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Radicalisation et charte des valeurs: la pensée simpliste

La charte des valeurs n'a pas pu, à elle seule, entraîner des jeunes vers des mouvements d'extrêmes actions.
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Dans ce billet, je fais suite à un article rédigé notamment ce mardi 29 mai 2018 par Mathieu Bock-Côté, sociologue québécois de renom. Il m'arrive très rarement d'être en accord avec ses propos, surtout sa vision de l'intégration (l'assimilation étant pour lui bien meilleure) des immigrants ou encore une certaine vision du multiculturalisme comme la cause des maux de nos sociétés. Néanmoins, dans cet article paru dans le Journal de Montréal, Mathieu Bock-Côté déplore que nous fassions un lien de causes à effets entre la charte des valeurs du Québec (apportée et soutenue par le Parti Québécois en 2013-2014) et la radicalisation des jeunes Québécois.

Il me semble que si nous voulons comprendre la radicalisation des jeunes, au Québec ou ailleurs dans le monde occidental, nous devrions plutôt nous questionner dans l'histoire. La radicalisation est-elle inhérente à notre époque ? A-t-elle existé dans un passé plus ou moins proche ? Est-ce nouveau de voir des jeunes se radicaliser dans une doctrine, une idéologie au point de tuer, de massacrer, de terroriser des individus, des sociétés ? Nous devons faire de l'histoire afin de comprendre la situation actuelle. La charte des valeurs n'a pas pu, à elle seule, entraîner des jeunes vers des mouvements d'extrêmes actions.

Mais attention, il ne suffit pas seulement de faire de l'histoire. Non, nous devons aussi nous questionner, tous, sur nos actions. Que faisons-nous, en tant qu'individu, pour que nos enfants puissent devenir des terroristes ou des extrémistes de tout acabit ?

Enfin, l'autre pan de la vérité est tel que nous devons aussi nous rendre compte que des individus se radicalisent dans un objectif précis, et ce, indépendamment parfois de l'histoire (qu'ils ne connaissent pas ou par bribes) ou de l'environnement. Des individus peuvent naître avec des prédispositions vers l'amour de la violence, la jouissance agressive et la faculté de se faire plaisir dans la douleur de l'autre.

Étant belge d'origine, ayant été accueilli dans la société québécoise depuis 2011 et vivant au Québec depuis cette époque, je doute fortement que le Québec soit le responsable de ces jeunes se radicalisant. Oui, il existe des racistes, des islamophobes ou tout autre ''phobes'' dans la société québécoise, mais cette partie ne me semble pas être majoritaire. Puis, citez-moi un pays, une province, une ville, un village ou même une famille n'ayant pas en son sein des racistes. Faut-il pour autant accabler le Québec de créer des terroristes en puissance ? Doit-on voir le Québec et son peuple comme les responsables de la montée des extrémismes politiques ou idéologiques en tout genre ?

Doit-on voir le Québec et son peuple comme les responsables de la montée des extrémismes politiques ou idéologiques en tout genre ?

La radicalisation des jeunes, et des moins jeunes aussi, est multifactorielle. En accusant à un tel ou une telle de fautes, nous empêchons tout dialogue, toute pensée constructive et toute remise en question possible. Si nous voulons éviter des dérives idéologiques, des enrôlements dans des mouvements extrêmes, nous devons réfléchir à l'intégration de tous dans un projet commun. Chaque individu doit avoir une place dans la société. Le rejet ou le sentiment de rejet induit, dans bien des situations, des comportements anti-sociétaux et antagonistes mortifères.

Au lieu de rejeter la faute sur telle ou telle personne, sur telle ou telle mesure, nous devrions réfléchir ensemble sur les causes profondes de la radicalisation et y apporter des tentatives de solutions. Nous n'éradiquerons pas, soyons conscients, toutes les radicalisations possibles ou ni les actes de violence. Mais, nous aurons avancé vers des démarches constructives au lieu de nous morfondre et de nous crisper en cherchant le bouc émissaire parfait.

Dire que la charte des valeurs du Parti Québécois de 2013-2014 est le déclencheur et la responsable des radicalisations, je trouve cette explication simpliste. Comme je l'ai énoncé, les causes sont variées et multifactorielles. Arrêtons le simplisme ambiant de la pensée et prenons de la hauteur. Lisons l'histoire des sociétés, tentons de comprendre les divers facteurs menant vers une radicalisation et surtout, posons-nous les vraies questions. Les causes des récentes attaques terroristes aux États-Unis (septembre 2001) ou en Europe ne sont-elles pas le symptôme ou le reflet de décisions géopolitiques ? Le Québec ne s'inscrit-il pas dans cette mouvance de mal-être depuis 2001 ? Tant de questions à se poser, tant de réponses à essayer de répondre.

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