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Que s'est-il passé à Oka? La réponse en cartes

Que s'est-il passé à Oka? La réponse en cartes
Radio-Canada.ca

Et si l'on pouvait mieux comprendre les événements qui ont secoué le Québec il y a 25 ans à partir de la géographie des lieux? Retour sur ce qui s'est passé à l'été 1990.

Un texte d'Éric Larouche et de Santiago Salcido

1. Retour dans le temps

Avant de sauter aux barricades et à ce conflit qui a tenu le pays en haleine pendant 78 jours, il faut comprendre l'origine de cette crise et le morcellement du territoire de Kanesatake. Pour cela, il faut remonter aux 18e et 19e siècles.

Au début du 18e siècle, les Sulpiciens convainquent les Mohawks de déménager une seconde fois en quittant Sault-au-Récollet, au nord de l'île de Montréal, vers le lac des Deux Montagnes. Ils auraient accepté de quitter les terres qu'ils avaient défrichées sur le bord de la rivière des Prairies avec la promesse d'en recevoir d'autres bien à eux.

Promesse qui ne se réalisera pas. Ce sont les Sulpiciens qui ont obtenu du roi de France l'ensemble de la seigneurie du Lac-Des-Deux-Montagnes. Les Mohawks ont pu s'y installer, mais n'en sont jamais devenus propriétaires - ce qui est à l'origine de leurs revendications et des tensions.

À partir de 1840, les Sulpiciens vendent des terrains à des colons blancs. Le territoire de l'ancienne seigneurie commence à se morceler et bientôt les Autochtones deviennent minoritaires.

Le fédéral achète ce qui reste des terres des religieux en 1945. Les Mohawks peuvent s'y installer et mener certaines activités, comme l'agriculture ou encore la coupe de bois. Le gouvernement canadien continue à acheter des terrains, certains sont détachés les uns des autres.

En 1990, au moins une vingtaine de parcelles étaient enclavées, ce qui explique le morcellement du territoire sur la carte. Cette année-là, Kanesatake couvrait quelque 828 hectares.

Occupants, mais pas propriétaires

Les terres achetées par le fédéral ont le statut de terres de la Couronne. Elles n'ont pas été transférées aux Mohawks. Ceux-ci peuvent y vivre, mais près de 300 ans après leur déménagement, ils n'en sont toujours pas propriétaires.

2. Golf et barricades

Les relations se sont dégradées à la suite du projet d'agrandissement du golf d'Oka et d'un projet de 60 résidences sur des terrains que revendiquaient les Mohawks. Dès le 11 mars, ils dressent une barricade symbolique à l'entrée du chemin de terre qui mène au golf. Le mois suivant, la barrière n'est plus symbolique, elle bloque l'accès.

La crise éclate le 11 juillet 1990. La Sûreté du Québec (SQ) intervient pour démanteler la barricade. Une fusillade fait une victime, Marcel Lemay, un policier de 31 ans. Les Mohawks dressent ensuite une solide barricade sur la route 344. C'est le début de la crise d'Oka.

3. Blocage sur le pont Mercier

Un nouveau foyer de contestation s'allume à quelques kilomètres de Kanesatake, à Kahnawake.

Au moment où les agents de la SQ arrivent à Oka, les Warriors de Kahnawake bloquent la route 132 qui traverse leur réserve et qui permet d'accéder au pont Mercier.

En 1990, quelque 70 000 automobilistes empruntaient le pont Mercier chaque jour.

Ce n'est que le 31 août que quatre des cinq barricades sur la 132 et sur le pont Mercier sont démantelées par l'armée et les Mohawks. Six jours plus tard, le 6 septembre, le pont rouvre, soit 57 jours après sa fermeture et de vives tensions avec les résidents de Châteauguay et des environs.

À Oka, l'impasse demeure.

La conclusion surviendra après 78 jours de siège et de longues négociations. Les Mohawks se rendent aux militaires après avoir tenté de fuir. Des dizaines d'entre eux sont arrêtés. Trois seront condamnés à des peines de moins de cinq ans.

4. Des contestations toujours en évolution

Depuis, le fédéral a racheté les terrains où devait être agrandi le golf et les résidences construites. Il a continué d'en acquérir pour agrandir le territoire de Kanesatake, mais ces terrains, quelques fois enclavés, restent la propriété de la Couronne. Ils n'ont pas été transférés aux Mohawks.

La mésentente du 18e siècle sur la propriété des terres de la seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes perdure. Il est difficile de s'y retrouver dans ces questions territoriales et même pour les gouvernements.

À titre d'exemple, les limites territoriales de Kanesatake et d'Oka aujourd'hui selon le gouvernement canadien et celui du Québec diffèrent dans les fichiers offerts au public sur Internet. Des vérifications étaient en cours au gouvernement provincial au moment d'écrire ces lignes. Nous avons opté pour le découpage provincial, en raison de la complémentarité avec la représentation de la ville contiguë, Oka.

5. La crise résumée en 4 minutes

Avec Florent Daudens

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