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REM: des mesures d’atténuation aussi lentes que la congestion routière

Les usagers du transport en commun de la Rive-Nord voyageront pendant plus d'une heure pour se rendre au centre-ville.
La future station Panama du Réseau express métropolitain (REM).
HuffPost Quebec
La future station Panama du Réseau express métropolitain (REM).

Les transports en commun entre la Rive-Nord et le centre-ville seront bientôt aussi lents que le trafic de l'autoroute 15. Les travaux du Réseau express métropolitain (REM) doubleront les temps de trajet pour la plupart des usagers, malgré l'ajout de nombreuses navettes en voies réservées.

Les usagers des lignes de trains Mascouche et Deux-Montagnes, déjà affectés par d'importantes réductions de service, devront prendre leur mal en patience. À partir de 2020, des tronçons successifs seront fermés afin de laisser place au futur train léger du REM.

Les mesures d'atténuation des impacts présentées jeudi assureront le lien vers le centre-ville en transports en commun, mais les temps de trajet augmenteront de 10 à 40 minutes, selon les secteurs.

Selon les documents diffusés par l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), les différentes sociétés de transport du Grand Montréal devront fournir des autobus pour assurer de nombreux services de navettes.

Ces navettes circuleront principalement en voies réservées pour amener les usagers du train vers le métro, ou du métro vers les secteurs desservis par les gares fermées.

L'ARTM privilégiera la branche ouest de la ligne orange du métro, ainsi que les lignes verte et bleu. Une connexion sera ajoutée entre la ligne de train Mascouche et la branche est de la ligne orange à la gare Sauvé, mais l'ARTM déconseille cette option à cause de la saturation de cette portion du réseau de métro.

Les principales mesures de mitigation en 2020:

- Navettes et bus locaux des gares Mont-Royal et Canora vers les stations de métro Namur et Acadie.

- Navette des gares Sunnybrooke et Bois-Franc (transformée en terminus) à la station de métro Côte-Vertu.

- Bus locaux des secteurs desservis par les gares Du Ruisseau, Montpellier, Sunnybrooke et Pierrefonds-Roxboro vers la station Côte-Vertu.

- Navettes des gares Sainte-Dorothée, Grand-Moulin et Deux-Montagnes vers la station Côte-Vertu, en passant par des voies réservées des autoroutes 640, 440, 13 et 15.

- Navettes des gares Mascouche, Terrebonne et Repentigny vers la station de métro Radisson.

- Bus locaux des secteurs desservis par les gares Pointe-aux-Trembles, Rivière-des-Prairies, Anjou, Saint-Léonard et Saint-Michel vers différentes stations de la ligne verte du métro.

- Nouvelle gare connectée à la station de métro Sauvé, sur la branche est de la ligne orange (déconseillée).

L'ensemble des mesures coûtera 192 M$, un montant financé par le gouvernement du Québec. Les détails exacts des nouveaux trajets, notamment les rues empruntées et l'emplacement des arrêts de bus, seront annoncés à l'automne.

La Société de transport de Montréal (STM) compte utiliser les 300 autobus hybrides récemment commandés pour assurer l'augmentation de service. Selon l'ARTM, les autres transporteurs ne devraient pas avoir de difficulté à fournir des véhicules additionnels.

Tous en transport en commun?

Malgré ces désagréments, l'ARTM utilise l'hypothèse que 100% des usagers des lignes Deux-Montagnes et Mascouche utiliseront les nouveaux trajets par navette et métro. L'organisme n'a fourni aucune estimation sur le nombre de personnes qui opteront pour la voiture pour se rendre au centre-ville ou à la station de métro Montmorency, à Laval, engorgeant ainsi la branche est de la ligne orange.

L'ARTM souligne que les autobus seront sur les mêmes routes que les voitures, mais en voie réservée donc plus rapide. Les usagers devront toutefois composer avec un ou deux transferts supplémentaires.

Chantal Rouleau, ministre déléguée aux Transports, abonde dans le même sens.

«Je fais le pari qu'il y aura plus d'usagers qui décideront de prendre les transports collectifs [plutôt que de changer pour la voiture]», affirme-t-elle.

Chantal Rouleau, ministre déléguée aux Transports.
Olivier Robichaud
Chantal Rouleau, ministre déléguée aux Transports.

L'an dernier, dans le cadre d'un vaste forum sur la mobilité à Laval et sur la Rive-Nord, la Société de transport de Laval (STL) soulignait que chaque transfert ajouté à un trajet réduit l'utilisation du transport en commun au profit de la voiture solo.

Différents reportages diffusés depuis le début des travaux ont déjà rapporté des paroles d'usagers exaspérés qui songent à délaisser le transport en commun.

Vers une congestion accrue?

Une étude déposée dans le cadre du forum sur la mobilité Laval/Rive-Nord montre qu'une augmentation de seulement 5% des voitures sur les autoroutes de Laval et de la Rive-Nord augmenterait la congestion de 37%.

François Pépin, président de Trajectoire Québec, estime que cette réalité devrait freiner les ardeurs de ceux qui pensent délaisser les navettes pour la voiture solo.

«Ça prend 1h15 se rendre de Deux-Montagnes au centre-ville en voiture. Si les usagers du train viennent ajouter à la congestion, ça va prendre 1h20 ou 1h30», souligne-t-il.

M. Pépin s'est montré satisfait des mesures annoncées. Il espère qu'elles inciteront la majorité des usagers du train à opter pour les navettes et le métro.

«C'est sûr qu'on ne peut pas battre un train qui se rend au centre-ville en 40 minutes. Mais si ces navettes restent sous la barre de 1h15, ça devrait aider les gens à demeurer en transport collectif», ajoute-t-il.

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