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Mettons fin aux relations toxiques des démocraties occidentales avec l'Arabie saoudite et le Qatar

La schizophrénie a trop duré. L'Europe et l'Amérique du Nord doivent revoir leurs accords avec des monarchies qui ne respectent pas les principes démocratiques et imposent leurs idéologies obscurantistes à travers le monde.
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L'ONU et les démocraties occidentales entretiennent des relations pernicieuses avec l'Arabie saoudite et le Qatar. La schizophrénie a trop duré. L'Europe et l'Amérique du Nord doivent revoir leurs accords avec des monarchies qui ne respectent pas les principes démocratiques et imposent leurs idéologies obscurantistes à travers le monde.

En tant que citoyens libres, nous avons la responsabilité de dire aux politiques qui agissent contre nos valeurs et notre sécurité: Ça suffit !

Nous sommes en droit d'exprimer notre indignation. Cela fait partie du contrat moral et social implicite qui nous lie à nos compatriotes et aux citoyens du monde.

La nomination en septembre dernier de Faisal Trad, ambassadeur de Riyad aux Nations unies, à la présidence du Conseil des droits de l'homme, nous a heurtés à bien des égards. L'Arabie saoudite est loin d'être un exemple dans ce domaine. Cette monarchie absolue ne respecte guère les principes démocratiques les plus élémentaires. Rien que pour l'année 2015, plus de 136 personnes ont été exécutées pour des délits et d'autres ont été torturées ou condamnées à mort, tandis que des femmes ont été lapidées sur la place publique.

Il existe de flagrantes contradictions entre les agissements de l'Arabie saoudite et du Qatar et la Déclaration universelle des droits de l'homme de l'ONU, en particulier en ce qui concerne la liberté de conscience et d'expression, et le droit des femmes. La situation de celles-ci est désastreuse. La ségrégation des sexes étant de rigueur, soumises à l'autorité de leur tuteur, elles ne peuvent sortir que couvertes d'une tunique noire les isolant du reste de la société. À l'inverse du wahhabisme et du salafisme érigés là-bas en doctrine d'État, les démocraties occidentales reconnaissent l'égalité des sexes, elles ont séparé les affaires religieuses des affaires de l'État, et elles valorisent l'esprit critique et la libre pensée.

Le problème auquel nous sommes confrontés aujourd'hui est celui de la puissance démesurée acquise par des monarchies obscurantistes (l'Arabie saoudite détient, à elle seule, le cinquième des réserves de pétrole de la planète). Elles se sont enrichies grâce aux pétrodollars et profitent de la dépendance énergétique des autres nations pour leur faire accepter des idéologies contraires aux principes démocratiques et aux valeurs humanistes.

Un incident survenu en France l'été dernier a révélé l'arrogance des uns et la soumission des autres. En effet, le roi Salman d'Arabie saoudite y a imposé la ségrégation des sexes, en faisant exclure des femmes policières françaises de la surveillance d'une plage jouxtant sa propriété privée de Vallauris. Au lieu de lui rappeler le principe en vigueur sur l'égalité entre les hommes et les femmes, les autorités françaises ont cédé aux caprices du monarque.

Nous constatons, avec regret, que les dirigeants des démocraties occidentales consolident leurs relations avec des pétromonarchies, en refusant d'admettre l'existence de liens évidents entre les ententes politiques, les accords commerciaux et la propagation de l'islamisme. Aveuglés par la raison d'État et l'appât du gain, ils sont prêts à mettre en danger leurs propres citoyens et les fondements de leurs démocraties.

Alors que la France a subi deux attentats sanglants, en janvier et en novembre 2015, perpétrés par des terroristes revendiquant leurs crimes au nom de Daech et de l'islam radical, et dirigés contre des citoyens innocents, des dessinateurs et des amateurs de musique, au cœur de Paris, ses dirigeants n'ont pas hésité à vendre à des magnats du Golfe des armes sophistiquées, des satellites et des Rafales. Un mois avant l'attentat du Bataclan, les Saoudiens ont été conviés à investir en France sans conditions préalables, pourtant l'Arabie saoudite et le Qatar, avec la manne pétrolière quasi inépuisable qui est la leur, ont financé insidieusement plusieurs organisations islamistes et terroristes dans le monde.

Après les massacres que le monde a connus ces dernières années (Nigeria, Mali, Syrie, Irak, Tunisie, France, Liban, Turquie, États-Unis...) et les preuves de violation des droits humains qui s'accumulent, nous sommes inquiets de voir que des États occidentaux signent de gros contrats d'armement et maintiennent des pactes caducs avec ces puissances pétrolières.

Nous tenons, en revanche, à saluer le comportement exemplaire de la Suède et du premier ministre Stefan Löfven qui a rompu l'accord de coopération militaire signé avec l'Arabie saoudite et montré son refus de se soumettre à la doctrine wahhabite, indigné à juste titre par la censure qui a frappé Margot Wallström, la ministre des Affaires étrangères, lors de son allocution devant la Ligue arabe où elle souhaitait évoquer la question des droits de l'homme et l'affaire Raif Badawi.

Que toutes les démocraties dignes de ce nom s'inspirent de la fermeté des Suédois ! La cécité de la communauté internationale et l'impunité dont bénéficient l'Arabie saoudite et le Qatar doivent cesser. En aucun cas, les intérêts économiques ne doivent prendre le dessus sur la liberté d'opinion et la dignité humaine.

Le temps presse et il faut que l'ONU agisse en conséquence. Nous prions M. Ban Ki-Moon d'exhorter leurs alliés du Golfe à respecter les idéaux et le mandat des Nations unies, afin de freiner la propagation de l'islam wahhabite, sectaire et rigoriste, qui menace de plus en plus la paix dans le monde.

Les milices djihadistes de Daech sont certes coupables du terrorisme, mais elles ne sont pas les seules. Si les représentants des instances internationales et des démocraties occidentales persistent à fermer les yeux sur la complicité de l'Arabie saoudite et du Qatar, ils le seront également.

Co-écrit avec Estelle Cambe

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