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De musicien à candidat: Entrevue avec Jean-François Lessard

Avec trois albums à son actif, on connaît surtout Jean-François Lessard pour ses chansons qui n'ont jamais hésitées à prendre position et à traiter des problèmes de la société moderne. En plus de sa carrière artistique, il s'implique dans le débat politique de diverses façons. Il se présente actuellement sous la bannière de Québec Solidaire dans le comté de Borduas, et il a accepté de prendre quelques minutes de pause dans sa campagne pour répondre à mes questions.
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Caroline d'Astous

Avec trois albums à son actif, on connaît surtout Jean-François Lessard pour ses chansons qui n'ont jamais hésitées à prendre position et à traiter des problèmes de la société moderne. En plus de sa carrière artistique, il s'implique dans le débat politique de diverses façons. Il se présente actuellement sous la bannière de Québec Solidaire dans le comté de Borduas, et il a accepté de prendre quelques minutes de pause dans sa campagne pour répondre à mes questions.

Les gens te connaissent comme un chanteur engagé. Est-ce qu'une carrière politique était la suite logique de cet engagement?

Jean-François Lessard : C'est des vies que j'ai menées en parallèle. J'ai commencé à jouer de la guitare à l'adolescence, mais je me suis aussi beaucoup impliqué avec Jean-Pierre Charbonneau dans Borduas. J'ai milité pour lui à l'élection de 1994, et il est venu me chercher pour le référendum de 1995. J'avais dix-sept ans. Je ne pouvais pas voter, mais ensemble, on a fait le tour des résidences pour personnes âgées de la circonscription. C'est un peu à moi qu'est revenue la tâche de convaincre ces gens-là, à qui je disais : « Je n'ai pas le droit de vote, mais je vais vivre toute ma vie avec le poids de votre décision ». Après ça, j'ai étudié en sciences politiques, j'ai voyagé... Je pense en fait que c'est la musique qui a été influencée par mes engagements et mes convictions.

Tu évoques ton militantisme pour le Parti Québécois. Pourquoi avoir choisi de représenter les couleurs de Québec Solidaire?

JFL : Tout de suite après l'élection de 2003, j'ai commencé à me questionner quant à la pertinence du Parti Québécois, tant pour le projet indépendantiste que pour la protection des valeurs de gauche auxquelles je suis attaché. J'ai fondé le chapitre de l'Union des Forces Progressistes dans Borduas, et j'ai représenté la formation en 2005 dans Verchères. Cette même année, il y a eu le « Manifeste pour un Québec lucide ». Avec Jean-Pierre Charbonneau, Françoise David, Amir Khadir et plusieurs autres, on a pondu le « Manifeste pour un Québec solidaire ». J'étais un des signataires, et c'est ce qui a donné naissance au parti. Depuis ce temps, je n'ai pas eu l'occasion de me présenter, parce que j'ai accouché de deux albums, deux enfants et un festival (rires)... Ça occupe son homme un peu...

Est-ce que tu espères remporter l'élection, ou est-ce que ton but est surtout d'apporter des sujets qu'on n'aborde pas dans la campagne, puisque ces temps-ci, on parle surtout d'étudier comme des asiatiques et de ne pas laisser les Algériennes nous dire quoi faire...

JFL : Tu as bien résumé l'affaire (rires). Je veux plus qu'apporter des idées. Je ne suis pas juste là pour alimenter le débat, ou pour brasser la cage. Je suis là pour gagner. On fait une démarche sérieuse. Il faut aller chercher les votes au corps à corps. Le journal local ne parle presque pas de la campagne, et les médias nationaux nous ignorent pratiquement. Il y a une avancée avec la participation de Françoise David au débat des chefs, mais pour le reste, je ne sais plus combien de bulletins de nouvelles j'ai regardé, où on ne mentionnait pas une seule fois le mot «Québec Solidaire». Autant à la radio qu'à la télé.

On sent qu'il y a un désir manifeste de changement dans la population, mais en même temps, c'est la CAQ qui semble représenter ce changement. À quoi attribues-tu le phénomène?

JFL : C'est la couverture médiatique. Donnez à Françoise David ou à Amir Khadir l'espace médiatique que vous donnez à François Legault, et vous allez voir que les gens vont se mettre à penser à nous comme alternative. Les gens se disent « Oui, la CAQ, c'est intéressant, mais j'ai l'impression que c'est un peu la même chose que les autres vieux partis ». Ils n'ont pas tort. Ils sont issus de l'ADQ, avec des tourne-vestes du PQ et du Parti Libéral. On est dans la continuité avec la CAQ. Ils semblent plutôt effectuer un rapprochement avec le Parti Conservateur de Stephen Harper, et je ne suis pas sûr que les Québécois aient envie de ce changement là.

Qu'est-ce Québec Solidaire propose de vraiment différent des autres partis?

JFL : On est le seul parti qui a chiffré sa plateforme et qui l'a budgétée. C'est un signe du sérieux de nos propositions. Oui, on veut augmenter les dépenses de l'État de 8,5 milliards. C'est énorme! Mais parallèlement, on explique comment on va aller chercher l'argent, et ce n'est pas en faisant des coupures dans d'autres programmes, contrairement aux autres partis. On va chercher de l'argent neuf en multipliant les tables d'imposition, à dix au lieu de trois. Ensuite, on négocie le prix des médicaments qui sont remboursés par la RAMQ. On va chercher 2,7 milliards là. On propose d'aller chercher plus de redevances des compagnies minières, et de remettre l'impôt sur le capital des banques, qui a été enlevé par Charest. Les banques ne nous feront pas pleurer, elles ne sont vraiment pas dans le besoin... Il n'y a qu'un seul parti qui avance de nouvelles dépenses en les payant par de nouveaux revenus, et c'est Québec Solidaire.

Si tu es élu, as-tu peur de ne plus avoir le temps de faire de musique? On ne t'entendra plus chanter?

JFL : (Rires)... Je t'avoue qu'avant toute chose, si je suis élu, j'ai peur d'avoir moins de temps pour ma petite famille d'abord et avant tout, mais ça va être un beau problème. Sérieusement, si je suis élu député, je vais être très content. C'est une autre partie de ma vie qui a toujours été en dilettante avec la musique. Pour moi, ce n'est pas du tout incompatible, parce que dans les deux cas, c'est des manifestations différentes, mais qui ont la même source, soit le sentiment d'injustice, le sentiment de vouloir un peu contribuer à changer les choses, ou faire en sorte que les gens vivent mieux. C'est juste une façon différente de le manifester.

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