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Référendum en Écosse: à la rencontre des Écossais (Partie 3 - Un effet diviseur)

Référendum en Écosse: à la rencontre des Écossais (Partie 3)
Jeffrey Déragon

Unie à l’Angleterre depuis plus de 300 ans, l’Écosse, berceau du whisky et des kilts en tartan, s’apprête à tenir un référendum sur son avenir constitutionnel le 18 septembre prochain. Défense, pensions, monnaie, ressources naturelles, tout a été débattu maintes fois depuis que le premier ministre indépendantiste Alex Salmond et son homologue anglais David Cameron ont lancé la campagne référendaire au mois d’octobre 2012.

Mais qu’en pensent les Écossais? Jeffrey Déragon s'est introduit dans le quotidien de cinq d’entre eux afin de mieux comprendre leurs aspirations, leurs craintes, mais surtout les conséquences qu’aura le référendum sur leur vie.

» 3e rencontre: frère Joseph, l’abbaye Pluscarden - Un effet diviseur

Situé au nord-est de l’Écosse, à mi-chemin entre Inverness et Aberdeen, Elgin est une place de choix pour ceux qui souhaitent profiter des avantages de la ville tout en vivant à la campagne. Au pied de la colline qui surplombe la ville, à une vingtaine minute de la gare. On entend les cloches d’une cathédrale résonner entre les arbres d’une forêt. Pris entre deux champs de labours, un mur de pierre qui s’élève sur trois mètres ceinture le domaine de l’abbaye Pluscarden, demeure des derniers moines bénédictins d’Écosse.

Ici, pas un son sauf le bourdonnement irrégulier des abeilles qui butinent dans le verger de la communauté. Quelques mètres plus loin, dans une serre où poussent en rangs des pommes de laitue et des carottes, frère Joseph porte des sceaux d’eau entre les allées et arrose les légumes sous une chaleur suffocante. Grand et mince, le crâne rasé, il est ici depuis dix ans et embrasse cette vie monastique qui le comble à tous les points de vue.

«Je n’y ai pas vraiment pensé pour être franc, mais j’ai pour devise de dire qu’on ne répare pas ce qui fonctionne déjà.» - frère Joseph

Comme les autres Écossais, il va se prononcer le 18 septembre prochain sur l’avenir de l’Écosse. «En fait, c’est plutôt les gens responsables du scrutin qui vont venir chercher nos votes à l’abbaye. Nous, nous nous déplaçons rarement. À chaque élection, c’est comme ça.»

Originaire de Birmingham, en Angleterre, où il était hydrologue, il ne sait pas encore pour quelle option il votera le jour du référendum. «Je n’y ai pas vraiment pensé pour être franc, mais j’ai pour devise de dire qu’on ne répare pas ce qui fonctionne déjà.»

À l’abbaye, l’horaire quotidien est réglé au quart de tour, ce qui laisse peu de temps aux moines de pouvoir discuter des enjeux qui touchent la société. «Nous avons une seule période de récréation d’environ 30 minutes à la fin de la journée pour discuter entre nous. Et c’est très rare que nous débattions de quelconques sujets à l’intérieur de cette enceinte. Ce n’est pas par manque d’intérêt au contraire, moi par exemple je n’ai jamais été très impliqué politiquement même avant mon entrée chez les moines, mais il y en a d’autres qui affichent plus leurs opinions.»

Il craint cependant que le résultat du référendum, quel qu’il soit, ait un effet diviseur sur la population. « Quand la politique devient trop agressive, les gens s’éloignent de Dieu et c’est ma peur quant à l’issue de cet événement. Parce que quand les gens s’éloignent, l’amour cède la place à la tristesse », ajoute le moine avant de retourner à son jardin.

Un passage en Écosse

» 3e rencontre: frère Joseph, l’abbaye Pluscarden - Un effet diviseur

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