-vous modifier un animal en peluche pour qu'il devienne plus amusant? Pouvez-vous imaginer comment se passeraient nos journées si on avait tous un écran sur le ventre qui projetait nos émotions en direct? L'imagination est un outil puissant, mais très nébuleux.

La créativité et l'innovation dépendent de processus complexes, dont la plupart sont inconscients. Notre cerveau est fait de réseaux de neurones interconnectés, donc nos pensées activent systématiquement d'autres pensées (conscientes ou inconscientes) par association (ex: soleil = chaleur, vacances, carte de crédit, dettes, brûlures, cancer, crême...). Quand elles se propagent beaucoup et dans des champs inusités, ces associations mentales peuvent parfois être novatrices.

Pour que certaines associations soient créatives, les associations doivent d'abord être nombreuses. Les personnes qui ont de bonnes idées ont aussi beaucoup de mauvaises idées. Les remue-méninges (brainstorming) sont très utiles pour focaliser volontairement l'évocation d'idées mais surtout quand ils sont faits individuellement après quelques consultations pour obtenir différents points de vue. Les pauses solitaires après un travail intensif (bus, train , avion, salle d'attente) créent aussi un effet rebond qui favorise la génération d'idées spontanées. Les changements de décor et les vacances facilitent aussi les associations, laissant percoler vers la conscience des liens qui mijotaient en nous.

Plusieurs études suggèrent que l'humeur positive facilite la propagation des associations tandis que l'humeur négative la restreint. En plus, les impulsions créatrices sont plus fréquentes chez les personnes ayant certains tempéraments. Les personnes impulsives ou hyperactives évoquent de façon irrésistible des idées, comme des tics d'association. Plusieurs humoristes trouvent impulsivement des jeux de mots pour les phrases qu'ils entendent ou des pointes d'humour appropriées aux situations qu'ils vivent. Pendant leurs périodes maniaques, les personnes ayant des traits bipolaires (ex: Van Gogh, Hemingway, Robin Williams) peuvent être submergées par un flux d'associations rapides. L'euphorie, l'impulsivité et la manie ont en commun des associations accélérées et une réactivité émotive élevée. C'est entre autres parce que les circuits du plaisir sont impliqués dans l'accélération des associations mentales.

La créativité c'est aussi l'originalité, la facilité avec laquelle nos associations sortent des sentiers battus. L'originalité est en partie liée au filtrage ou à l'inhibition des associations. Depuis notre enfance, on a tous développé une grande inhibition de nos associations. Les enfants sont moins encombrés que nous par les conventions, les filtres sociaux et la culture et leur naïveté leur confère une certaine ouverture sur ce qui est possible et ce qui «va ensemble». Les adultes qui subissent des dommages au cerveau peuvent devenir très créatifs pendant un certain temps, et parfois ils perdent cette créativité après une amélioration ou une détérioration de leur condition, ce qui suggère que des mécanismes d'inhibition ont été désactivés temporairement durant leur période créative.

L'inhibition des associations est utile pour réfléchir, mais elle nous restreint et plusieurs créateurs ont eu recours à des substances psychotropes pour la réduire et stimuler des paradis artificiels. Les personnes qui prennent certains hallucinogènes (psylocybine, LSD) font des amalgames sensoriels inusités et impressionnants en affectant les connexions entre les neurones. Certaines personnes ont acquis dès un jeune âge des associations automatiques inusitées à certaines sensations ou certaines pensées, des synesthésies. Ces personnes ont des sensations supplémentaires comme des couleurs spécifiques quand ils lisent des mots ou des images mentales quand ils vivent certaines émotions et elles sont souvent très créatives.

En plus d'être issues d'associations nombreuses et originales, les bonnes idées doivent aussi être reconnues comme telles. L'attention que l'on porte à nos idées dépend de notre sensibilité à la valeur de ces idées pour nos besoins ou nos motivations (comprendre, émouvoir, épater ...). Le besoin de sens et la recherche de l'essence peuvent transformer plusieurs personnes sensibles en artistes. L'envie d'être apprécié ou aimé peut soutenir une carrière de comédien. L'envie de comprendre peut transformer plusieurs personnes curieuses en chercheurs.

Même si elle dépend beaucoup de traits bien ancrés, la créativité se cultive et elle s'entraine à un certain degré. Les professionnels de la créativité (artistes, écrivains, publicistes, chercheurs ...) développent des habitudes qui favorisent la pensée divergente comme faire des associations hors champ (ex: ça me fait penser à...) ou générer des nouvelles façons de voir les choses (objets, routines...). Jouer dans sa tête (jouer avec les mots et les images, imaginer comment ca pourrait être si c'était différent) est une habitude ludique qui se développe. D'autres facteurs favorisent la créativité dont la nécessité (dates limites, heures de tombée, urgences), s'entourer de gens créatifs, fréquenter des environnements stimulants où les idées et la prise de risques sont systématiquement encouragés, et fréquenter des environnements émouvants ou inspirants (nature, grands espaces, œuvres d'art, fêtes). Les ingrédients pour favoriser l'inspiration au travail et dans la vie sont disponibles si on veut vraiment les utiliser.

N.B. La chronique de François Richer vous reviendra à la mi-janvier

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