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Rock et Belles Oreilles au Festival Juste pour rire : les mauvais garçons de l'humour sont de retour (VIDÉO)

Rock et Belles Oreilles au Festival Juste pour rire : les mauvais garçons de l'humour sont de retour (VIDÉO)

Ils portent encore leur veston jaune, ils ont toujours l’air moqueur et le gag méchant (ou pas) au bord des lèvres, mais, surtout, leur complicité est demeurée intacte avec les années. Déjà près de 20 ans se sont écoulés depuis la séparation de Rock et Belles Oreilles et, pourtant, rien ne semble avoir changé.

Mercredi, sur la Scène Vidéotron de la Place des Festivals, alors que le 32e Festival Juste pour rire sera sur le point d’égrainer ses dernières heures, Guy A.Lepage, André Ducharme, Yves P. Pelletier et Bruno Landry s’éclateront dans le spectacle-retrouvailles The Tounes, un melting-pot de leurs plus grands succès musicaux. On n’y entendra que les chansons les plus populaires du groupe, du Feu sauvage de l’amour à Arrête de boire, de I Want to Pogne à Bonjour la police, de Ça rend rap à Re fe le me le. La joyeuse bande sera accompagnée, pour l’occasion, des Porn Flakes, ainsi que du musicien et compositeur Gaëtan Essiambre, qui a signé nombre de ses mélodies. Et on nous promet un événement grandiose, comme seuls des monuments de la trempe de RBO peuvent nous en faire vivre, dans une mise en scène de Pierre Séguin et une conception visuelle de Lüz. Rien qui laisse présager que les quatre copains soient devenus plus sages au gré du temps…

«Je crois qu’on n’a jamais été sages, et c’est ce qui nous réunit et nous réjouit, précise Guy A.Lepage. Dès qu’on se retrouve les quatre ensemble, on a 22 ans! On est vraiment ce qu’on peut appeler, dans le langage du métier, des “vrais caves”!»

«On a du plaisir à se retrouver et à travailler ensemble, renchérit Bruno Landry. Faire des chansons avec mes amis, c’est fabuleux.»

«Et comme ses amis ne pouvaient pas, il nous a appelés!», réplique Guy A., toujours vite sur la gâchette, en pouffant de rire.

Vraie musique

Pour les quatre fervents de musique que sont Guy A., André, Yves et Bruno, il était tout naturel, à l’époque glorieuse de RBO, d’ajouter un volet chanté à leurs activités à la radio et à la télévision. Guy A. et Bruno prenaient déjà un plaisir fou à pousser la note à tue-tête quand ils réalisaient des travaux ensemble dans les locaux de l’UQAM. Les quatre étudiants en communication faisaient partie de l’équipe de rédaction du journal de l’établissement et entonnaient des thèmes d’émissions de télévision pendant les réunions. André a déjà fait partie d’une formation baptisée Les Yellow Frogs. Le désir d’enregistrer des disques et de se produire sur scène a donc toujours été bien présent chez eux et s’est imbriqué habilement dans leurs horaires chargés. Aujourd’hui, c’est une véritable œuvre musicale qu’ils laissent en héritage.

«On a écrit des centaines de chansons, avance Guy A. On les écrivait de la même façon qu’on écrivait nos sketchs. On faisait des sketchs musicaux. On produisait énormément de volume. On avait de la télé à écrire, de la radio, il fallait livrer beaucoup de matériel, et on le faisait avec la même effervescence.»

«La chanson, c’est un peu comme la publicité, compare Bruno. Dans une journée, tu peux tourner une ou deux publicités, mais une chanson, ça prend du temps. Il faut l’écrire, la répéter, aller en studio, la mixer. C’est plus précieux. Quand on enregistrait un texte, c’était parce qu’on l’aimait vraiment et qu’on voulait le faire.»

«Il y avait deux types de chansons, nuance pour sa part André. Celles qu’on a faites pour la télé et celles pour le disque Pourquoi chanter? Les pièces de Pourquoi chanter?, on y a consacré beaucoup plus de temps. Ce sont de vraies tunes, avec des moyens et de l’orchestration. C’est différent de ce qu’on a pu faire dans certains contextes télévisuels.»

«Et on voulait faire un disque de chansons avant de mourir…», insiste Guy A.

«On n’est pas morts, ce sont les autres qui sont morts en nous écoutant!, s’esclaffe Yves en réponse à son camarade. Mais on en avait vraiment envie!»

Et leurs différents morceaux sont devenus de véritables hits, qu’on pouvait même, à un certain moment, entendre dans les discothèques.

«Je le crains, s’amuse Guy A. Une fois, on était en tournée. Après un show, à Maniwaki, on avait décidé d’aller voir un autre groupe de musique. Et ils étaient en train de chanter Arrête de boire! Ce n’est pas parce qu’on est entrés; c’était vraiment dans leur playlist! On est allés chanter sur scène avec eux. Ils étaient bien énervés de nous voir, parce qu’eux, ils chantaient ça chaque soir.»

Rock et Belles Oreilles n’a jamais lésiné sur la qualité de son produit artistique. Les Feux sauvages de l’amour et autres I Want to Pogne ne s’appuient sur aucun des effets sonores qui, souvent, ponctuent les airs humoristiques. Pas de «pouet, pouet», pas de fioritures infantilisantes pour rendre la chanson plus drôle que le texte ne l’est à l’origine. Pas étonnant, donc, que certains titres se soient faufilés dans les palmarès radio, et qu’on soit encore plusieurs à pouvoir les fredonner.

«Nous, on a pris le pari, et c’était vraiment une gageure, de mettre du temps sur nos tunes, souligne Bruno. On travaillait avec des musiciens, des compositeurs, des arrangeurs, on travaillait nos voix. On a toujours essayé de faire la meilleure chanson possible, comme le feraient Paul Piché ou Daniel Bélanger en entrant en studio. C’était la même démarche, avec un autre résultat. On voulait faire de vraies chansons.»

Forme physique

Plus âgées de deux décennies, les troupes de RBO reconnaissent n’avoir peut-être plus la même forme physique que jadis pour se dépenser en prestation, devant une foule de plusieurs milliers de personnes, comme ce sera le cas mercredi. Évidemment, ils badinent lorsqu’on soulève la question. Guy A. soutient qu’il est agoraphobe et qu’il s’agitera dos au public, tandis qu’Yves dit avoir travaillé ses chorégraphies de mains, de narines et de sourcils. Leur collègue André se montre plus sérieux.

«Pour répondre à ta question, est-ce que la forme y est, la réponse est non. La forme n’y est pas, mais il y a une différence entre faire un spectacle une fois par 20 ans et en faire un tous les soirs. On n’a pas le même âge, non plus. Je nous revois quand on faisait le spectacle Bêtes de scène, qui était très, très physique… C’était difficile! Il fallait être en forme. On ne serait pas capables de faire Bêtes de scène ce soir. Mais on va faire The tounes mercredi, et on l’a prévu. On a des chorégraphies simples.»

Une tournée australienne?

Une fois la réunion de mercredi passée, les nostalgiques de RBO peuvent-ils espérer revoir leurs favoris s’unir à nouveau, le temps d’un, deux ou trois projets? Pourquoi pas. Il n’y a que les contraintes d’agendas qui peuvent freiner les ardeurs de ces éternels gamins.

«On a des milliers de demandes, MétéoMédia n’arrête pas de nous téléphoner, s’extasie Yves. Sérieusement, chaque fois qu’on nous propose quelque chose, ce n’est jamais un manque d’enthousiasme. C’est seulement une question de temps et on regarde la logistique des choses. On a un fonctionnement communautaire; ça prend les quatre membres pour la conception, la production, la diffusion. Ce ne sont pas des trucs qu’on peut déléguer. On ne veut pas embarquer dans un projet si l’un de nous est moins libre.»

«Mais moi, je ne dirais pas non à une tournée australienne, enchaîne Guy A. C’est un fort beau pays. Mais il faudrait y aller au moins un mois. Si jamais il y a des producteurs australiens qui nous regardent, le message est lancé!»

Ils pourraient accompagner One Direction en tournée, leur suggère-t-on.

«Ils pourraient assurer notre première partie!», s’enthousiasme Bruno.

«Qui ça?», s’enquiert Yves, visiblement pas au courant de l’existence du boys band.

«Quand je te dis qu’on a vieilli…», conclut André, dans l’hilarité générale.

RBO présentera The Tounes sur la Scène Vidéotron de la Place des Festivals, dans le cadre du Festival Juste pour rire, mercredi, le 23 juillet, à 21h. Le spectacle est gratuit.

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