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Hausse de la RRQ: une proposition désintéressée de la FTQ?

En forçant tous les employeurs et tous les employés du Québec à cotiser plus à la RRQ, on sauve les régimes déficitaires des employés syndiqués municipaux. Ce n'est pas corporatiste, ça?
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Le débat autour du projet de loi 3 en commission parlementaire a permis aux centrales syndicales de vanter leur solidarité et leur empathie envers les travailleurs qui n'ont pas de régime de retraite.

Le président de la FTQ a en effet profité de son passage à la commission pour jouer le défenseur désintéressé de la classe moyenne en réitérant la position de la centrale à l'effet que le régime de pension public du Québec devrait être bonifié. Voici ce que Serge Cadieux, le secrétaire général de la FTQ, avait à dire au sujet de son valeureux combat :

« On mène une campagne depuis quatre ans, puis on a réussi à convaincre sept provinces ailleurs au Canada, parce qu'il faut bonifier aussi le RPC, puis au Québec c'est le RRQ (...) Alors donc, nous, ce qu'on proposait, c'est, graduellement, sur sept ans, d'augmenter la cotisation à la Régie des rentes du Québec de 1/2 de 1 % échelonnée sur sept ans. En faisant ça, on augmente la contribution. Puis ça, c'est une cotisation 50-50, hein, c'est 50 % l'employeur, 50 % les travailleurs. C'est une cotisation qui est obligatoire, et ça nous permet d'avoir un niveau de rente de 50 % au lieu de 25 %, et, même avec le 3 % d'augmentation chaque partie, on était capables d'augmenter le MGA (maximum des gains admissibles) à 68 000 $. Ça, c'est une mesure universelle. Ce n'est pas corporatiste, ça, là. On ne parle pas pour les syndiqués. Les syndiqués, ils ont des régimes à prestations déterminées. Là, là, on fait la bataille pour les six Québécois sur 10 qui n'en ont pas, de régime de retraite, et on déplore le fait, là, que le gouvernement n'arrive pas avec des mesures pour corriger cette situation-là. Puis ça ne coûte rien, ça, au gouvernement. »

D'abord, j'avoue ne pas comprendre pourquoi cette mesure ne coûterait rien à l'État puisque, comme employeur, il doit contribuer à la RRQ pour ses employés.

Les coûts de cette proposition pour les travailleurs et leurs employeurs seraient importants. Pour un salarié gagnant 66 000$, la cotisation salariale à la RRQ ferait plus que doubler en sept ans, passant de 3,5 à 7,1% (+2 376$). Un salarié gagnant 50 100$ verrait la ponction de la RRQ sur son chèque de paie passer de 4,7 à 7,5% (+1 402$). Un travailleur gagnant 25 050$ verrait sa cotisation salariale passer de 4,3% à 6,3% (+501$). L'employeur subirait une même augmentation de ses cotisations de son côté - un coût qu'il repassera probablement à ses employés en hausse de salaire moins importante ou au consommateur en prix plus élevés.

Cette bataille de la FTQ est-elle vraiment désintéressée ? La réponse est donnée par M. Cadieux lui-même dans son témoignage à la même commission.

« Puis, en plus de ça, quand on augmente les régimes publics, ça diminue la pression sur les régimes des municipalités, parce que nos régimes sont intégrés. Alors donc, ce qu'on reçoit dans les régimes publics, on ne les reçoit pas dans les régimes municipaux, donc ça améliore la capitalisation, ça baisse le coût du service courant.»

En clair, la rente payée par un régime de retraite municipal est diminuée du montant égal à l'augmentation de la rente payée par le Régie des rentes du Québec. En forçant tous les employeurs et tous les employés du Québec à cotiser plus à la RRQ, on sauve les régimes déficitaires des employés syndiqués municipaux. Ce n'est pas corporatiste, ça ? Allez dire ça aux entrepreneurs et aux citoyens québécois de la classe moyenne qui tirent le diable par la queue et qui subissent les taxes sur la masse salariale déjà les plus élevées au Canada !

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