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La stratégie de développement économique du gouvernement doit être clarifiée

On peut comprendre le souci électoral de tout gouvernement, et donc l'importance de l'emploi, mais une discussion plus complète du modèle à promouvoir pour le développement économique du Québec traiterait de nombreux autres sujets, dont la fiscalité, la réglementation...
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Lors de son entrevue éditoriale au Devoir, lundi le 22 septembre, le ministre Jacques Daoust a évoqué les concepts suivants comme guides pour la politique de développement économique du Québec. Tout en comprenant qu'il ne visait pas à décrire l'ensemble de mesures, dont nombre d'entre elles incombent à d'autres ministères du gouvernement du Québec, il nous apparaît que des compléments d'information et même un dosage différent d'objectifs s'imposent. D'où notre commentaire lui aussi incomplet et limité dans les circonstances.

Notre ministre indique que le gouvernement est mal placé pour choisir les gagnants, que les aides du gouvernement (passons sous silence des commentaires sur l'efficacité relative de différents genres d'aide) doivent viser des résultats, viser la rentabilité, être payants, viser la création d'emplois (un critère prépondérant) intéressants payants et de qualité et ce, du point de vue de l'État. Jacques Daoust évoque la prudente mesure de rechercher des partenaires afin d'assurer que le volet rentabilité privée soit aussi présent dans le processus de décision concernant les aides du gouvernement. Sans développer plus à fond le concept, il évoque aussi le rôle important des grandes entreprises dont le succès affecte positivement celui de PME.

Aucune mention explicite de l'innovation; de l'importance de favoriser la valeur ajoutée domestique dans nos exportations (on évoque cependant l'importance de l'agriculture et des matières premières), car exporter des produits dont le contenu en intrants importés est très élevé n'est pas très créateur d'emplois et de revenus; aucune mention explicite de l'objectif du développement de nos régions et de l'importance de la région de Montréal et des liens à établir entre les régions et la métropole; aucune mention du rôle des «grappes industrielles» fortes dans des secteurs autres que l'aéronautique, l'informatique....

Le concept de «payant pour l'État» intrigue. Rappelons qu'en économie, on distingue entre les biens publics, privés, et méritoires, ainsi qu'entre les impacts directs, indirects et induits. On cherche aussi à mettre en lumière - entre autres facteurs déterminants du développement économique et des disparités de revenus - le rôle du changement technologique qui crée des emplois intéressants et détruit des emplois routiniers. Ces concepts nous entrainent loin de ceux énumérés par le ministre dans certains cas. Du soutien (payants pour l'État) pour les projets privés rentables est tout à fait approprié. Du soutien pour des projets mixtes (privés-publics, dont les garderies) est approprié aussi, car tel que démontré par nos collègues Pierre Fortin et Luc Godbout, les subventions publiques pour des garderies sont rentables pour l'État si on tient compte des effets directs, indirects et induits des projets. Ce qui n'est pas évoqué par Jacques Daoust.

On comprend le souci électoral de tout gouvernement, et l'importance de l'emploi (et surtout des emplois plus payants comme le mentionne le ministre), mais on nous semble trop axés sur l'emploi comme variable dans le choix des interventions de notre gouvernement. Les aspects industriels, régionaux et internationaux du modèle que nous croyons opportun pour promouvoir le développement économique du Québec donneraient une importance plus grande à l'innovation, à la création et l'exportation de produits et services de valeur ajoutée élevée, ainsi qu'à l'insertion dans des chaînes de valeur ajoutée de grandes entreprises multinationales par nos PME qui sont responsables d'un fort pourcentage de l'innovation et de la création d'emploi nette au Québec, etc.

Une discussion plus complète du modèle à promouvoir pour le développement économique du Québec traiterait de nombreux autres sujets, dont la fiscalité, la réglementation... mais laissons ces sujets à nos collègues économistes.

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