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Un vote pour Québec Solidaire devient inévitablement un vote pour consolider les vrais acquis de la Révolution tranquille, un vrai État fort qui ne réduit pas les droits civiques à des caprices, sinon à des privilèges.
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Alain Audet

On ne joue pas avec les droits des minorités et encore moins avec ceux des citoyens. La constitution, on dira ce que l'on voudra, est la somme de tous nos efforts collectifs pour vivre dans un État de droit où l'arbitraire n'a pas sa place. Bien sûr, les lois doivent servir les gens encore plus que les gens ne doivent servir les lois. Cela suppose que les gens apprennent à vivre ensemble avec leurs différences, inévitables dans une société qui, au grand dam des nationalistes identitaires, n'est plus et ne sera jamais plus ce qu'elle était.

Une nouvelle culture québécoise a émergé dans les années 60. C'était une culture déjantée, tournée vers le monde, qui se sortait lentement de la torpeur du conservatisme ambiant sous Duplessis. Déjà, on ne célébrait plus le sapin de Noël et les cabanes à sucre, mais des thèmes plus intérieurs, plus sociaux, plus fous aussi, preuve irréfutable que le Québec n'était déjà plus le Canada français des contes et légendes.

Le chef anishnabé Capitanal aurait rencontré Samuel de Champlain autour de 1634 pour l'inciter à construire un fort au village de Métabéroutin, poste de traite pour les fourrures des Atikamekw Nehirowisiw qui descendaient la rivière Tapiskwan Sipi pour les échanger avec les Français sous la protection des Anishnabeg. C'est devenu Trois-Rivières, la ville où j'habite. Samuel de Champlain aurait dit à Capitanal quelque chose comme «tes filles marieront nos fils et nous formerons un nouveau peuple».

Je fais moi-même partie de ce nouveau peuple puisque je suis d'ascendance française et anishnabé.

Je n'irai pas plus loin dans le discours génétique qui, d'ailleurs, ne m'intéresse guère.

Ce qui est intéressant, c'est ce que nous ferons ensemble, nous tous qui occupons le territoire, ici, et aujourd'hui même. Je pense que nos fils et nos filles se marient déjà ensemble, d'où qu'ils viennent dans le monde, et qu'un nouveau peuple est déjà parmi nous. Un peuple québécois qui n'est sans doute pas le peuple tant rêvé par le chanoine Groulx. Un peuple qui n'a rien à voir avec ces tentatives de nous faire rentrer cul par-dessus tête dans la seule version autorisée par les bonzes du nationalisme québécois. Ce peuple-là, je le fréquente tous les jours: c'est le nôtre.

C'est ce peuple-là auquel doivent s'adresser le PQ et la CAQ. Un peuple qui n'est pas une construction imaginaire, mais une réalité qui n'échappe à personne.

Jouer dans les eaux sales de l'identité, en dénigrant les minorités, en développant la peur des étrangers et en bloquant les institutions aux membres d'une communauté, cela relève d'un autre temps, d'une autre époque. Nous allons frapper un mur si nous nous engageons dans cette voie sans issue qu'est le nationalisme identitaire. Cela tombe tellement sous le sens qu'il faut être peu patriote pour vouloir la mort du peuple qui est déjà ici pour le remplacer par le peuple du passé qui n'est plus là...

Je pense que nos moeurs politiques actuelles sont corrompues tant par des fraudeurs acoquinés à des organisations criminelles que par des laborantins qui rêvent de faire des expériences sociologiques rétrogrades avec le peuple québécois.

Je ne suis pas membre de Québec Solidaire. Et je ne le deviendrai pas.

Cependant, je vais voter pour QS aux prochaines élections.

Parce que Québec Solidaire me semble une solution à la corruption de nos moeurs sociales, politiques et économiques.

Parce que Québec Solidaire me semble une solution à la corruption de nos moeurs sociales, politiques et économiques. Elles se sont considérablement éloignées de l'héritage de la Révolution tranquille et de l'ouverture à l'autre tant chantée par Gilles Vigneault dans sa chanson Mon Pays. Le Québec, où tous les humains sont de ma race, ne sera jamais autre chose qu'une oeuvre inachevée. Et c'est ce qui rend mon pays si exaltant, si libre, si différent sous ses meilleurs jours et ses tendres nuits.

Le Parti libéral du Québec est risible sur à peu près tous les thèmes et marchande ses appuis.

La Coalition Avenir Québec s'embourbe dans le discours identitaire en plus de vouloir saborder les progrès de la Révolution tranquille au plan social et démocratique.

Le Parti Québécois est devenu l'ombre de lui-même et s'enlise lui aussi dans le déni du racisme et de l'islamophobie, comme la plupart des chroniqueurs des médias et journaux jaunes du Québec.

Dans les circonstances, un vote pour Québec Solidaire devient inévitablement un vote pour consolider les vrais acquis de la Révolution tranquille, un vrai État fort qui ne réduit pas les droits civiques à des caprices, sinon à des privilèges.

Québec Solidaire obtiendra mon vote.

Parce que nous sommes déjà un nouveau peuple.

Et parce que ce peuple peut désormais se libérer de son passé colonial pour mieux affronter l'avenir, c'est-à-dire une société ouverte sur le monde qui n'a pas froid aux yeux et célèbre la diversité.

D'autres gens viendront d'ailleurs. Et ils feront aussi partie de nos nouvelles aventures.

Notre peuple sera toujours plus fort parce que notre peuple sera le monde.

Ne doutons pas de pouvoir changer les choses avec un simple bulletin de vote.

Toutes nos réformes sociales sont aussi passées par la voie des urnes.

Et il y en a des réformes à mettre en oeuvre pour rétablir la confiance des Québécois et Québécoises envers leurs institutions et assurer une certaine forme d'harmonie sociale, aussi utopique qu'elle puisse sembler aux yeux de ceux qui lui préfèrent la politique de l'intolérance, de la magouille et du racisme.

Avril 2018

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