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Rencontre Trump-Netanyahou: un État, deux États ou un État autonome?

Si la «solution à deux États» conduit à un échec, l'option de rechange sera le statu quo ou un État autonome et plus de violence.
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Marquant une rupture dans la politique américaine au Proche-Orient depuis plusieurs décennies, le président Trump a affirmé durant sa rencontre avec le premier ministre Netanyahou que la «solution à deux États» n'était pas la seule possible dans le conflit israélo-palestinien, soulignant qu'il était ouvert à la «solution à un État» si celle-ci était acceptée par les parties et qu'elle menait à un accord de paix. Trump a demandé à Netanyahu de suspendre pour le moment la construction dans les colonies de peuplement.

La «solution à deux États» fait consensus au sein de la communauté internationale y compris la représentante américaine aux Nations Unies, l'Autorité palestinienne (AP), et les pays arabes. Cela n'est pas le cas de la « solution à un État » ou État binational ou les deux peuples vivraient ensemble au sein du même État démocratique.

Un État binational ou un «État autonome»?

Un État binational peut être non démocratique comme c'est le cas actuellement avec le statu quo qui fait l'affaire du gouvernement de coalition de Netanyahou. En effet, Israël contrôle militairement toute la Cisjordanie et Jérusalem-Est et administrativement la Zone C (60% de la Cisjordanie et 150 000 à 300 000 Palestiniens), la zone B (20% de la Cisjordanie) qu'il cogère avec l'AP et la Zone A (20% de la Cisjordanie) administrée par l'AP.

Les Palestiniens de Cisjordanie, qui sont affectés par les lois israéliennes, ne peuvent pas voter pour élire des représentants à la Knesset, une situation de fait non démocratique qui s'apparente à de l'Apartheid comme l'a déclaré le Président Rivlin d' Israël.

Au contraire des colons, les Palestiniens ne sont pas citoyens israéliens sauf à Jérusalem Est, annexée, ou ils sont résidents israéliens et peuvent, s'ils le désirent, demander la citoyenneté israélienne. La Loi israélienne de régularisation récemment votée a légiféré pour la première fois dans les territoires occupés. Cela signifie que les Palestiniens de Cisjordanie, qui sont affectés par les lois israéliennes, ne peuvent pas voter pour élire des représentants à la Knesset, une situation de fait non démocratique qui s'apparente à de l'Apartheid comme l'a déclaré le Président Rivlin d' Israël.

Au sein de la coalition de droite/extrême droite du gouvernement Netanyahou, il existe des variantes de la «solution à un État» et «deux États». Aucun des partis de la coalition ne prône une négociation basée sur la «solution à deux États».

Netanyahu, et son parti le Likoud, demandent aux Palestiniens qu'ils reconnaissent Israël comme État juif, la démilitarisation de la Cisjordanie et son contrôle militaire par Israël. Il veut garder sous juridiction israélienne Jérusalem-Est et certaines colonies de peuplement (les gros blocs au moins). Il se dit contre l'annexion de la Cisjordanie et Gaza et pour «deux États», mais il considère que pour la Palestine ce ne serait pas un véritable État, mais un «State minus» ou État autonome qui ne serait pas pleinement souverain.

Pour les partis d'extrême droite, devraient être annexés soit l'entière Zone C et toutes les colonies qui s'y trouvent (« Maison Juive »), soit les gros blocs de colonies (« Maison d' Israël »). Les Palestiniens des territoires annexés auraient droit à la citoyenneté israélienne, le reste de la population vivant dans un État autonome comme c'est le cas actuellement. Pour les groupes ultras religieux, la Cisjordanie serait annexée pour former un État binational non démocratique où les Palestiniens auraient moins de droits que les citoyens israéliens.

Le président israélien, Reuven Rivlin, prône une confédération de deux États, israélien et palestinien, avec deux parlements et deux constitutions, mais une seule armée, israélienne et où juifs et arabes seraient des citoyens égaux.

Le Hamas, qui occupe Gaza, continue de refuser de reconnaître Israël, et à vouloir, par la force, créer un État islamique sur Israël et la Palestine.

Selon des sondages récents, l'appui de la population israélienne à la colonisation est minoritaire tout comme l'annexion de grosses parties de la Cisjordanie ainsi que l'octroi de la citoyenneté israélienne aux Palestiniens tel que proposé par le Président Rivlin.

Pour l'AP, l'idée de Netanyahu d'un État autonome est inacceptable, car ce que "les Palestiniens revendiquent (c'est) un pays avec une souveraineté totale ». L'option d'un État binational démocratique a été larguée officiellement par l'AP depuis plusieurs décennies.

Solution à deux États

L'initiative de paix Arabe a avancé la proposition de deux États souverains et l'échange mutuel de territoires sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem Est pour capitale de la Palestine et une solution négociée sur le retour des réfugiés. En retour, les pays arabes promettent une normalisation des relations avec l'État d' Israël. Quoique, cette initiative a été accueillie avec prudence par Israël, il existe un fort consensus au sein de la classe politique israélienne pour négocier directement la paix avec les pays arabes sans passer exclusivement par l'AP. Un sommet secret entre Netanyahou et les chefs d'État d'Égypte et de Jordanie a eu lieu en 2016 sous les auspices de l'ancien secrétaire d'État Kerry et dont les principes d'un accord de paix énoncés fin 2016 auraient reçu l'appui des chefs d'État arabe, mais pas celui de Netanyahou.

Selon les mêmes sondages, une bonne majorité d'Israéliens serait pour une "solution à deux États », mais croit que les perspectives de paix restent nulles.

La «solution à deux États», même si elle s'est révélée un échec depuis deux décennies, est la seule qui fasse l'objet d'un large consensus et on ne voit pas comment, selon un expert israélien, «les Palestiniens ou les pays arabes accepteraient de négocier sans l'option d'un État palestinien sur la table». La «solution à un État» non démocratique est totalement irrecevable et sa variante démocratique, si étendue à tous les territoires occupés, mène à la fin d'un État juif, une solution irrecevable pour la majorité des Juifs israéliens et la diaspora. Si la «solution à deux États» conduit à un échec, l'option de rechange sera le statu quo ou un État autonome et plus de violence.

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Mai 2017

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