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Lettre à moi-même

Je te comprends mon gars. Souvent on est tellement pris par ce que l'on veut atteindre que l'on oublie de profiter de ce que l'on tient déjà.
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Salut Jo,

Je t'écris avec l'espoir sincère que mes présents constats puissent se frayer un sentier jusqu'à tes objectifs de vie. Je suis conscient que le dossier oblige déjà le respect par son ampleur. Mais tu vieillis mon gars et il serait bien de bousculer quelques projets afin d'aménager une petite chambre pour toi dans le manoir de tes ambitions.

Je ne prête pas la chose à ton attention pour te ralentir ou te nuire. Je désire seulement que tu réalises que, dans ton agenda guindé de cuir, tu es la tâche à accomplir la moins qualifiée pour te faire biffer. Tu es celui qu'on rejette dans l'avenir sans même prendre la peine d'avertir. Tu es celui dont personne ne veut dans son équipe, celui qui ne "frenchera" pas à la prochaine soirée d'école. Bref, sur l'échelle des priorités, que tu as toi-même confectionnée, tu es un "fucking loser".

Je comprends que tu t'entêtes à changer le monde. Faut aussi que tu te mettes dans le crâne que tu en fais aussi partie. Que si tu souhaites le meilleur pour tous ceux et celles qui foulent ce sol en ce moment et dans le futur (parce qu'il n'y a plus grand-chose à faire avec les morts et il est trop tard pour te réorienter ta carrière en recherche biologique), tu ne peux pas te l'interdire à toi. De toute façon, ce n'est pas avec une monture qui n'ose plus lever les yeux sur les éclectiques chemins à parcourir que l'on arrive à l'heure pour livrer ce qui fut promis. C'est tout à fait normal de respirer un bon coup et de t'accrocher à tout ce qui a la silhouette d'un résultat viable, mais on ne peut pas juste se nourrir de rêve comme les camés du Facebook.

Je reformule, car j'ai la ferme conviction de l'application de l'autocensure. Je reviens à la charge parce qu'il m'est impossible de continuer de m'époumoner sans quelques miettes de concret. Je ne veux plus de tes promesses. Tu peux mentir à ton miroir. Tu peux tenter de remplir ton reflet, mais faut pas croire que celui qui l'a engendré va s'en contenter.

Je te comprends mon gars. Souvent on est tellement pris par ce que l'on veut atteindre que l'on oublie de profiter de ce que l'on tient déjà. On confond sans cesse victoire et nouveau départ, et ce malgré le temps qui nous échappe et nous échappe encore. On n'arrive pas à prêter foi au mérite des succès obtenus. Comme si chaque accomplissement devait obligatoirement reposer sur un nouveau pour avoir le droit aux lumières du véritable. Un Saint-Graal plus éphémère que l'amour dans nos yeux.

Je ne sais pas si c'est par manque de confiance, par peur de décevoir, par crainte de vraiment exister. Mais c'est primordial d'y songer avant de vivre comme nombre de vieux frustrés!

Ce billet fut précédemment publié sur l'Anticønførmiste

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