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Redéfinir la fonction des écoles où comment faire des écoles le cœur des communautés

Les établissements publics doivent devenir porteurs de projets collectifs, doivent s'incarner dans des projets sociaux issus de leur communauté.
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La fin du financement privé l'ensemble des établissements scolaires et la mise au rancard des processus de sélection discriminatoires permettraient de retrouver un équilibre à l'intérieur du système. Maintenant, croire que cela serait suffisant ce serait refuser de voir le problème dans sa globalité. Ainsi, il faudrait mieux outiller les écoles publiques pour qu'elles puissent rivaliser avec celles du privé. Outiller, certes, mais outiller pour faire quoi au juste ?

De la fonction des écoles

Dans la très longue foulée du livre blanc de Camille Laurin Une École communautaire et responsable datant de 1982, il faut faire des écoles (tant au primaire qu'au secondaire) des pôles de développement individuel et collectif en augmentant les liens entre le municipal, le communautaire, les organismes de proximité et le scolaire. La gestion des écoles devrait être rattachée, en partie, à des structures près des citoyens et développer une culture symbiotique entre les établissements scolaires et les communautés hôtes. Il y a déjà des exemples de partenariat intéressant dans de nombreuses municipalités (salle de spectacle, centre sportif, bibliothèque, implication dans la communauté immédiate, programme de réinsertion sociale, etc.) et cela devrait être la norme et non l'exception.

Il faut penser les écoles sur du long terme et comme un lieu d'échange culturel et intellectuel vivant et changeant. Les écoles doivent devenir des lieux d'éducation populaire, au sens large. Que l'on soit en accord ou non avec le LAB-école, on ne peut pas nier la pertinence des enjeux soulevés. Un réaménagement de l'espace entourant les écoles : au sens propre comme figuré m'apparait nécessaire.

Les établissements publics doivent devenir porteurs de projets collectifs, doivent s'incarner dans des projets sociaux issus de leur communauté. Arrêtons de voir l'école comme un lieu d'apprentissage à l'usage et à la forme uniques. Oui, instruire, socialiser et éduquer, mais ces apprentissages, comme ceux de la démocratie, de l'engagement citoyen et de la solidarité, ne s'apprennent pas uniquement dans les livres ou à travers des situations d'apprentissage et d'évaluation. Ils doivent être portés par l'ensemble de nos institutions publiques (idéalement aussi privées) et à plus forte raison dans nos structures scolaires. Le Danemark, à travers notamment son réseau de « free school », pourrait nous en apprendre sur le sujet.

En quoi le privé réussit là où le public échoue

Est-ce que le privé c'est mieux ? Question facile et peu intéressante dans la mesure où le contexte favorise assurément celui-ci. Je ne crois pas connaitre une personne qui désire envoyer ses enfants à l'école véritablement publique (sans frais supplémentaires en raison d'un programme particuliers ou encore dans le réseau alternatif). Une simple supériorité fabulatrice issue de la culture populaire ? Peut-être. Il y a des études qui vont dans les deux directions – pas besoin de m'en envoyer, car l'enjeu n'est pas là. Ce sentiment est cependant lui bien réel et se confirme à toutes les fois que des parents réfléchissent à l'avenir de leur enfant. Ensuite, on peut s'obstiner sur la nature de ce qui est privé et public, mais il me semble que public devrait notamment vouloir dire ouvert à tous. Il faut cesser de jouer à l'autruche et penser que le réseau public fonctionnera sans apporter d'importantes modifications et en y ajoutant tout simplement des ressources.

Sans revenir sur les ressources et la sélection des élèves, le privé est avantagé, car dans bien des cas (du moins ceux qui nous intéressent), il est porté par une tradition, une histoire et parfois une aura qui transcendent sa mission, ses programmes, etc. De plus, l'autonomie dont il dispose de manière généralisée fait l'envie de toutes les directions d'écoles du public. Les établissements publics bénéficient rarement de ces avantages et font souvent figure d'établissements désincarnés tentant tant bien que mal de porter des projets éducatifs à valeur inégale. Les établissements privés dépendent, en partie, de leur communauté et ne font pas que répondre au seul besoin éducatif de celle-ci puisque leur survie est aussi en jeu – ils sont des porteurs culturels indéniables (que l'on soit d'accord ou non avec la culture véhiculée).

Bon on s'entend, les problèmes que l'on retrouve au privé sont aussi nombreux, mais mon projet n'est pas de rendre privé notre système et encore moins de perpétrer la marchandisation d'un droit fondamental – nos universités le font déjà que trop bien. Donc, laissons les enjeux du privé de côté.

Je dresse un portrait plutôt sombre du réseau public alors qu'il existe des écoles publiques porteuses de projets stimulants pour qui les liens entre les écoles et la communauté immédiate sont fondamentaux – inutile, encore une fois, de m'envoyer plein d'exemples, j'en connais toute une série. Des équipes-écoles et des conseils d'établissement allumés et impliqués, cela existe aussi. Ce serait manquer de respect à tous ces acteurs dévoués de ne pas le reconnaitre, mais ce serait aussi leur manquer de respect de défendre un système aux lacunes certaines sans tenter de le corriger – travailler en éducation ce n'est pas de la dévotion – c'est être professionnel. On retrouve aussi de beaux discours et de beaux énoncés de principes chez des acteurs du milieu, notamment des commissions scolaires. Malheureusement, ceux-ci demeureront dans bien des cas des vœux pieux difficilement atteignables.

Je crois que la raison qui fait en sorte que plusieurs établissements d'enseignement ont une difficulté à incarner des projets porteurs (et structurants) pour la communauté est double : une gouvernance non adaptée à la fonction d'une école communautaire et responsable et une profession en quête d'identité.

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