Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Couper, ce n'est pas pelleter dans la cour des autres

Lucienne Robillard et les membres de la Commission de révision des programmes doivent refaire leurs devoirs et suggérer de vraies coupures qui se solderont par de réelles économies pour celles et ceux qui financent un État tentaculaire qui ne cesse de leur dérober une plus grande part de leur revenu disponible.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

La commission Robillard est au travail et commence à formuler des recommandations. On pouvait lire dans La Presse du mercredi 29 octobre qu'elle aurait ciblé 2 milliards de dollars de coupes, notamment en programmes agricoles, en transferts aux municipalités, en aide aux entreprises et en services sociaux.

On voit déjà poindre le scénario à l'horizon : Québec, dans sa quête d'équilibre budgétaire pour présenter un beau bilan à la population et se féliciter d'un travail bien fait, modifie le Pacte fiscal avec les municipalités et impose de lourdes réductions à ces dernières. Soudainement, les municipalités sont confrontées à un manque à gagner alors qu'en vertu de la loi, elles ont l'obligation de déposer un budget équilibré chaque année. Qui pensez-vous fera les frais de ces manques à gagner? Plusieurs des mêmes contribuables dont Québec prétend défendre les intérêts en voulant imposer ses mesures d'austérité.

C'est un scénario vieux comme la politique elle-même. Dans les années 1990, Paul Martin a équilibré les finances fédérales entre autres en sabrant dans les transferts aux provinces. Plus récemment, le gouvernement Marois a eu recours à la même tactique, en éliminant le programme de péréquation dont bénéficiaient les commissions scolaires (programme mis en place par les libéraux de Jean Charest). Résultat : il y a eu hausse marquée des comptes de taxes scolaires en 2013-2014 sans que les impôts provinciaux baissent pour autant. Et les remboursements « promis » dans la foulée de ces hausses se font toujours attendre. Au contraire, plus d'un propriétaire a vu son compte augmenter à nouveau en 2014-2015.

Peu importe la mesure, c'est toujours au même contribuable - celui même qu'on dit vouloir soulager - qu'on refile la facture au bout du compte.

En sabrant dans les transferts aux municipalités, le gouvernement Couillard n'atteindrait aucunement le but qu'il s'est prétendument donné, soit de réduire les dépenses de l'État sans alourdir le fardeau des contribuables. Les municipalités, dont plusieurs peinent déjà à rendre des services adéquats à leurs citoyens et dont les budgets prévoient déjà des hausses d'impôts fonciers année après année, refileraient naturellement la facture des mesures imposées par Québec à leurs contribuables résidentiels, commerciaux et industriels.

Au salaire qu'est payée Lucienne Robillard (265 000 $) et au prix que nous coûte cette commission de révision des programmes (3,8 M$), le contribuable est en droit de s'attendre à mieux qu'un simple transfert de fardeau fiscal d'un niveau de gouvernement à un autre. Qu'il s'agisse de gouvernement provincial, de gouvernement municipal ou de « gouvernement scolaire », les mesures devraient permettre au contribuable - plus souvent qu'autrement étouffé par un fardeau qui ne cesse de s'alourdir sous la forme de droits, de frais et de taxes de toutes sortes - de respirer un peu mieux. Il faut cesser de décourager le travail au Québec; or, à force d'en taxer le fruit, c'est exactement ce qu'on fait. Too much tax kills tax. Ce n'est pas pour rien que Montréal se classe au dernier rang des villes canadiennes favorables à l'entreprenariat, selon la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI).

Mme Robillard et les membres de la Commission de révision des programmes doivent refaire leurs devoirs et suggérer de vraies coupures qui se solderont par de réelles économies pour celles et ceux qui financent un État tentaculaire qui ne cesse de leur dérober une plus grande part de leur revenu disponible. L'exercice sera ardu, alors que les employés de l'État revendiquent 13,5 % d'augmentation sur trois ans, revendication que le président du Conseil du Trésor, Martin Coiteux, a vite qualifiée de venant « d'une époque où effectivement on s'endettait pour payer les dépenses d'épicerie ».

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.